Che chuis Chiclone Claude ! Agrougrou, che chuis méchant !
Jackals aurait pu être une très bonne série si elle s'était contenté de rester dans le schéma narratif et technique avec lequel elle avait débuté.
En effet, les premiers tomes sont franchement engageants. Une bonne ambiance, des tueurs barjos et sans pitié, une ville cradingue rongée par la corruption, théâtre d'une guerre de gangs. Sans être très originale, ce genre de trame est suffisante pour attirer l'attention. Surtout que le dessin est assez classe et renforce la cruauté et la brutalité des affrontements en adoptant un style assez lourd, brut, avec des traits gras et une mise en scène très chorégraphiée mettant en valeur la puissance des protagonistes et les magnifiques symboles phalliques qui leurs servent d'armes.
Jackals est un pur manga de baston, ni plus, ni moins. Enfin, c'est qu'il aurait dû être si tout s'était bien passé.
Très vite, le scénario tente de s'étoffer, veut nous montrer des choses dont on se fout et nous parler de personnages inutiles. On veut des combats avec du sang qui gicle sur les murs et des mecs qui se font couper en deux dans le sens de la longueur, pas des séances d'entraînement bidons et une histoire d'amour platonique qui ne font que ralentir le rythme et discréditer le héros, déjà pas très futé.
En plus, si l'histoire tenait debout, ce serait encore acceptable, mais on voit venir les retournements de situation et les trahisons à 10 kilomètres, des personnages inutiles et absolument pas charismatiques sont constamment mis en valeur alors que les personnages classes qui auraient mérité un peu plus d'attention crèvent dans des combats de deux pages et demie. Et puis merde, étaient-ils obligés de complexifier autant l'histoire ? En sept tomes, on n'a rien le temps de raconter, alors pourquoi ne pas se concentrer sur la baston ? Un ersatz de scénario en guise de prétexte à des combats dantesques, c'était largement suffisant.
Mais le plus déplorable dans tout ça, c'est le dessin qui perd beaucoup de sa qualité au fil du temps. Les traits bruts et épais et le style chorégraphié laissent leur place à une plastique bien plus conventionnelle. Les combats paraissent bien moins violents, l'ambiance moins noire et c'est finalement l'attention du lecteur qui perd en intensité.
Petite remarque sur la traduction : les traducteurs français ont effectué un minutieux sabordage consistant à rendre les personnages encore plus ridicules avec des noms tels que "Cyclone Claude", "Hans le Dynamiteur", "Alligator Nichol" ou encore "Foa Requiem". Des noms très chantants qui nous rappellent que le je-m'en-foutisme peut, en amont, faire des ravages sur une œuvre.
Alors pourquoi 6/10 alors que j'aurais pu lui mettre juste la moyenne voire moins ?
Parce que les premiers tomes sont absolument jouissifs et que jusqu'à la fin, défile une bonne brochette de personnages aux capacités monstrueuses. Jackals, c'est une pluie de testostérone et d'hémoglobine qui s'abat sur votre mangathèque. Malgré mes piques concernant le dessin et le scénario, je dois avouer qu'il reste quand même assez sympa et mature. Cependant, ma frustration découle de ma déception face à une œuvre au débuts prometteurs qui n'arrive pas à reconduire ses qualités au delà des trois ou quatre premiers tomes. Jackals est un manga à essayer, au moins pour mater les premiers tomes (et pour se fendre la gueule sur les noms des personnages).
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