"Infiltrations" n'est à mon goût de loin pas le meilleur album de la série, esthétiquement parlant. Non pas que la qualité du dessin soit en baisse, mais je trouve que l'absence de découverte d'une nouvelle planète se fait un peu ressentir et fait souffrir ce neuvième tome à la comparaison avec les précédents. Il n'y a pas non plus de grande prise de risque, on ne retrouve pas les originalités qui font de Sillage cette série à part dans le paysage contemporain de la bande dessinée franco-belge. Certes, il y a cette page 18 avec une grande représentation de Nävis en pied, mais celle-ci ne me convainc pas vraiment. Je trouve que le vide laissé sur la gauche rompt trop fortement avec la présence des cases accolées sur la droite, nuisant ainsi à l'équilibre de la page.
J'ai également été dérangé par l'enchaînement des cases en haut de la page 7, je ne comprends pas pourquoi le faux policier débarque déjà à la fenêtre de la navette dans la case 2, pour revenir ensuite à la porte de l'appartement à la case 3. Je suis peut-être le seul à avoir été gêné par ce détail qui ne nuit heureusement pas à la compréhension générale de l'histoire, mais j'avoue avoir été surpris de ce fait, dans une série qui nous a toujours habitués à un découpage proche de la perfection.
Au-delà de ces petits détails, le scénario tient comme d'habitude très bien la route, avec une intensité dramatique qui continue à aller crescendo. Avec le tome précédent et celui-ci, j'ai l'impression que nous arrivons au cœur même de la trame de la série, et ce n'est pas pour me déplaire.
L'album s'achève sur une fin surprenante, une véritable chute, fait intéressant au sein d'une série qui avait fait de la page-émotion une sorte de marque de fabrique pour clôturer ses différents tomes. L'impatience du lecteur en est décuplée, et je m'en vais me jeter sur le tome suivant avec d'autant plus de plaisir.