Que feriez-vous durant vos dernières 24 heures ?

"Tapement sur une cabine
J'avais pourtant dit que je lisais ...
Tapement sur une cabine
Faite qu'il ne le fasse pas trois fois ...
Tapement sur une cabine
On dirait que je n'ai pas vraiment le choix et je n'aime pas faire trop attendre les gens.
ouverture de porte Oui de quoi s'agit-il ?
Un grand homme brun, bien habillé aux manières élégantes se trouve en face de votre cher capitaine Albator Larson, 19 ans et Capitaine de l'Arcadia ?
Albator Larson : Oui.
Fujimoto : Bonjour, je viens de la mairie afin de vous remettre votre Ikigami. il tend le préavis de mort
Je prie sincèrement pour le repos de votre âme
Albator Larson : Quoi ? Attendez, qu'est-ce que l'Ikigami ?
Pardon, vous ne savez ce qu'est l'Ikigami ?!
Albator Larson : Non, pourrais-je avoir des explications car ce papier m'annonce que je vais mourir ?
Fujimoto : En effet, je le regrette mais tel est le sort de ceux qui reçoivent l'Ikigami, je suis désolé.
je me retrouvais scotché, je ne savais plus quoi faire jusqu'à ce que ...
Par contre, si vous voulez un moyen d'accompagner vos dernières 24 heures, je vous conseille notre manga sobrement intitulé , Ikigami : Préavis de Mort où je joue le rôle du personnage principal, il lui tend les mangas passez une bonne journée.
Albator Larson : fermeture de la porte avant que votre capitaine se dirige vers une table de chevet bon, je viens de finir de lire cette BD il prend le manga Mirai Nikki pour ensuite s'en servir comme moyen d'amplifier le feu de la cheminée, finalement, elle sert de bien meilleure bûche que de divertissement (https://youtu.be/0TRY2DeYvOc?t=126), eh bien allez, quitte à mourir dans 24 heures autant lire quelque chose qui en vaut peut-être la peine …

Après une lecture intensive des 10 tomes

Il faut que j'en parle avant qu'il soit trop tard …"

Ikigami, préavis de mort est un manga écrit et dessiné par Motorō Mase édité en France par Kazé. Il eu droit à une adaptation en film live en 2008 par Tomoyuki Takimoto.

Le manga se déroule dans un pays non déterminé, proche du Japon, qui après l'occupation des 'alliés", a reçu une loi "La loi de la sauvegarde de la prospérité nationale", qui consistent à mettre dans le vaccin d'un enfant sur 1000, une nano capsule spéciale qui circule dans le corps jusqu'à s'immobiliser dans l'artère pulmonaire au niveau du cœur !

Ensuite à la date fixée, entre 18 et 24 ans quand la vitalité atteint son maximum, elles éclatent et causent la mort !

Et vous allez me dire, pourquoi ?

Eh bien, cette loi a pour but de "rappeler" la valeur de la vie aux habitants du pays ainsi que donner un sens à la vie des jeunes sacrifiés ! (et pour les remercier de leur sacrifice, le gouvernement verse une pension à la famille du défunt, appelé pension Kokuhan à la condition que durant ces dernières 24 heures, le sacrifié ne fasse rien de répréhensible ...)

Nous sommes donc là sur un Thriller politique et une série de chroniques du quotidien visant à remettre en cause la peine de mort de manière plus dystopique qu'un Victor Hugo pouvait le faire dans Le Dernier Jour d'un Condamné par exemple, et pour rester sur Victor Hugo, les personnes ayant déjà lues Claude Gueux seront ravis devant les portraits dépeints par Motoro Mase, qui ne seront pas s'en rappeler le dilemme du vieil homme !

Nous pouvons aussi faire le parallèle avec George Orwell bien sûr, et son fameux 1984 où la figure de Big Brother pousse la population au collaborationnisme avec l'état en dénonçant tout élément subversif, car dans Ikigami, la police Kokuhan est sans cesse à la recherche de ces éléments pour ainsi mieux manipuler le peuple en n'hésitant pas à glorifier les personnes dénonçant les "traitres" de la nation !

Le format du manga est très épisodique et le schéma assez simple : on nous présente le futur sacrifié, Fujimoto reçoit le préavis, puis on revient sur la personne avant qu'elle entende toquer à la porte pour finalement recevoir sa sentence, l'ikigami !

Là, c'est le choc pour quasiment tous les individus, et c'est à ce moment que le chapitre commence pour être pris dans un tourbillon d'émotions avec des récits qui prennent incroyablement aux tripes !

