Love(craft) Story
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le 2 janv. 2014
Mike Mignola nous convie à un éprouvant périple dans les abîmes d’un Londres victorien, poursuivi par une créature lovecraftienne, un tueur psychopathe et une secte déviante.
L’histoire de cette œuvre est un mystère en soi. Le pitch et les premiers dessins, que l’on retrouvera dans les dernières pages, sont offerts par Troy Nixey à Mike Mignola pour qu’il en tire un scénario. Nixey dessine les premiers chapitres, avant de se retirer. Le projet est achevé par Farel Dalrymple, qui se coule dans son style. Bien que conçu pour être en couleurs, l’ouvrage est publié en noir et blanc. Vingt ans plus tard, il ressort après avoir été colorisé par Dave Stewart.
L’histoire mêle habilement un Londres préindustriel, débarrassé de son traditionnel fog, un infernal monstre marin et lovecraftien, un tueur de prostituées, des croyances puritaines, une quête de bouc émissaire et une inquiétante jeune fille.
Le découpage est agréable, mais le dessin de Noxey surprendra. Si les décors et les costumes sont réalistes, ses visages sont anguleux, comme cabossés par la vie, les épreuves ou le péché. Ses nez sont épatés, ses fronts soucieux, ses lèvres lippues. La seule figure harmonieuse est celle de son héroïne, Jenny Finn. Ne vous fiez pas à sa candeur...
Cthulhu était une créature extraterrestre, aux formes vaguement humanoïdes, associant une tête de sèche, des tentacules, des nageoires ou des ailes de dragon. Engloutie sous les flots du Pacifique, elle faisait l’objet d’un culte par des êtres aquatiques et des humains dévoyés. Lovecraft écrivait : « Nul ne saurait décrire le monstre ; aucun langage ne saurait peindre cette vision de folie, ce chaos de cris inarticulés, cette hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et de l'ordre cosmique. »
Contrairement aux super-méchants disneyens ou marveliens qui nous abrutissent sous une logorrhée de menaces, imprécations, justifications et autres sarcasmes, le monstre lovecraftien agit et se tait... C’est bien agréable.
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le 31 oct. 2019
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