Poids welter
Tous les mêmes. Dans leur principe en tout cas. Je parle des Shônen sportifs ; ils suivent tous à la lettre un schéma narratif pré-rédigé depuis des temps immémoriaux. Et comment pourrait-il en être...
le 5 mai 2020
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Tous les mêmes. Dans leur principe en tout cas. Je parle des Shônen sportifs ; ils suivent tous à la lettre un schéma narratif pré-rédigé depuis des temps immémoriaux. Et comment pourrait-il en être en être autrement ? Il n'y a pas lieu à un quelconque sujet de conteste, dans la discipline de la boxe comme dans n'importe quelle autre, les coutumes en vigueur ne sauraient contrevenir à leurs dogmes les plus essentiels : une initiation à un monde que le personnage principal ignore afin de le lui présenter en même temps qu'au lecteur, des efforts, de l'abnégation et en bout de course, la consécration pour récompenser des heures et des heures de souffrance à s'entraîner. Déroger à la formule serait certes original mais finalement dommageable à tout Shônen sportif.
Si, au détour de mes autres critiques manga, je ne manque jamais de grincer des dents sur l'absence flagrante d'innovation de la part de leurs auteurs, je ne suis pas non plus un révolutionnaire frénétique qui réclame le changement pour le changement. À chaque genre éditorial ses normes primordiales et ses conventions d'usage. Comment dire d'une œuvre qu'elle appartient à un genre spécifique à moins qu'elle n'en respecte les codes en vigueurs ?
Une fois n'est pas coutume, je remercie un auteur Shônen pour son application à respecter les règles imposées par la contrainte éditoriale.
Un bon Shônen est à mon sens est un manga capable de s'en tenir aux traditions inaltérables du genre tout en trouvant moyen de laisser une place à l'innovation dans ce cadre spécifique. La juste alliance de la tradition et du progrès. Mes crachats pleuvent certes abondamment sur les œuvres incapables de se plier à l'exercice ; je me dois toutefois d'admettre que la chose n'est pas aisée. Savoir mêler la permanence et le changement se veut contradictoire dans l'idée bien qu'applicable dans la réalité. Comme ce qui distingue le remède du poison, tout n'est que question de dosage.
Ici, la concoction Ippo tient du remède ; les ingrédients relatifs à la novation étant néanmoins distribués avec la plus extrême parcimonie et si dilués que ledit remède ne fera effet qu'au terme d'une très longue période.
La remarque que je m'apprête à porter à la connaissance du lecteur de cette critique prêtera certes à sourire, mais je recommande d'avoir lu plus d'une centaine de tomes afin d'atteindre l'instant où le manga monte finalement en gamme. Tout vient à point à qui sait attendre. Plus de trente ans de parution tout de même.
Trente ans. On le sent à l'ouverture du premier volume - et ce n'est certainement pas un proche que je fais là car je trouve les dessins plaisants. On y retrouve cette petite patte «brute» des Shônen de l'époque. Un dessin à mi-chemin en Rokudenashi Blues et City Hunter ; la marque de l'époque est résolument gravée dans les traits de cette première époque. Car il en viendra une deuxième.
Le style s'est considérablement abâtardi depuis afin de s'adapter à l'époque au détriment du dessin qui - je pense - constituait un marqueur identitaire qui aurait gagné à rester intemporel. On passe de la formule «À l'ancienne» à «La jeun's attitude» avec ce que cela comporte d'édulcoration et de lissages clairement inadaptés. Indolore à la lecture - le basculement se voulant progressif et dilué - ce dessin s'avilit pourtant sous les trames et autres traits épaissis. Comparer le premier volume et le dernier paru en date donne le ton. Et pas un qui soit susceptible de me ravir. Cela a des répercussions sur l'atmosphère et le ressenti à la lecture. Difficile de mettre des mots sur des sentiments impalpables, mais ce n'est simplement plus pareil. Pour le meilleur, pour le pire, je ne saurais juger (en fait si... pour le pire, les combats perdent clairement en dynamisme) mais Ippo aurait pu continuer d'être ce qu'il est sur la forme tout en évoluant sur le fond. C'eut été là un moyen tout trouvé de mêler tradition et progrès comme vanté par mes soins en introduction. Le mélange se fera, mais il ne faudra pas compter sur le dessin pour contribuer à la synthèse.