Et pour finir la personne meurt et on fait le bilan de ses actions durant ses dernières 24 heures ... je vous vois venir, vous allez surement vous dire : Il n'y a que 10 tomes pour un format épisodique ça ne fait pas un peu peu ? Non, car certes le format est épisodique mais à l'instar de Cowboy Bebop, nous avons en toile de fond l'histoire de Fujimoto qui avancera doucement jusqu'à la toute fin pour briser ce format épisodique et offrir la conclusion du récit.

Bref, passons aux personnages, à commencer par le personnage principal, Kengo Fujimoto, qui nous est présenté comme un jeune fonctionnaire du gouvernement qui a passé l'âge pour être victime de l'Ikigami dont il n'a jamais vraiment senti la menace ni le sentiment que sa vie était particulièrement précieuse (rien que là, on voit que le système ne marche pas ...), il est posé, réfléchi mais lutte avec le propre de son métier de livreur d'Ikigami qui le sépare de plus en plus de tout son entourage car il n'arrive pas à prendre de la distance sentimentalement, vis-à-vis des victimes ! Au fur et à mesure, Kengo remettra en cause le système et réfléchira de plus en plus sur le bien-fondé de glorifier la valeur de la vie en sacrifiant des jeunes grâce aux cris de ces mêmes jeunes, luttant un combat perdu d'avance contre la mort, alors que le gouvernement est de plus en plus suspicieux à l'égard de ce jeune livreur ...

Cependant, même si Kengo est le personnage principal, durant la plupart du manga, il est davantage un point d'ancrage comme peuvent l'être les membres du Bebop ou Ginko de Mushishi, sauf que Kengo ne peut agir auprès du futur sacrifié (mais peut-être outrepassera-t-il cet ordre ?), alors nous suivrons toutes ces jeunes personnes aux personnalités, aux rêves et aux passés différents réagir face à la mort et on pourra voir tout le talent de Motoro Mase pour dépeindre aussi bien les pires que les meilleurs travers de l'homme, en effet, face à la mort certains céderont au désespoir et décideront de se venger que ce soit du système que de personnes leur ayant fait du mal, d'outrepasser l'ordre établi pour faire passer un message ou pour sauver quelqu'un, prendre leur courage à deux mains pour enfin agir face à un événement qu'ils avaient fui etc.

Concernant l'intrigue, Ikigami propose une intrigue tournant autour d'un gouvernement qui sous prétexte de vouloir le bien des masses, sacrifie la liberté individuelle, car l'ikigami prive le droit à 1 personne sur 1000 d'avoir une espérance de vie "normale".

Et finalement concernant le dessin, Motoro Mase en a fait du chemin depuis Kyo-Ichi et Heads, son trait est abouti, fin et capture l'effroi et le désarroi aussi bien qu'un Naoki Urasawa, grâce à des superpositions et un jeu avec les hachures, mais attention, les autres expressions ne sont pas en reste même si elles sont évidemment moins fortes que celles que je viens de citer étant donné le contexte du manga.

Sinon niveau découpage, il est à l'habitude du mangaka très rectangulaire et carré jouant sur la taille des cases pour rajouter du suspense avant de nous mettre des claques grâce à ses pleines pages ou ces doubles pages, qui vu qu'elles sont utilisés avec minutie et n'hésitent pas à jouer cette fois avec les diagonales nous plongent avec le personnage !

Niveau composition, je n'ai pas grand-chose à dire, les angles de vue sont diversifiés, les paysages également et l'auteur met toujours ses compositions au service de l'intrigue afin de se sentir comme le personnage qui va bientôt mourir.

Le personnage principal : 10/10

Characterisation: 5/5
Développement: 5/5

Les personnages secondaires: 10/10

Characterisation: 5/5
Développement: 5/5

L'intrigue: 17/20

L'exposition (la présentation du sujet et du contexte): 5/5
L'introduction: 4.5/5
Conclusion: 3.5/5 (elle est trop abrupte mais offre tout de même une belle fin à l'arc de Fujimoto)
Rythme: 4/5

Le dessin: 18.5/20

La patte graphique: 4.5/5
Le trait: 5/5
Le découpage: 4.5/5
La composition: 4.5/5

Note finale: 9.25/10
Niveau d'appréciation global du manga: 10/10

Pour moi, Ikigami fut une énorme claque, étant un grand fan de dystopie, j'ai trouvé dans Ikigami des réflexions très bien menées, ainsi qu'une remise en question du fait de vivre, ce manga a d'ailleurs surement dû être inspiré par la vague de suicides qu'il y a eu chez des adolescents et des jeunes adultes durant les années 2000 au Japon.

Pour aller avec cette lecture, je vous conseille :

• Claude Gueux et Le Dernier Jour d'un Condamné de Victor Hugo




• Et 1984 de George Orwell

dont j'ai parlé plus haut, merci d'avoir lu cette critique et je vous souhaite une bonne lecture si vous vous décidez à rejoindre Kengo Fujimoto !