I am not a hero (critique de la série)

A une époque où je ne lis plus que très peu de mangas, I am a hero a su me séduire très rapidement. C'est le genre de très bonne surprise qu'on ne s'attend plus à voir passer un certain age surtout quand on a lu autant de mangas ou de scénarios à base de zombies durant sa jeunesse. Et là clairement la série se veut originale, atypique, on ne nage pas seulement en territoire défriché et connu, l'auteur surprend, interloque, choque par moments.

Destruction de codes oblige, les zombies de I am hero ne sont pas des zombies conventionnels comme l'on en voit dans les 3/4 des productions sur les morts vivants. Exit les cadavres lents et muets, ceux ici présents sont véloces, agiles, courent, dansent, exécutent des sauts périlleux, parlent, et sont infiniment plus imprévisibles et flippants que dans n'importe quel scénario de zombie. Si comparaison peut se faire il y a je ne sais quoi d'Attaque des Titans dans nos ZQN ("zombie like creature" en vo il me semble) qui se présentent comme de véritables parodies grotesques d'êtres humains. A se tordre n'importe comment comme dans le plus terrifiant numéro de contorsionniste, à mimer des situations ordinaires comme faire des courses, à débiter des paroles qui n'ont aucun sens et qui se rattachent vainement à ce qu'ils étaient quand ils étaient vivants,...Trash est le mot, l'auteur n'hésite pas à utiliser des nourrissons, des femmes nues, des enfants, bref on ne donne pas dans le mort vivant propre sur lui et beau à regarder.

Autre originalité, la série jouera toujours sur l'étrange et l’inhabituel, il ne sera pas rare de voire des apartés sur la manière dont évolue l'invasion dans les autres pays du monde. J'en profite pour dire que les dessins sont absolument superbes, peu d'auteurs peuvent se vanter d'avoir su rendre aussi beaux et réalistes des environnements urbains en bande dessinée. La volonté de Kengoro de nous enfermer dans son univers y est très forte, à travers des environnements hyper réalistes laissant toujours pointe un chouia de claustrophobie comme si la folie actuelle et contemporaine n'était qu'une métaphore à peine exagérée de l'Apocalypse zombie d'I am a hero.

Le manga nous prend ainsi souvent à revers en nous montrant l'invasion ZQN sous de nouveaux points de vue, souvent des mini histoires assez étranges. Nous passons ainsi parfois directement du point de vue des ZQN se croyant ainsi parfois en plein milieu d'une discussion ma foi toute ordinaire ou d'autres encore prier dans une église. D'autres semblent évoluer dans une espèce de réalité étrange, tordue et malsaine (reflet de leur âme) ou encore enfantine et puérile, leur donnant ainsi l'impression de se battre pour défendre leur peluche rien de plus rien de moins. L'autre revers ne vient non pas des zombies mais des personnages, qui en tant que japonais réagissent comme tels. Constamment ils se prendront la tête avec des raisonnements trop sages, trop terre à terre et matérialistes, attendant constamment le retour des forces de police, de l'armée, craignant d'être punis pour vols ou meurtres quand leurs actions ne relèveront de rien d'autre que de la survie... I am a hero est vraiment une série rafraîchissante, la tendance de notre héro à se couper de la réalité et à s'enfermer dans d'interminables monologues en surprendra plus d'un. Hideo c'est pas le genre de type hyper badass à qui vous confieriez votre vie, vous n'oseriez même pas lui donner votre montre à ce gars là. Hideo, c'est le gars ordinaire, c'est vous, c'est moi, avec tout ce que ça implique de déceptions, lâcheté, timidité mais aussi parfois de courage et de prise de risque.

J'aurais sans doute pu mettre 9 ou un 10 si la fin de la série ne m'avait pas autant déplu. Certes le manga avait jusqu'ici toujours pris le parti de chambouler les codes, de ne pas servir que du réchauffé et de voir plus loin que ses confrères mais cela dit il subsiste chez moi un arrière gout de déception quand aux 3/4 derniers tomes de la série. Une sorte de je ne sais quoi d'inachevé, pas nécessairement de mal écris mais qui me laisse un je sais quoi de déplaisant. Moi auteur de manga je n'aurais pas fini ainsi, ais-je été dupé comme les autres?