Tome 1 : Inspecteur Kurokôchi est un manga fraîchement débarqué en cette seconde moitié du mois de Mars qui nous propose de suivre
des enquêtes policières où un flic ripoux (Kurokôchi), aidé par un
jeune bleu essayent de faire tomber des politiques ou des haut gradés
de la police qui depuis trop longtemps traînent des affaires
criminelles derrières eux sans jamais avoir été inquiétés.
C'est un polar qui nous plonge en plein dans le monde de la
corruption policière et politique du Japon. Un univers rempli de
trafics d'influence, de fausses preuves, de maquillages de crimes, de
secrets biens gardés, où l'on passe son temps à tuer ceux qui en
savent trop, à se suicider pour sauver l'honneur et où globalement
tout le monde joue au dessus des lois. Inspecteur Kurokôchi a le
droit à un premier tome très réussi et accrocheur.
Déjà, notre inspecteur de héros est une sorte de GTO version flic des
affaires politiques. Le personne est grande gueule, complètement
pourri et corrompu, a des méthodes peu orthodoxes et est détesté de
ces collègues et supérieurs mais dans le fond il ne désire que faire
éclater la vérité et faire la justice par tous les moyens.
Ensuite, Nagasaki ficelle vraiment bien ses scénarios de tels sorte
que ce soit toujours compréhensible (alors que le milieu dans lequel
on plonge est complexe). En plus les rebondissements sont nombreux et
c'est vraiment très bien raconté et très agréable à lire.
Côté dessins, Kono Koji à l'avantage de faire des personnages qui ont
des gueules de japonais et qui sont tous biens différenciés et
charismatiques. C'est un déluge de sale gueule plutôt marrante qui
colle très bien à l'univers du titre. Surtout que les corps et les
décors sont traités avec un soucis du détail et de réalisme typique
du manga qui permet de naviguer toujours facilement entre humour et
sérieux.
Le seul reproche que je ferais au titre c'est de ne donner aucun rôle
à un personnage féminin (si ce n'est celui de victime/cadavre sans
aucune ligne de dialogue). Je sais que le milieu de la police et de
la politique au Japon sont très masculins, mais il doit bien y avoir
quelques femmes de temps à autres, non ?
Donc après, à voir si ce sera toujours le cas dans les tomes suivants
et à chacun de juger si c'est problématique pour lui ou non, mais à
part ça, c'est vraiment un très bon début et un manga très
prometteur. Très bonne surprise. [8]
Tome 2 : 2e tome des aventures policières du lieutnant Kurokôchi et celles-ci se révèlent toujours aussi excellentes ! J'ai l'impression que la série monte encore d'un cran niveau qualité d'écriture dans ce tome, les dessins sont aussi plus précis, et on est vraiment immergé dans le monde de la corruption politique et policière japonaise.
Franchement, je ne regrette pas du tout d'avoir donner une chance à
cette série parce qu'elle est vraiment géniale et palpitante. Les
éléments qui se mettent en place dans ce tome, qu'on pourrait
synthétiser comme étant "un complot à grande échelle" enrichissent
vachement la mythologie de la série et la font se diriger dans une
direction très intéressante. Après tout, on parle du co-scénariste
d'Urasawa, donc retrouver des idées de complots à grande échelle et
de personnages qui se retrouvent embarqués la dedans est plutôt
logique. Mais à part ça, le travail de Nagasaki reste complètement
différent de celui de Urasawa. Ses personnages n'ont rien à voir, que
ce soit ce farfelu de Kurokôchi, ce blanc-bec de Seike ou encore ce
truand dégueulasse de Sawatari. Mais ils sont réussis,
charismatiques et on prend plaisir à les suivre.
Il y a une maîtrise narrative évidente derrière ce manga. Les
dialogues sont biens menés, les explications et l'intrigue toujours
claires, les rebondissements nombreux et il y a bien entendu ce
personnage principal imprévisible. Et la construction du tome est
très bien faite, avec un premier chapitre un peu one-shot qui nous
réintroduit à l'univers de la série avant de basculer à la toute fin
vers l'intrigue de grande envergure qui occupera le reste du volume.
Bref, c'est franchement une réussite et j'ai hâte de lire la suite de
la série. [9]