Bon on peut dire d'emblée que c'est pas une lecture indispensable et puis y a MAUS, c'est tout de même un autre niveau quand à l'écriture. En revanche pour ce qui est du dessin rien à dire la patte de Vuillemin est sale, noire, grasse, crade et son trait lourd qui file le malaise te fait marrer en même temps. C'est pas rien. C'est nauséeux, nauséabond. Quand au texte c'est assez inégal quelques histoires sont franchement réussies, d'autres un peu nulles.
Gros bémol avec cette ouverture de mauvais goût : Photo d'un pauvre déporté have affublé de la moustache d'Adolf. Ils annoncent la couleur ! On est là pour vous choquer, vous rentrer dans la gueule faire vaciller les certitudes et exploser les limites.
S'ensuit un énième navet photo à la Choron avec des blagues de chiottes plutôt moyennes. Cela fait sourire sur le moment mais franchement ça vole pas bien haut. A tel point qu'on se demande parfois si ces types n'ont pas le "Cul i" au ras d'la ceinture.
Enfin arrive le dessin, la BD, et de suite on est attiré. Je le redis PV c'est pas n'importe qui, Il te transporte dans son univers cradingue et pourri immédiatement.
Première histoire où un "étoile rose" (Homosexuel) se fait tabasser à mort dans "Le petit train qui s'en va dans la campagne" ( https://www.youtube.com/watch?v=Pn5X4_JCJgg ) par les autres déportés. Vuillemin déclara en 1996 que l'idée de cette bande dessinée est venue à lui et à Gourio lorsque, à l'occasion d'une commémoration organisée par d'anciens déportés aux alentours de 1983 à Lyon, d'anciens déportés homosexuels s'en étaient vus exclus. Le fond est là. Le monde pue et ils veulent nous le faire sentir, nous mettre le nez dedans. Anticonformisme, AVFF attitude, Nihilisme désabusé plus un soupçon de misanthropie.
Je retiendrai aussi cette double page "Pourquoi / Parce que" à l'humour plus noir que noir, plus corrosif que de l'acide et encore une fois désabusé, témoignage glauque de la méchanceté, de l'horreur étatisé. En deux dessins la Shoah est résumée !
La seconde BD "Le juif est partout" fait sourire dans le contexte morbide du stalag. La lacheté, la duplicité, la loi du plus fort y est dépeinte sans concession. C'est triste et exagéré mais cela pourrait, cela a du, cela se passe et cela ce passera encore...
Tous les travers de l'humain sont égrenés au fil de l'album, c'est horrible mais le plus affreux c'est que quand on y réfléchit les accents de vérité sont là. Alors oui c'est dérangeant mais pas seulement pour ce côté irrespectueux violent mais surtout par ce reflet dégueulasse de l'âme humaine : la notre ! Oui le monde peut être beau, les hommes peuvent être magnifiques mais pour Vuillemin/Gouriot ce n'est que pourriture et cancrelats.
Finalement lisez cet album ! mais vraiment, vraiment la citation de Pierre Desproges prend ici tout son sens : On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui !
NO FUTUR pour les gueux !