La guerre, c'est mal, m'voyez
On ne pourra pas dire que le résumé était malhonnête : "BD en noir et blanc à l'encre sans nuance, aucune." Aucune nuance dans les couleurs, aucune nuance dans le propos. Chez moi, "sans nuance" n'est pas synonyme de qualité. A vrai dire, j'aurais tendance à appeler ça du manichéisme...
Alors oui, c'est vrai, "Idées noires" m'a peut-être été survendu. La faute à la réputation que se traîne son auteur, mais la faute surtout au grand fléau qui a tendance à parfois frapper SC : la nostalgie...
Je constate (désagréablement) à la première lecture que si la promesse d'un humour grinçant est tenue, Franquin est incapable de faire preuve de la moindre finesse. Couper la tête d'un partisan de la peine de mort, c'est un peu facile. Flinguer un chasseur, c'est lassant. Le problème ne vient pas seulement du fait que les gags soient incomplets ou tout simplement pas drôles, il vient aussi du fait que les situations décrites, si elles étaient audacieuses à l'époque, sont aujourd'hui d'une banalité consternante. Défendre l'environnement, critiquer la peine de mort pouvait être osé en 1977. En 2014, tout le monde est opposé à la peine de mort, les thématiques environnementales doivent être le ressort scénaristique le plus éculé de ces cinq dernières années et mettre en scène des ministres corrompus est un exercice auquel plus personne n'ose s'exercer tant on a compris à quel point être novateur et réaliste sur le sujet est difficile... Premier handicap donc, Idées noires a mal vieilli, très mal vieilli. On ne juge pas sans connaître le contexte de parution, me direz-vous - à raison. Mais si ça ne tenait qu'à ça !
C'est en réalité tout le contenu de l'album qui est vain, simplet, souvent grossier, quelle que soit l'époque où on la lit... On peut tracer en quelques lignes les grands axes, vous allez voir, c'est vite fait...
- Les chasseurs/industriels/partisans de la peine de mort tuent des gens/des animaux, il faut tuer les chasseurs/industriels/partisans de la peine de mort
- Les riches sont des connards
- Les politiciens sont tous pourris
- La guerre c'est mal.
Et c'est tout.
Vous trouvez l'ensemble "fin", "mordant", ou encore "provocant" ? Moi pas...
Plus qu'une BD qui a mal vieilli (et honteusement surnotée en plus, ce qui explique sans doute ma sévérité vis-à-vis de l'ensemble), Idées noires est le degré zéro de la réflexion, même si de rares passages ainsi que l'excellent dessin de Franquin sauvent l'ensemble du désastre complet.
Idées noires n'est, en fin de compte, qu'un recueil de caricatures signé Franquin. Bien. Celui-ci, de toute évidence, et malgré tout le respect que j'ai pour le créateur de Gaston, n'avait aucun talent pour la caricature.