Les paradis artificiels

Il est sans doute trivial de l’évoquer mais lire constitue une expérience qui met tous les sens (ou presque) en éveil. Heaven’s Door vient justement confirmer cette idée. Comme un shoot de quelque substance que ce soit qui nous fait soudain quitter le sol et oublier ce qui nous entoure.

Ce recueil d’histoires courtes, par Keiichi Koike, nous saisit dès le début, avec des pages couleurs qui nous ouvrent sur différents pans de la réalité. Et une porte qui nous conduit peut-être du côté de la chambre rouge de Twin Peaks ? Ou ailleurs, c’est selon votre bon plaisir.

Alors notre esprit se perd. Naviguant d’histoires en histoires on se met à ressentir de drôles de sensations. Et si l’auteur était en fait une fusion d’Otomo et Kon ? Et si la jaquette avait été inspiré par un crossover entre Kaneko et Umezz ? N’y a-t-il du Jojo’s Bizarre Adventure dans le récit Loopa ? Et ces récits sombres en ville, n’ont-ils pas cette tonalité so 1980’s qu’on ne peut pas passer à côté ? Avec une énergie qui n’a pas à rougir par rapport aux références du genre. Finalement, Heaven’s Door serait-il mieux qu’un shoot d’héroïne (et moins nocif pour la santé) ? (Frank Gallagher approves this message)

On essaye alors de redescendre comme on peut. De retrouver ses esprits. Si le style graphique reste identique et donc ne nous traîne pas du côté d’un Palepoli par exemple, la variété des récits, des longueurs (récit en 4 cases ou quelques pages vs dizaine de pages…), des thématiques nous secoue à droite et à gauche. Et les derniers récits, dont certains sont en sens de lecture « occidental » finissent de nous achever et de proposer des découpages et des cases ahurissantes. Comme si l’on avait quelques aperçus sur le papier de futurs récits animés…

Dans le petit monde des recueils d’histoires courtes Heaven’s Door fait partie de ceux qui ne prendront pas la poussière tant il dépote page après page. De là à sauter dans Ultra Heaven… il n’y a qu’un pas qui pourrait presque nous convaincre que le paradis existe bel et bien.

La vraie note : he is the one who knock/20