« Sambre » est une série qui appartient à l’Histoire du neuvième des trente dernières années. L’amour maudit entre Bernard et Julie a ému bon nombre de lecteurs. Afin de faire découvrir à ses lecteurs les origines de la malédiction des Sambre, Yslaire a scénarisé trois triptyques mettant en scène les aïeuls de Bernard. Le dernier en date évoque ses grands-parents Maxime et Constance. Ma critique d’aujourd’hui porte sur le deuxième acte de leur destin paru récemment dans les librairies.


Maxime est le vilain petit canard de la famille. Avant sa naissance, il était déjà affublé de honte. Son enfance douloureuse en finit d’en faire quelqu’un habité par la souffrance. Il en est devenu un être égoïste dont le rapport aux autres est malsain. Son charme lui permet de faire succomber les femmes de tout âge et toute origine mais ne lui permet pas de cacher la noirceur de ses pensées et ses actes. Ce deuxième tome commence par son mariage avec Louise-Marguerite. Cette union est la conséquence d’une grossesse conçue dans le péché. Cet acte avait conclu dans la douleur la lecture de l’épisode précédent.


La grande saga des Sambre possède une richesse assez unique : celle de nous faire voyager dans l’Histoire de France durant plus de deux siècles. Ce nouvel opus nous fait découvrir la réalité de la Révolution Française à travers le quotidien de Maxime. La conclusion de cet album voit le héros subir les conséquences de ses événements parisiens et versaillais en province. Le domaine de Maxime se trouve dans le nord aux abords d’Arras. Le personnage principal ne semble pas avoir conscience des changements qui sont en marche. Sans être centrale, cette immersion historique me plaît beaucoup. J’ai le secret espoir qu’elle occupe une place plus importante dans la conclusion de ce cycle. Elle donne une autre ampleur à la lecture grâce uniquement à une dizaine de pages.


L’essentiel des enjeux reste centré autour de Maxime. Même si Constance partage le titre avec lui, elle reste très en retrait pour l’instant. Il s’agit d’ailleurs d’une des curiosités de l’intrigue que de découvrir le moment où la jeune femme va prendre la place que la couverture de l’album laisse présager. Dans ce deuxième acte, Maxime est un personnage antipathique. Il s’avère sadique, égoïste et manipulateur. Les souffrances et les épreuves de son enfance n’arrivent plus à le rendre sympathique. Toute empathie a disparu tant il répand volontaire le malheur dans son entourage. C’est un aspect intéressant du cycle. Son héros possédait toutes les caractéristiques de la victime attachante dans la première partie. A la conclusion de ce nouvel épisode, mes sentiments à son égard sont à l’opposé de ceux qui accompagnaient ma lecture précédemment. Une chose est certaine, Maxime est une personne qui ne laisse pas indifférent. C’est un atout pour l’histoire.


Par contre, le rythme de la narration laisse plus indifférent. Les événements se succèdent de manière linéaire. J’ai eu du mal à me passionner pour le devenir de tout ce petit monde. Le scénario est sérieux. Il est construit avec rigueur. Mais il manque d’originalité et de surprise. Davantage de ruptures dans le ton auraient été les bienvenus pour relancer l’intérêt de la lecture. Cet album se lit sans difficulté mais sans réelle passion également. C’est dommage.


Je ne peux pas conclure cette critique sans évoquer les dessins et les couleurs de Marc-Antoine Boidin. Son style s’inscrit parfaitement dans la continuité de la plume d’Yslaire des premiers opus de la saga. Je trouve que le trait de cet illustrateur accompagne parfaitement l’intrigue. Il a même la capacité à accentuer le ton dramatique qui habite toute la trame. Les couleurs offrent une identité graphique à la série. Le fait d’osciller essentiellement autour des tons marron permet de mettre en valeur le rouge sang qui accompagne les membres de la famille Sambre.


Pour conclure, cet album poursuit honnêtement le destin des protagonistes découverts lors du chapitre précédent. A défaut d’être un des meilleurs de la saga, il s’agit d’un épisode honnête et correct. Il confirme que malgré son âge, « Sambre » ne se saborde pas sur le plan qualitatif comme tant de séries au long cours. Ce n’est déjà pas si mal. Cette lecture m’a suffisamment plu pour que j’attende avec une certaine curiosité la clôture de ce cycle…

Eric17
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le 28 déc. 2015

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