Nous nous retrouvons plongés dans l'intimité d'Hideo Suzuki, 35 ans. Nous le suivons dans sa vie d'assistant mangaka ainsi que dans les méandres de sa folie. Occuper son esprit est la seule solution pour échapper à ses peurs. Lorsqu'il se retrouve seul dans son appartement, le héro est hanté par des hallucinations et des personnages imaginaires. Malgré le monde sans pitié qu'est l'édition du manga au Japon, il tente de se refaire une place dans le milieu du manga.
Il renferme en lui une vraie rancœur envers les personnes qui réussissent dans la vie, par jalousie de ne pouvoir vivre de la vente de ses mangas. Et comme ci cela ne suffisait pas, sa petite-amie, Tekko, lui rabâche les qualités de son ex devenu mangaka. Que ce soit dans sa tête, dans sa relation avec sa petite-amie ou dans son travail, Hideo se considère comme un figurant.
Habitué à voir des scènes étranges dans sa tête, il ne remarque pas les choses anormales qui se passe autour de lui ainsi que le déploiement des forces de l'ordre. Et de ce fait, l'auteur sème le doute chez le lecteur. Plusieurs fois, je me suis demandée si tout cela est bien réel ou bien le récit onirique de ce schizophrène dont ses confusions mentales auraient atteint leur apogée. Et bien non, nous sommes bien dans un récit post-apocalyptique. Tout bascule très vite, sublimé par des découpages de scène qui rend le récit très immersif.
Petit à petit, la ville se remplie de « zombis ». Seul les nolife, les reclus ou les travailleurs acharnés ne sont pas contaminés, du fait qu'ils ne sont pas en contact direct avec les gens. Les forcenés du boulot et les personnes misent de coté par la société sont, pour une fois, misent au devant de la scène et vont devoir se battre pour survivre.
Si du premier abord le manga nous présente les dessous du monde sans pitié et difficile de l'édition du manga au Japon, cela tourne rapidement en mode survivalisme. L'auteur casse les codes du genre horreur. Bien loin des codes occidentaux, l'auteur fait réagir les zombis de façon étrange. Des réactions étranges, mais pas si différentes des vivants. Les zombis réitèrent les habitudes qu'ils avaient lorsqu'ils n'étaient pas encore infectés. Ce qui fait la singularité de cette œuvre et ce qui est à mourir de rire, c'est que les lois, les règles et les coutumes japonaises sont très respectées malgré la panique de la situation. Un subtil mélange entre humour et scénario apocalyptique a suffit pour retenir mon attention.