Respecter les traditions, c'est une chose, mais il faut savoir les prendre telles qu'elles sont. Se les approprier, certainement, mais sans jamais les caricaturer. Voilà une mercuriale dont j'ai l'habitude dans mes critiques mangas. Il faut dire que leurs auteurs font effectivement tout pour la mériter. Pas George Morikawa .
Ippo trouve moyen de s'en tenir au classicisme incombant au genre sans jamais sombrer dans le cliché. Il y a de la chair autour du squelette des poncifs ; le manga fait corps, il y a bien plus à offrir que de la garniture. Jamais on ne force le Pouvoir de l'amitié™ ou la sur-dramatisation d'un thème. C'est sobre, c'est propre mais c'est vivant et crédible. Je n'en attends au final pas plus d'un Shônen pour que ce dernier mérite au moins le qualificatif de «Bon».
Habitué à des affrontements exubérants qui ne jurent que par l'excès pour mieux prêcher la lassitude, j'ai été ici séduit par l'agencement des combats. Séduit mais pas conquis, nous sommes bien des strates en dessous d'un Shamo ou autre Vagabond. N'allons toutefois pas non plus exiger l'excellence et comparer l'incomparable.
L'agencement des combats demeure finement manié. Dynamisme (moins après que le dessin n'évolue), tension, variété, tout ce que l'on est en droit d'attendre un manga ayant pour thème la boxe est mis à notre disposition le plus naturellement du monde. Le rendu reste infiniment plus percutant et technique que les innombrables Nekketsus-combat pour qui une joute physique n'est au final que l'affaire d'onomatopées et de coups explosifs. Les coups ici ont un poids réel, celui qui les orchestre a manifestement dû en encaisser pour aussi bien nous les retranscrire : le crayon d'un passionné mis au service de l'œil d'un pro.
D'une violence véritable sans excès ni édulcorant, Ippo nous gratifie d'un rendu graphique et technique très agréable sans jamais être tape-à-l'œil.
Suffisamment habile et avisé pour savoir qu'un lectorat un tant soit peu exigeant se détournera d'un manga qui ne serait qu'enchevêtrement de combats, Morikawa prend la peine de développer ses personnages dans un cadre de vie capable de les extraire du milieu étouffant de la boxe. Abuser des bonnes choses, c'est risquer de les rendre quelconques. À ce titre, l'auteur manie un juste équilibre entre les phases de combat et celles de la vie quotidienne. Ces entre-combats, qui plus est, offrent de la consistance au niveau des thématiques abordées sans jamais sombrer dans le drame à pas cher.
Si les combats - nombreux compte tenu du sujet et surtout de la durée de l'œuvre - trouvent assez souvent le moyen de se renouveler de sorte à ne pas être redondants - risque commun à tous les mangas de sports - ils suivent malheureusement tous un schéma parfois trop étriqué. Les adversaires qui se relèvent quinze fois à la huitième seconde du décompte, à l'usure, ça devient une norme. Quand en plus les victoires de Ippo sont quasi assurées par une narration duveteuse qui couve un peu trop son personnage principal, la ritournelle exaspère quelque peu.
Je ne jouerai pas les ingénus ; c'est un Shônen que je lis. Un héros qui gagne, la force systématique de se relever de coups dévastateurs, des victoires arrachées avec le bout des ongles pour bien marquer une difficulté en laquelle on a de plus en plus de mal à croire... ce sont là des éléments coutumiers au genre dont je ne devrais pas me plaindre. Notez que ça ne m'empêchera certainement pas de le faire. S'il y avait une variable à faire jouer dans le cadre du renouveau d'une œuvre aussi codifiée : c'était celle des combats. Faire perdre plus souvent son personnage principal, créer la surprise avec les autres combats, ça reste du domaine du possible. Eyeshield 21 avait pris tout le monde au dépourvu avec la défaite des Seibuu Wild Gunmen contre une équipe présentée comme secondaire. Cela a manqué ici. Jusqu'à ce qu'un point de rupture soit atteint en tout cas.
