Tout sourit à Ririko : les demandes d’entretien, de séances photo, de films, de partenariat… se multiplient, son amoureux lui promet la lune, ses fans sont à ses pieds et « Maman » prend bien soin d’elle. La beauté de Ririko efface même ses gaffes et son caractère parfois difficile. Être sous la lumière des projecteurs grossit les ombres qui l’entourent.
Pour être là où elle se trouve, Ririko a passé un pacte faustien : elle est devenue un être éphémère, qui a subi de multiples opérations afin d’être « belle », de voir le monde à ses pieds… en contrepartie d’une durée de vie limitée et d’une hygiène de vie guère recommandable. C’est donc l’envers du décor merveilleux qu’ausculte Kyoko Okazaki, ce qui se joue derrière les objectifs, la nuit ou lorsque l’étoile se met à pâlir et que la concurrence s’affirme (« Maman » ne met pas tous ses œufs dans le même panier).
Avec quelques entorses à l’éthique médicale, des plans à trois sordides, des tentatives d’éradication des filles qui se mettent en travers de la route de « Riri » et un policier qui s’intéresse de près à la star, le récit se déploie au fil des 9 chapitres et nous convainc assez vite que le prix à payer pour exercer « le plus beau métier du monde » (cf. Giulia Mensitieri) n’est pas à la portée de toutes les bourses. Tandis que son corps la lâche, les pensées de Ririko soulignent son absence complète de naïveté sur le monde et les personnes qui l’entourent.
Helter Skelter est donc un petit bijou de noirceur et d’ironie. Un titre qui nous interroge frontalement sur ce qu’est la beauté ? pourquoi est-on « fan » de telle personne ? pourquoi veut-on lui ressembler ? la valeur d’une personne se réduit-elle à ce qu’elle rapporte à son n+1 ? pourquoi l’argent occupe-t-il toujours une telle place ? On est frappé par ces cases qui font penser à l’Igarashi de Designs ou qui montrent comment la folie (?) gagne peu à peu le personnage. Et on espère la reparution d’autres titres de l’autrice bientôt.
La note : Miroir, mon beau miroir dis-moi qui est la plus belle ? /20