Du noir. Partout! Du noir ici, du noir là. A l'infini.
De l'humour noir aussi, du cynisme jusqu'à la moelle pour votre plus grand plaisir. C'est malsain à n'en pas finir, sarcastique et horriblement pessimiste. Du noir, je vous dit.
Et puis, on tourne la page, et on en mange encore : du noir, toujours du noir. Tout le temps, en permanence. Noir sur noir. De plus en plus. Et on continue.
C'est là que l'on commence à perdre foi en l'humanité. A force d'avoir l'esprit aussi noir, on se dit que plus rien n'est bon. Que notre société n'est qu'une sombre merde. Une merde noire, parfaitement! Une merde pleine de salauds. Ha, pour en voir, on en voit, des salauds! Tous y passent. Les militaires. Les chasseurs. Les scientifiques. Les inventeurs. Les riches. Les vieux cons. Les noirs.
Ah, non.
Pas les noirs. Marrant ça. Juste des petits péquenots de blancs. En noir, bien sûr. Faut pas déconner.
Oh, et puis parfois, c'est gratuit. On tue, on assassine, on suicide, on torture, on sacrifie, on immole. Eh oui, quand on dit "noir", c'est pas pour rien!
Et puis on étouffe, derrière cette masse noire. On étouffe de rire. Parce que derrière tout ce ramassis d'imbéciles, derrière toute cette noirceur, il y a Franquin, avec sa satanée plume ; Franquin l'Affreux, plus dépressif que jamais, qui nous balance toute sa sombre pensée désordonnée à la gueule.
La société n'est qu'une merde. Eh oui. Mais qu'est-ce qu'on y peut? Autant en rire. Franquin (ô Grand Maître), qui était au fond du trou, n'a fait que rire de toute la misère du monde. De toute manière, quand on en arrive là, il y a deux solutions : la première, c'est de relativiser. La seconde, c'est ... je vous laisse imaginer.
Voilà la raison de toute cette noirceur : quand elle nous envahit, qu'elle devient trop forte ... on lui crache à la gueule. On l'utilise contre elle même, en somme. On la laisse nous envahir. On l'exorcise de la pointe de sa plume jusqu'à son petit bout de papier. On la rend belle. Plus belle que jamais.
On la rend noire.