Qui dit Shônen suppose au moins de l'humour. Il fonctionne ici. Takamura et Aoki sont des ressorts comiques très efficaces. Rien qui ne vous décroche non plus la mâchoire, mais certains gags, même si parfois convenus, désarçonnent malgré tout. On rit d'autant plus volontiers que cet humour ne nous est pas jeté à la gueule à tout bout de champ. Il y a dans Ippo un temps pour tout. Quand le temps est venu de rire, Morikawa en chef d'orchestre méthodique sait trouver les recettes efficaces mais sait surtout quand s'arrêter. Rares sont les mangakas à réellement savoir maîtriser leur composition jusque dans les moindres détails. George Morikawa est l'un d'eux.
Ses personnages n'ont pourtant rien d'exceptionnel dans leur essence. Ils sont tout ce qu'on peut attendre de protagonistes de mangas des années 1990. Ils entrent tous dans des cases mais y sont à l'aise. Des archétypes, mais des archétypes avec lesquelles l'auteur prend certaines libertés, dosant là encore méticuleusement leur caractère afin de les rendre finalement appréciables. À y réfléchir, Makunouchi m'est foncièrement indifférent, pourtant, je ne m'explique pas que ses déboires me soient si douloureux. À mon corps défendant, j'ai fini par l'apprécier sans qu'il ne fasse rien qui le justifie vraiment. Je ne saurais dire si c'est d'avoir partagé ses aventures sur plus de cent tomes qui ont contribué à cet attachement insoupçonnable, mais je me sens réellement impliqué envers lui et bien d'autres personnages. C'est bien là la marque d'un auteur qui sait écrire ses personnages.
Tous ont droit à leur développement. Les antagonistes, y compris les plus mineurs, ont droit à ce qu'il faut d'exposition afin de s'attirer la sympathie du lectorat. Il n'est pas question de diaboliser l'adversaire pour en faire un méchant tout trouvé. Même les plus clichés auront droit à ce qu'il faut pour nuancer leur caractère par la suite (Mashiba). Aucun n'appelle véritablement à ma sympathie de lecteur mais aucun non plus n'a de quoi susciter la moindre forme d'antipathie de ma part. Aucune exposition n'est négligée, Morikawa sait entretenir ses personnages et ne les laisse pas sur le carreau, leur trouvant toujours un rôle à jouer.
Néanmoins, les années passant, ces personnages récurrents perdent tous graduellement en charisme ainsi qu'en authenticité. Les dessins comme l'écriture les érodent à petit feu. Sans que cela ne soit toutefois probant, une pointe d'essoufflement se fait sentir chez l'auteur. On ne retrouve plus cette étincelle de vie qui animait autrefois ses personnages, certains devenant même caricaturaux. Sendou aura muté ces derniers temps vers une figure quasi démoniaque poussant le vice jusqu'à le doter de prunelles pareilles à celles d'un tigre dénotant avec le ton institué par le manga. Ses prémices laissaient pourtant entrevoir un personnage infiniment plus riche que ce qu'il se révèle être sur les temps derniers.
L'époque a déteint sur l'auteur. Ce n'est pas lui adresser un compliment que de le mentionner, bien au contraire.
C'eut été un impair que de ne pas souffler mot quant à l'éventuelle comparaison qui puisse être opérée entre Ippo et Ashita no Joe. La parenté paraît toute trouvée et pourtant, il n'en est rien. À l'exception de cette tendance usante à toujours se relever après avoir été mis au tapis, je n'ai pas été accablé par le moindre sentiment de redite. Les deux œuvres sont clairement dissociables l'une de l'autre et peuvent être appréciées pour ce qu'elles ont à offrir respectivement.
J'aurais d'ailleurs tendance à davantage louer Ippo pour ne jamais s'adonner au sensationnalisme. Pas de mort, pas de drame du boxeur prolétaire en souffrance et en proie à ses démons de toute la durée de la parution. Ippo, c'est digne. Morikawa se sera abaissé à commettre certaines bévues mais jamais à céder à la facilité, fut-ce au niveau de sa narration ou de sa trame.
Bercé que j'étais alors par une certaine routine scénaristique qui, sans me déplaire, n'avait clairement pas les attributs pour me réjouir, j'en venais à déduire que Ippo était la médiane du Shônen Nekketsu. Pour qui ne savait pas imiter le travail de George Morikawa au regard de la construction de son récit et de ses personnages, la note de leur œuvre ne pouvait être qu'inférieure à la moyenne.
