Cette BD est super frustrante à lire.
Mais pour commencer : le graphisme est superbe. On ressent l'influence du manga, mais surtout, on ressent l'influence de Bill Plympton. Dans la manière dont les corps sont articulés, mais aussi les tronches, le choix des couleurs. C'est très beau, très dynamique, bien découpé, bien composé. Les personnages sont facilement reconnaissables aussi, ce qui est une agréable qualité.
Ce qui frustre, c'est le scénario : j'adore cette idée de fantasme qui envahit l'esprit. En même temps c'est normal, j'ai raconté ça dans ma BD "À contre courant" et je le fais actuellement avec mon projet sur le porno. Tout au long du récit, on trouve de belles idées ici et là. Et à chaque fois. À chaque fois. L'auteur abandonne son idée. Ainsi, ces entités qui prennent de plus en plus de place, l'auteur coupe leur élan comme dans une série : on les voit devenir folles, le héros en sale posture, puis il s'en sort de justesse, l'ennemi est toujours là mais... on est déjà quelques semaines plus tard et on a oublié ce qui vient de se dérouler. Alors oui, chaque apparition montre une évolution des entités, ou une confirmation de ce qu'ils sont, mais le fait que ce soit systématiquement et remis à plus tard agace, parce que ça veut dire que chacune de leurs interventions aurait pu aller plus loin. Il aurait été bien de faire de chaque chapitre un album de 60 pages. Là ça aurait fonctionne, là on aurait vu une exploitation plus profonde des personnages, des situations. Mais là, tout va trop vite et tout paraît décousu. Quelle tristesse !
Par rapport aux entités, je trouve que leur impact sur le réel est parfois ambigu. Certaines scènes ne s'expliquent pas, on ne sait vraiment plus ce qui est vrai ou non. De même, on ne sait jamais si le personnage se parle vraiment tout seul tout haut ou pas (parfois oui, parfois non) : je veux dire par là que le concept n'est pas assez précisé, que c'est un peu trop flou.
Bref, "Hollywood Jan" est l'album le plus frustrant de Vivès, mais pour une fois je mettrai quand même plus que 5/10 parce qu'il y a vraiment de beaux moments.