Bon, et bah j'y vais de ma bonne déception. J'adore le trait de Neyef. Je place 𝘗𝘶𝘵𝘢 𝘔𝘢𝘥𝘳𝘦 assez haut dans mon panthéon des gros kiffs en BD. Mais y avait Run avec lui. Je n'ai pas lu 𝘉𝘢𝘺𝘰𝘶 𝘉𝘢𝘴𝘵𝘢𝘳𝘥𝘪𝘴𝘦 car trop de critiques mitigées. Mais c'est néanmoins confiant que je me suis lancé dans ce 𝘏𝘰𝘬𝘢 𝘏𝘦𝘺 ! plein de belles promesses, à commencer par sa magnifique couverture, et les très bons premiers retours qui me sont parvenus.
Alors le trait pour commencer. Pour la première fois, je ressens la spécificité du format comics. Je trouve que ce qui m'avait comblé visuellement dans 𝘗𝘶𝘵𝘢 𝘔𝘢𝘥𝘳𝘦 ne fonctionne pas ici. C'est trop grand. Je n'ai que lu Bablet dans ce type d'édition chez 619, mais sincèrement, Neyef souffre de la comparaison tant le format ne lui convient pas, à mon sens. Pas d'émotion visuelle pour moi dans ces grands paysages et ces grandes pages contemplatives. Les personnages sont tops, de vraies belles personnalités graphiques, mais rien sur les paysages. Trop convenu, je ne ressens pas la sincérité.
Et là où ça pêche énormément, c'est sur l'histoire. Je ne sais pas si c'est la première publication de Neyef en tant qu'auteur, mais sincèrement, c'est très pauvre. L'idée de départ est intéressante, mais en terme de rythme, la première moitié est effroyablement vide. On aurait gagné à en savoir un peu plus sur l'histoire de Georges avant sa rencontre avec les trois hors-la-lois (ou de leur histoire à eux d'ailleurs) plutôt que d'étendre ces moments où il fait connaissance avec eux. Personnellement, ça n'a généré aucune forme d'attachement à la nouvelle troupe qu'ils forment, ni d'empathie avec les sentiments que Georges noue pour sa nouvelle famille. Et la manière de conduire la traque du chasseur de prime manque cruellement de panache. C'est d'un cliché achevé, maladroit, et malheureusement, beaucoup trop prévisible.
Je ne m'étendrai pas sur la faiblesse de certains climax (les bisons massacrés, la colère de Little Knife, la mort de No Moon, la vengeance de Little Red Bird (le gars n'a pas pris une ride mais 6 ans plus tard, le gamin a oublié son visage...)), ni sur la conclusion qui ne dénote pas avec la tendance du moment : c'est stylé, donc pas la peine de s'emmerder à conférer un peu de sens à tout ça.
Bref, dans le genre western brutal et sensible à la fois, j'ai immensément préféré 𝘑𝘶𝘴𝘲𝘶'𝘢𝘶 𝘥𝘦𝘳𝘯𝘪𝘦𝘳 de Félix et Gastine (comme quoi, c'est bien, un auteur, quand même) : splendeur du trait, parfait découpage, ancrage historique, et quel épilogue... J'en ai encore des frissons rien qu'à y penser. Le tout en 70 pages. Parce que là aussi y a un truc gonflant : on aurait enlevé une soixantaine de pages sur le titre de Neyef que ça ne m'aurait pas choqué... Comme s'il fallait faire beaucoup de pages pour faire un truc bien... Conclusion pour ce 𝘏𝘰𝘬𝘢 𝘏𝘦𝘺 ! : c'est bien divertissant, mais vraiment très médiocre...