Jardins Sucrés par Eric17
Je garde un bon souvenir de la série pour enfants « Le roi catastrophe ». Elle était le fruit de l'association de Fabrice Parme et Lewis Trondheim. Cela m'avait donné envie de me plonger dans une autre de leur collaboration. Il s'agissait d'un opus construit autour de Spirou et Fantasio intitulé « Panique en Atlantique ». Mais ma critique d'aujourd'hui porte sur le dernier travail commun. Paru il y a quelques mois, cet ouvrage s'intitule « Jardins sucrés ». Il est édité dans le collection « Shampoing ». Il se compose d'une grosse centaine de pages. D'un format relativement petit, ce bouquin est vendu pour environ douze euros. La couverture est simple. Elle nous présente un panda des plus sympathiques. Une petite fille aux nattes rousses se cache derrière lui. Il ne restait plus qu'à plonger dans la lecture pour en savoir un petit peu plus...
L'histoire se construit dans un premier temps autour d'un couple formé d'une petite fille et d'un panda. Le second est le doudou de la première. Mais le second voit également la première comme son doudou. Voilà donc le point de départ de cet album. On y a voit également gravité d'autres couples construits sur le même format faisant intervenir une autre petite fille, un jeune garçon et un adolescent. Côtés animaliers, la licorne, un monstre, un tigre et un koala sont de sortie...
« Jardins sucrés » s'adresse, à mes yeux, essentiellement aux jeunes lecteurs. Cela se traduit tout d'abord par la thématique de l'histoire. Le lien doudou-enfant est une étape centrale de la construction de l'enfant. Elle a été élevée au rang de culte dans la série « Calvin & Hobbes ». Mais cette dernière s'adressait à un public plus adulte avec beaucoup de second degré et de nostalgie dans ses propos. Dans la réalisation de Lewis Trondheim et Fabrice Parme, le ton est plus léger et facile d'accès pour les plus petits. On nous décrit les aventures d'un enfant avec son meilleur compagnon. Finalement, on ne va pas beaucoup plus loin. C'est sur cette base que se construisent les gags qui agrémentent chacune des pages de l'ouvrage...
L'album se structure de manière classique. Chaque page correspond à une histoire composée de trois ou quatre cases. Chacune possède une unité chromatique pour ses décors de fond. On passe donc d'une page verte à une rose, en passant par une bleue ou une jaune. Cela donne un côté « bonbon » à la lecture mais ce n'est pas désagréable. D'ailleurs les décors sont relativement épurés. Tout est vraiment centré sur les personnages, leurs aventures et leurs dialogues. Les pages sont donc peu chargées et rendront ainsi la lecture aisée. Les premières pages laissent paraitre que chaque gag est indépendant. Mais au fur et à mesure que notre lecture avance, un lien entre les différents protagonistes apparait. Rien de complexe mais suffisant pour faire naitre un fil conducteur qui n'était pas posé dès les premières pages.
Concernant le contenu même, il est plutôt drôle. Trondheim n'a plus de preuve à faire concernant sa capacité nous faire rire en très peu de mots. Les premières pages sont agréables et on s'y plonge avec plaisir. Le fait que le nombre de personnages soient relativement succincts fait que certains running gags font mouche facilement. A contrario, les unités de temps, de lieu et de personnages font qu'on a tendance à se lasser de certaines situations. Le côté répétitif fait baisser notre attention et cela est bien dommage. Les auteurs essaient de relancer la deuxième moitié de l'ouvrage en offrant une trame plus contenue et en multipliant les interactions entre les personnages. Mais le soufflet ne prend jamais vraiment. On est curieux de connaitre le dénouement par habitude et non pas par curiosité. C'est une déception.
En conclusion, je ne suis tombé entièrement sous le charme de cet ouvrage. L'idée m'intéressait. Les auteurs me plaisaient énormément. Au final, j'ai fini ma lecture en me disant que plus de cent pages, c'est peut-être beaucoup. Trondheim et Parme ne sont pas arrivés à offrir à l'ouvrage une réelle densité humoristique. Au bout d'un moment, la nouveauté disparait et l'ennui apparait. C'est dommage...