Le premier opus des tribulations du plus célèbre réparateur d’aspirateur avait fait grand bruit il y a 2 ans. Dire que la suite de cette épopée rocambolesque était attendue tient de l’euphémisme. Qu’en est-il quelques 192 pages plus tard. Nicolas Petrimaux arrive-t-il à garder les mêmes qualités qui avait hisser Il faut flinguer Ramirez T1 au rang des réussites critiques et commerciales du 9éme art ?


Il suffit de s’aventurer quelques secondes sur la quatrième de couverture pour se savoir en territoire conquis. L’humour touche encore une fois sa cible laissant le lecteur agité d’un petit rire mécanique. Rire qui débouche franchement sur l’éclat du même nom à lecture de la deuxième de couverture. Provoquer spasmes et larmes à la lecture d’une revue technique d’une gamme d’aspirateur voilà une gageure que N. Petrimaux relève sans sourciller. Tout au long de son récit, l’auteur tisse ses pièges à rires avec un soucis maniaque. Le lecteur attentif ne doit jamais laisser échapper son œil aiguisé car l’attentat zygomatique guette au détour d’un détail d’apparence anodine, d’une pub détournée ou d’une action d’apparence inoffensive. Si l’humour peut parfois paraître forcé, il arrive à se renouveler suffisamment et à varier les registres avec inspiration afin de toujours surprendre le lecteur.


Difficile de parler de ce deuxième opus sans évoquer la maîtrise technique de l’édifice. Déjà pertinent dans le tome 1, la qualité du trait allié à une colorisation nuancée propulse cette suite en orbite phylactèrique. Les différents personnages s’exposent dans des postures fortes en adéquation avec leurs personnalités. Les scènes d’action sont purement jouissives tant le dynamisme déborde littéralement des cases. D’une fluidité à toute épreuve, la mise en scène s’appuie sur un art du cadrage éprouvé. Cette science de l’ellipse déroule son insolente classe dans la plupart des scènes de dialogues où l’enchaînement des bulles transcende le positionnement de cases. Du grand art. Nicolas Petrimaux éclabousse de son talent lorsqu’il s’agit de tisser une ambiance sur une double page, de trouver l’angle de vue qui accouchera de la perspective parfaite ou d’ériger des décors urbains ou désertiques comme des arcs de triomphe.


Gavé de références au cinéma de genre, on devine que l’auteur doit apprécier le travail d’un Q.Tarantino. C’est un véritable plaisir de cinéphile et de sérivore des 80’ et 90’ que de parcourir ces pages au format étriquée. Souvent potache et absurde, l’humour se permet pourtant de nombreux détours vers des registres plus cyniques et acides. Égratignant tour à tour le capitalisme, le consumérisme, la malbouffe et tant d’autres grandes inventions humaines, ces incartades apportent un souffle caustique revigorant à l’ensemble.


Évidemment, le tableau comporte quelques zones d’ombre qui ternissent l’ensemble. 192 pages, c’est long. Tenir la distance avec des intrigues de série B n’est pas donné à tout le monde. Le problème c’est que les personnages n’évoluent pas, ils restent accrochés à un objectif simple et unique. Tuer quelqu’un, se rendre à un point B, retrouver quelqu’un. Ce manque de profondeur et de variété associé aux multiples personnages secondaires impose par moment un faux rythme cotonneux, confortable certes, mais qui sent le remplissage. Rien de désagréable mais la sensation que monsieur Petrimaux aurait pu aller à l’essentiel au lieu de céder à cette dilution. Exemple parfait de cette stagnation, le protagoniste principal M. Jacques Ramirez se laisse balader de pages en pages sans jamais prendre son destin en main. Charisme ravageur et attitude loufoque cachent une personnalité effacée que quelques pensées en voix off n’arrivent pas à animer.


Malgré ces quelques écueils, ce tome 2 reste un vrai plaisir de lecture. Si Nicolas Petrimaux arrive à garder ce niveau de qualité pour la conclusion, nul doute que cette trilogie trônera en belle place sur les étagères de tout bédéphile qui se respecte.

Alyson_Jensen
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le 7 déc. 2020

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Alyson Jensen

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