Ce n'était pas faire grand cas de Ippo que de lui attribuer ce rôle de médiane, mais l'œuvre n'avait su susciter chez moi la moindre forme d'enthousiasme. Incapable toutefois de me laisser indifférent, il apparaissait comme le prototype du Shônen respectable, celui qui, par comparaison avec les normes qu'il établissait, séparait le bon grain de l'ivraie en matière de Shônen. Après une centaine de volumes dans la musette, ça se lisait bien, mais ça n'allait pas au-delà.
Je retrouvais d'ailleurs chez Morikawa quelques indices de refus de la transcendance. À l'aune de l'amourette latente entre Makunouchi et Kumi qui n'évoluait jamais, j'observais qu'à l'image de cette idylle qui ne prenait jamais forme, le manga naviguait à vue sur un itinéraire bien monotone. Le statu quo était maintenu quoi qu'il arrive ; la permanence du récit assurait le respect de la tradition mais pas l'avènement du progrès. Sans ce qu'il fallait de lubrifiant pour huiler la machine, ses rouages commençaient à s'user. Le constat clinique était implacable, les combats perdaient peu à peu en intensité allant jusqu'à compenser cette lacune en éternisant de plus en plus ses affrontements. En vain. La routine était en proie à la langueur.
Afin qu'un dénouement heureux puisse advenir, il n'était plus question que de changer les rouages et donc se renouveler ou tout simplement renoncer à la machine et conclure l'œuvre au plus tôt. En bon chien de Pavlov que je suis, je me doutais pertinemment que la sclérose continuerait jusqu'à la chienlit. Ce cas de figure s'était présenté à moi tant et tant de fois que je le croyais finalement inévitable. La fatalisme guidait ma lecture ; la médiane allait s'affaisser. À tourner en rond si longtemps, le manga avait creusé une tranchée dont il n'aurait su s'extirper. Après une si longue route, le combustible qui avait rendu Ippo si ardent s'était épuisé, la panne sèche guettait.
Cette lassitude se doit cependant d'être tempérée au regard de ce qu'est Ippo. Qu'un auteur soit parvenu à ne radoter qu'au terme de plus de cinquante volumes est un exploit d'autant plus méritant que le cursus même du manga prédispose à la répétition. Le quotidien d'un boxeur est rythmé par les entraînements et les combats : c'est fatal. Durant tout ce temps, George Morikawa nous aura fait connaître ce milieu impénétrable pour le profane de la boxe professionnelle. Nous y avons si bien pris nos aises que ce monde est devenu le notre. Immergé qu'on était dans le bain qui nous était servi, on y était bien aussi longtemps que l'eau était à température ambiante ; elle n'allait pas rester chaude à jamais.
S'approchant de la surenchère douteuse après mille chapitres, Ippo s'essaie à la compétition mondiale. Dieu sait que cela n'a pas réussi à Eyeshield 21. Je craignais le pire quand, au détour d'un fourré, surgit le meilleur. Je ne l'attendais pas. Pas après si longtemps en tout cas.
Ippo connait une défaite cuisante alors que son parcours - jusque là linéaire et tout tracé - connait une fin brutale. Ce coup final porté par Gonzalez marque le début d'un renouveau que j'appelais de mes vœux sans jamais y croire. La routine est brisée comme une mâchoire sous un uppercut. Les thématiques nouvelles jaillissent de toute part : le progrès dans la tradition, le voilà. Il se sera fait attendre mais il aura au moins prodigué son petit effet.
Si, jusque là, Ippo n'avait perdu qu'une fois, ses défaites pèsent maintenant très lourd sur la suite du récit. Le ton s'appesantit dès lors, un cap a été franchi. Du long fleuve tranquille qui nous avait porté jusque là, il ne reste que des flots houleux et imprévisibles qu'on n'aurait osé soupçonner.
George Morikawa aurait-il attendu plus de vingt-cinq ans pour mieux prendre ses lecteurs au dépourvu ? Cette contre-prise m'a en tout cas allongé en beauté sans que je ne m'y attende : bien visé, George.
Les combats contre Gonzalez et Guevarra ne sont plus des étapes dans le récit mais des ruptures nettes et incisives dans ce que l'intrigue nous avait proposé jusqu'à lors. Un changement brutal de paradigme. L'œuvre a indubitablement gagné en maturité.
