Le postulat de départ de cette bande-dessiné est très curieux, tellement curieux qu'il a un peu tendance à donner une dimension comique malgré elle à l'ensemble de la BD, et ce n'est peut-être pas une bonne chose.
La BD commence en nous présentant un couple banal, la quarantaine, en train d'arriver à Palavas, petite ville balnéaire dans lequel ils comptent se faire une semaine de vacances. Sauf qu'un fois à la plage, le mari se fait décapiter (oui oui) par un toit en taule qui se serait détaché à cause du vent et donc aurait eu aurait assez de puissance pour détacher sa tête de son corps.
Ce n'est évidemment pas réaliste et c'est voulu: la scène n'a rien de gore. Pas une goutte de sang, la scène est dessinée en montrant tout simplement le mari debout, mais dont la tête n'existe plus, comme effacée à la gomme.
Ce n'est pas un souci en soi, sauf que plutôt que de partir sur un récit décalé où tout peut arriver, l'auteur préfère rester dans un registre réaliste en se concentrant sur le parcours de cette femme, qui décide de "rester" à Palavas malgré tout (d'où le titre), et tente ainsi de faire une sorte de deuil étrange, de trouver un sens à la vie. L'émotion peine à naitre car on ne sait pas vraiment si le ton voulu est plutôt celui du lard ou du cochon... En très gros, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer.
Mais qui est l'auteur de cette BD? Ah mais c'est Trondheim? On l'aurait presque oublié comme il n'est pas au poste de dessinateur!
Pourtant, on retrouve complètement certaines de ses marques de fabrique, comme celle de nous présenter des personnages dans le doute, ou encore de nous présenter des personnages farfelus, comme ce collectionneur d'articles de journaux sur les morts les plus stupides (vous imaginez bien que la femme et ce personnage vont se rencontrer).
On retrouve évidemment le ton aigrie de l'auteur avec des allusions à la pollution, à cette foutu société de consommation ("les Kebabs ne sont même pas dignes d'être mangé par les chiens"), à ce WIFI qui finira bien par nous donner un cancer... Tous ces thèmes chers à Lewis qui ne change clairement pas de disques à ce niveau-là, ça commencerait presque à être redondant.
Le dessinateur quant à lui est Hubert Chevillard. Il est plus connu pour avoir travaillé dans l'animation que dans la bande-dessiné, notamment pour Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville notamment...).
Son style est plaisant, semi-réaliste (les personnages ont des yeux à la Hergé) avec un encrage tout en douceur... L'aquarelle vient magnifier tout ça.
C'est plutot du très bon travail, dommage que le ton de l’œuvre soit si incertain...