Dans Idéal Standard, Aude Picault nous emmène dans le quotidien de Claire, une trentenaire qui jongle entre attentes sociétales, pression amoureuse et une quête d’équilibre entre ses rêves et la réalité. Le sujet est universel, et Picault y apporte son trait élégant et épuré. Mais malgré son ambition de dépeindre avec finesse les dilemmes modernes, l’histoire finit par rester à la surface, comme une baignoire pleine… mais sans bulles.
Le propos central est clair : dénoncer les injonctions pesantes que subissent les femmes, qu’il s’agisse de leur carrière, de leur vie amoureuse ou de leur maternité. Claire, infirmière en pédiatrie, est à la fois forte et vulnérable, avec un humour acerbe pour cacher ses fêlures. Mais si son personnage est attachant, ses péripéties manquent parfois de relief. Les situations s’enchaînent sans surprise, laissant une impression de déjà-vu.
Le style graphique d’Aude Picault est indéniablement charmant. Son dessin minimaliste et ses couleurs douces accompagnent parfaitement le ton intimiste du récit. Cependant, cette simplicité visuelle, bien qu’esthétiquement agréable, ne suffit pas toujours à dynamiser une narration qui reste souvent trop sage.
Là où Idéal Standard pèche, c’est dans son traitement des thèmes abordés. Si certaines scènes touchent juste, d’autres glissent vers des stéréotypes qui diluent la portée du message. On aurait aimé plus d’audace, plus de nuances, pour réellement creuser le tiraillement entre les rêves d’émancipation et le poids des conventions.
Cela dit, l’humour discret de Picault sauve souvent la mise. Les dialogues sont ponctués de remarques qui font sourire, et certaines scènes, bien que prévisibles, restent agréables à lire. Mais l’ensemble manque de la profondeur ou de la tension émotionnelle qui auraient pu en faire une œuvre vraiment marquante.
En résumé, Idéal Standard est un album visuellement plaisant et porteur d’un message important, mais qui ne prend pas assez de risques pour transcender son sujet. Une lecture sympathique, comme un bain tiède qui détend sans jamais vraiment revitaliser.