La ligne tracée par Takamura et le sermon qui la précédait était plus violent que tous les coups que Makunouchi a pu prendre dans la gueule. Les deux personnages ont, en un chapitre, gagné une dimension aux strates presque démesurées au regard de ce qu'ils étaient jusqu'à cette étape de développement de leur personnalité.
Si les récurrences avec Ashita no Joe se voulaient rares, elles commencent alors à poindre avec la malédiction Punch-Drunk Syndrom. La thématique est lourde et éminemment sérieuse, les conséquences sur le récit ne seront que d'autant plus violentes. La croisière relaxée qu'était le trame d'Ippo s'engage alors vers quelques voies plus ténébreuses. La victoire en chantant, c'est fini.
L'ambiguïté quant à savoir si Makunouchi est réellement atteint par le syndrome ou non ne rend la lecture que plus délectable. Entre accablement et faux-espoirs, Morikawa joue au yoyo avec nos nerfs. Les combats, après avoir été longtemps inopérants, regagnent enfin en intensité avec ce nouvel enjeu qui plane au-dessus du personnage principal. Les implications sont plus conséquentes, le résultat davantage inattendu.
Ce point de bascule est en plus l'occasion d'approfondir - voire même d'entamer - la relation entre Ippo et Kamogawa. Leurs liens paraissent renforcés par cette adversité nouvelle. Là où cet entraîneur bougon était un personnage secondaire sans réelle prétention et même pas mal effacé de l'intrigue, son rôle et ses aspirations nous emportent et nous subjuguent.
Digne jusque dans ses moindres détails, l'auteur ne dessinera pas une larme pour la retraite forcée de Makunouchi non sans que celle-ci demeure émouvante. Mais le manga ne s'arrête pas là. À dire vrai, il renaît passé les cent volumes. Ce nouveau souffle offre au manga l'élan qui lui manquait désespérément après près de trois décennies de parution.
Kumi elle aussi gagnera en épaisseur à compter de ce changement de paradigme. Elle, pourtant si lisse et d'une platitude insolente se révèle être un antagoniste subtil de Ippo qui, l'étouffant d'un amoure égoïste, cherche absolument à le détourner du ring vers lequel ce dernier souhaite pourtant revenir à tout prix.
S'ensuit une phase de flottement pour le protagoniste principal. Homme de coin dans le ring puis entraîneur, Ippo se cherche. Au gré de ses errances finalement fructueuses, les indices s'accumulent autour de lui quant à son éventuel retour. Il est enfin ce monstre dont parlait Takamura et les preuves qu'il soit atteint du syndrome qu'on lui prête ne sont pas concluantes. L'insistance de ses pairs à le ramener au centre du ring rend son retour inéluctable. Mais George Morikawa prend son temps. Tout vient à point à qui sait attendre. Il aura attendu des décennies avant de nous frapper au menton pour s'assurer que le coup soit efficace. Il prend son temps et en fait un bon usage.
De tous les mangas encore en cours de parution qu'il m'a été donné de critiquer, il est l'un des rares que je continuerai à suivre.
Boxeur habile, prudent même, George Morikawa n'a rien d'un technicien ou d'un puncheur de génie. Son style - bien qu'indubitablement travaillé - est commun. Extraordinaire est un adjectif inconnu à son répertoire. Sur le ring, les rounds se suivent et se ressemblent. Mais alors qu'on croit savoir que la victoire ne se déterminera qu'au décompte des points, l'auteur contre au dernier moment et gratifie son lecteur d'un K.O dont ce dernier se remettra difficilement.
Morikawa ne frappe pas fort, il frappe juste. Là où il faut et quand il le faut. Dans sa catégorie, il n'est ni le plus fort et certainement pas le plus faible. Mais du peu de potentiel dont il dispose, il l'exploitera intégralement sans rien laisser au hasard.
L'espoir est permis : il reste encore de bons Shônens, mais ceux-là ont commencé à paraître il y a longtemps. Paradoxalement, il faut privilégier les recettes à l'ancienne pour faire du neuf.
P.S : Petite remarque Meta rapportée par le personnage d'Umezawa quant au fait qu'un mangaka est souvent surpassé par ses disciples. Morikawa comptait parmi ses assistants un certain Kentaro Miura.
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le 5 mai 2020
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