Un récit d'amour classique et attendu, sans intérêt mais qui se lit facilement

Ann est une lycéenne de 16 ans tout à fait ordinaire, à ceci près qu'elle vit de manière indépendante dans la pension de sa tante, dont elle s'occupe contre une commission sur les loyers en guise de salaire. Mais les amourettes qui se sont formées entre ses locataires ont fait que ceux-ci aient tous fini par partir, au point de vider totalement l'habitation, laissant la jeune fille seule face à des revenus qui ne rentrent pas.
Ces soucis et sa responsabilité de gérante ne lui accordent que peu de temps à une vie normale de lycéenne, et ne lui permettent notamment pas de trouver l'amour.


Un jour, elle reçoit un mystérieux colis, dans lequel elle trouve le corps d'un beau jeune homme, qui s'avère en fait être un humanoïde venu du futur, Nayuta Hibiki. Dans son époque, les Hommes accordent de plus en plus de place à des intelligences artificielles, capables de reproduire tous les gestes et les comportements de l'espèce humaine et de vivre en société.
Nayuta est un modèle de petit-ami artificiel plus vrai que nature, à l'exception notable du fait qu'il ne connaît pas le sentiment amoureux, et a a été envoyé à une époque où celui-ci existe encore, auprès d'Ann, jugée capable de le lui enseigner.


C'est ainsi que Nayuta devient le "petit-ami" d'Ann, se qualifiant même de "jouet".


"He came for learning "Love"" démarre donc sur un postulat plutôt décalé et s'apparentant à une science-fiction humoristique. Mais il ne faut pas s'y tromper, c'est malheureusement la seule originalité, et elle n'est pas franchement convaincante, et encore moins exploitée de manière judicieuse.
Car malgré cette entrée en matière originale, on retrouve bien un shôjô des plus classiques : Nayuta est évidemment un beau gosse, il est capable de tout faire, et sa nature humanoïde lui offre des aptitudes sur-humaines.
Evidemment, il s'impose dès le départ comme le prince charmant tombé du ciel destiné à Ann, évidemment, il va se retrouver à fréquenter le même lycée qu'elle, où il aura un succès fou, évidemment, il y rencontrera l'autre beau gosse de la série, le garçon le plus populaire du bahut, Subaru, dont l'héroïne s'était entichée avant, et évidemment, il y aura une ambiguïté sur la nature de leur relation, ce qui créera un triangle amoureux.


On retrouve dans ce titre tout ce qui définit un shôjô manga, notamment le pélerinage vers l'amour, le personnage masculin idéal, le rival vers qui l'héroïne était attirée en pensant que c'est sans espoir, tandis que que le comportement de ce dernier laisse supposer que non, un triangle amoureux qui se dessine en l'héroïne qui hésitera entre le héros, avec qui elle aura des moments de proximité, et le rival, dont le comportement laissera supposer qu'il n'est pas si indifférent à la jeune fille... Bref, c'est un pur manga shôjô, et c'est bien là le problème !


En dépit d'une introduction surprenante, le reste de l'histoire est totalement attendu et prévisible, ce qui cause en plus un énorme problème : comme dans tout shôjô, il y a, dès le premiers tome, des moments de rapprochement entre les deux protagonistes principaux, et on voit Ann touchée par le comportement de Nayuta. Mais sachant que celui-ci est un androïde, présenté même depuis le début comme un "produit", on a un mal fou à y croire ! Cela arrive trop vite !
En somme, "He came for learning "Love"" ne fait qu'empiler tous les clichés du shôjô sans prendre le temps de s'adapter à son postulat de départ : bien que Nayuta soit artificiel, les réactions d'Ann et les situations présentées sont les mêmes que s'il avait été humain.
Or, aussi beau gosse soit Nayuta, difficile de s'imaginer tout de suite une humaine telle que Ann avoir le coup de foudre pour un personnage se disant artificiel, et on retrouve alors plus que perplexe face à ce récit. On a alors du mal à s'identifier aux personnages.


C'est tout l'inverse d'un Chobit, où Clamp manie intelligemment le développement des sentiments envers un être "différent" et nous le fait vivre de manière crédible.


Le récit étant en plus parfois naïf, souvent prévisible, constamment peu original, il a du mal à nous transporter dans l'ambiance. C'est mièvre et beaucoup trop convenu.


Heureusement, le trait d'Aya Shuouto, fin et clair, est joli et épuré, ce qui donne un manga agréable à lire. Dommage que les cases sont nombreuses à ne pas prendre de recul pour montrer une scène, abusant des plans serrés... mais ça, c'est un peu le propre du shôjô manga.


Au final, "He came for learning "Love"" est un titre qui peut se lire si vous l'avez déjà entre les mains et que vous avez quelques minutes à perdre : ce manga se lira de manière très facile. Mais il manque cruellement d'intérêt et sera à réserver aux vrais fan du genre shôjô, tant il en comporte tous les codes sans jamais nous surprendre.

Alteo
4
Écrit par

Créée

le 18 févr. 2022

Critique lue 16 fois

Alteo

Écrit par

Critique lue 16 fois

Du même critique

Gokurakugai
Alteo
5

Un manga intéressant mais classique... beaucoup trop classique !

Alma et Tao travaillent en binôme dans un bureau de "résolution des problèmes" au sein du quartier de Gokurakugai, sorte de mixte entre quartier des plaisirs Tokyoïte et ruelles d'inspiration...

le 25 juin 2024

Dans l'ombre de Creamy, tome 1
Alteo
8

Un très bon spin-off, bien que pas assez exploité

Megumi Ayase est une "idol" au sens japonais du terme, c'est-à-dire qu'elle est une jeune chanteuse propulsée au rang de star par sa société de production, la Parthenon Production, dirigée par Shingo...

le 24 avr. 2023

He Came for Learning "Love"
Alteo
4

Un récit d'amour classique et attendu, sans intérêt mais qui se lit facilement

Ann est une lycéenne de 16 ans tout à fait ordinaire, à ceci près qu'elle vit de manière indépendante dans la pension de sa tante, dont elle s'occupe contre une commission sur les loyers en guise de...

le 18 févr. 2022