Je déteste les moustiques.
Voilà l'exemple parfait du manga qu'on ne verrait jamais sortir du Japon en temps normal. Heureusement pour nous, des tauliers éditoriaux (Delcourt en l'occurence) sont prêts à prendre des risques. Pratiquement dix ans après une fin de parution obscure, je ne sais toujours pas si cette putain de bonne petite série en trois tomes a réussie ou non à faire des ventes raisonnables.
Vous voyez ce fou furieux sur la couverture du troisième volume... ? Mais si, ce gars qui a les cheveux en pétard et qui tient une manette de Nintendo 64, tout en tirant la tête d'une tapette qui aurait peur d'un moustique insignifiant. Ou pire encore, la tête d'un gars qui aurait vu, malencontreusement, sa grand-mère en tenue sexy après avoir fait l'erreur de rester encore un peu chez elle sans que cette dernière le sache. Le seul recours qui lui reste c'est de porter plainte pour agression visuelle sur mineur... mais en fait, qu'est-ce que je raconte ?
Histoire de faire un tour rapide du propriétaire : «Imbéciles heureux !» est un manga qui fait figure d'ovni. Profondément obsédé, pervers, torturé, exagéré mais aussi extrêmement diversifié. Les chapitres qui sont conconctés par l'auteur arrivent, pour chacun d'entre eux, à un aboutissement dans le seul but de servir une critique sociétale taillée avec brio. La morale n'est pas servie sur un plateau d'argent, car c'est une morale que l'on se fait surtout soi-même.
Pas de monstres, pas de tentacules, mais mieux que ça, des imbéciles heureux ! Si l'imaginaire nippon fait peur ou laisse dubitatif certaines personnes, il a au moins le mérite de montrer des choses sous un jour nouveau. Quoi que sordide et cruel, l'auteur va au bout de son trip et le fait toujours avec pertinence et originalité, sans jamais passer pour un moralisateur ou un illuminé.
À part ça, j'adore l'hiver.