Au Japon, Je suis Shingo est considéré comme une œuvre culte et un indispensable de la science fiction. Son auteur, Kazuo Umezu est désormais reconnu en France en ayant obtenue le prix du patrimoine d'Angoulême avec Je suis Shingo. Mais où nous mène l'auteur de l'école emporté et la maison aux insectes avec ce manga unique en son genre.
Nous découvrons la vie de Satoru, un jeune garçon curieux et plein de vie élevé par un père immature et une mère obnubilée par la réussite sociale. L'usine dans lequel travail le père de Satoru accueil deux Robots. Le père de Satoru qui doit s'occuper des Robots déprime en voyant qu'ils remplacent peu à peu son travail.
Satoru va rencontrer les robots lors d'une visite avec sa classe. Quand sa classe quitte l'école, il croise une classe de fille et remarque Marine. Les deux enfants vont chercher à se retrouver à l'usine attiré par une envie de se voir et de se connaître. Une amitié née se transformant rapidement en un amour innocent et pur qui effraye leurs parents. Les deux enfants vont s'occuper en cachette d'apprendre une multitude de choses au robot dénommée Monroe (nommée Monroe en hommage à Maryline et vue comme le sommet du modernisme).
Alors que la situation dans leur famille va peu à peu se dégrader, les enfants vont forger un lien profond entre eux alors qu'ils apprennent tout ce qu'ils savent au robot. Au terme d'un second tome totalement ahurissant, le récit se transforme et quelque chose prends vie.
À Partir du tome 3, Satoru et Marine vont devoir entrer dans l'âge adulte malgré eux alors qu'ils sont encore enfant et une violence immense va leur amener de nombreux tourments. Cette violence viens du monde égoïste des adultes. Seule personnage amenant du positif, le nouveau née Shingo va alors découvrir le monde et essayer d'aider Satoru et Marine séparée l'un de l'autre par des milliers de Kilomètre.
Il est difficile de ne pas trop en dire devant une œuvre aussi dense et florissante. Umezu s'attache à opposer l'innocence et l'inventivité des enfants aux adultes qui ont peur de tout et ont une vision étroite du monde. La norme, le racisme, la politique et la crainte de l'inexplicable s'opposent alors à la curiosité, l'expérimentation et l'amour apporté par les enfants. Cette vision est d'autant plus intéressante quand on vois le parcours de Shingo, élevé par des enfants et livré seul au monde. Grandissant à toute vitesse, atteignant le statut de presque dieu avant de vieillir, perdant ses moyens à petit feu, s'est une vraie vie en accélérée que nous observons.
Ce manga s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes malgré sa violence. Il peut se montrer fantastique voir horrifique pour des enfants (et plus grands) mis révèle beaucoup de choses sur notre monde selon le niveau de lecture (internet, les jeux vidéos, le lobbyisme, l'individualisme..)
Le titre est très sombre, on est confronté à de nombreuses morts d'enfants et nous sommes plongés dans la solitude des personnages. Cela passe aussi par les sublimes visuels de Umezu. Le trait est noir et précis quand la mise en page, millimétré amène autant le mystère que le suspense, la science fiction ou l'amour. L’enchaînement des cases est hypnotique et fascinant comme rarement dans une bd. J'ai particulièrement aimé les illustrations pleine page présentent à chaque début de chapitre.
Je suis Shingo est une lecture incroyable. Un récit aux interprétations multiples et d'une densité folle.
Une lecture qui n'a pas démérité son statut de manga culte et de chef d’œuvre de Umezu.
On retiendra longtemps l'histoire d'amour innocente de ces deux jeunes enfants et des dernières pensés de Shingo « Après ça, il n'est resté que l'amour.. ».