Il apparaissait évident qu'au bout d'un moment ce nouveau cycle spawnien finisse par perdre de sa superbe. Cette chute nait dans le quatrième tome. La chute est multiple si je puis me permettre, et je vais essayer, avec mes faibles ressources de vous montrer les quelques faiblesses de ce tome sans pour autant oublier les grandes qualités, qui sont toujours présentes.
A tout seigneur, tout honneur, Szymon Kudranski continue à nous éblouir au niveau visuel. On garde la même beauté, la même noirceur, le même dynamisme de mise en page. Tous les personnages se ressemblent mais pourtant, tous sont uniques aussi. Le masque du péché est visible sur cet univers. Malheureusement, de par le développement scénaristique plus faible, nous ne pouvons jouir des nuances de teintes comme c'était le cas précédemment. Je vous rappelle qu'au préalable, chaque ambiance (démon, journaliste, vampire) avait ses propres couleurs. Ici ce n'est malheureusement plus le cas bien que quelques scènes auraient pu le permettre.
Sinon, la majorité des personnages étant humain, on ne peut jouir de la vu d'un démon ou d'un ange bien représenté. La forme démoniaque du Streum est certes pas mal, mais celle angélique de Jim est plus que moyenne. Le Spawn aux ailes de démons est à mi-chemin entre le génialement "cappulotesque" et l'énorme regret de voir un manque de réappropriation total du visuel de Spawn pour ce passage. Ca reste cependant un moment où le héros a bien la classe visuellement et on appréciera.
En terme de scénario, on a le droit aux éléments habituels. Délire mystique sur le paradis et l'enfer et enquête sur le passé de Jim Downing. Malheureusement ce premier élément passe vite à la trappe. Un chapitre, même pas deux, suffit à défaire Malebolgia et à passer outre les explications sur les pouvoirs angéliques de Downing. Certes, des sous-entendus sont faits qui nous laissent dévoiler des pistes intéressantes pour l'avenir, malheureusement, le fait de totalement écarter ceci immédiatement n'aide pas.
Cette impression est encore plus renforcé avec la disparition immédiate de Malebolgia. Alors qu'on ne cesse de nous faire monter la pression depuis 3 tomes, nous n'avons en réalité qu'un pétard mouillé. Et ce n'est pas le Violator qui va nous contredire. En effet ce-dernier est tout simplement absent de l'ensemble du tome ! Twitch n'apparaît pour sa part que sur une seule case. Pourtant, son collègue Sam Burke est censé avoir été tué depuis quelques heures par le Violator justement. Une énorme partie de l'histoire de Spawn vient d'être mise de côté, j'avoue être impatient de la retrouver !
De l'autre côté, malgré ces énormes absences et le fait que tout soit traité trop rapidement, vis à vis de l'aspect "mystique" nous avons quand même quelques bonnes surprises. Le symbiote de Spawn reprend enfin la parole, ça manquait. Blutt, le seigneur vampire, est également un peu mis en avant sur une courte scène, ce qui nous permet de nous le montrer plus malin que ce que l'on aurait pu penser. Jim a voulu le rouler dans la farine, mais Blutt sait profiter de cette nouvelle star. De plus nous voyons deux belles résurrections, la première est visuelle ... Un clochard qui ressemble comme deux goutes d'eau à Cogliostro. S'agirait-il bien de lui ? Ou alors cette ressemblance n'est qu'une feinte et c'est la nouvelle forme de Malebolgia ? Je ne peux m'empêcher d'espérer voir revenir le tout premier Hellspawn, ça serait vraiment grandiloquent !
Le second a être de retour n'est que nommé, il s'agit de Al Simmons him-self. Certes, il n'est pas vraiment ressuscité, mais il est dit très clairement que si jamais le nouveau Spawn souhaite dominer la terre, alors Simmons reviendra. Cette annonce au accent de menace nous permet de nous rappeler que si Downing est certes vu comme une arme, le vrai héros, le plus puissant de tous les Spawn, c'est Al Simmons, qui a été capable de vaincre Dieu et le Diable.
Pour l'histoire plus classique, c'est à dire la recherche d'identité de Jim Downing. On avance à pas de géant. Avec notamment le retour de Richard/Tremor (surnommé le Fracas désormais). Bon, son histoire change légèrement mais reste en même temps très proche de l'original. Le fait d'avancer, de découvrir des liens avec les anciens ennemis de Spawn (Streum, Overkill) explique pas mal de chose sur l'aspect "sur-humain" de certains de ces ennemis. On gagne en cohérence et dans le même temps on se plait à voir toutes les pièces du puzzle se retrouver.
Malheureusement, je regrette deux choses. La première est de faire du Pré-Downing (avant le coma donc) quelqu'un de non-monstrueux comme cela avait été sous-entendu dans le tome 3. Certes, C'est un bon gros connard, mais à la différence d'Al il n'a pas détruit lui-même ce qu'il aimait. A l'inverse, on nous laissait supposer que Pré-Downing était véritablement une ordure de la pire espèce avant. Malgré tout, ça reste peu claire.
Second défaut, on retrouve, encore et toujours, Jason Wynn. Bon, autant dans les flash-back c'est sympa, autant voir qu'il est encore actif de nos jours, c'est énervant quand on sait qu'Al Simmons avait détruit toute son influence au lendemain de l'apocalypse. Puis, merde, ça a un côté "le grand méchant loup" à chaque fois. Retrouver encore le même ennemi qui est si stéréotypé m'énerve. Et de la même façon, on perd peut être l'illusion danti-manichéisme, où tout le monde serait mauvais. Wynn est le stéréotype du méchant. Il n'a pas d'humanité réel en lui, c'est ça qui le rend sans saveur. Les démons eux-même sont bien plus complexes.
Au final, avec de multiples révélations, un approfondissement de l'histoire et un graphisme a couper le souffle, ce tome 4 de Spawn est une réussite. Malheureusement, par rapport aux tomes précédents, le niveau baisse, notamment avec une perte de la complexité des rapports entre les personnages. Une perte qui s'explique par l'absence de plus de la moitié des personnages importants. Je me permet donc d'espérer que le prochain tome reviendra vers des problèmes plus bibliques et nous permettra de voir d'autres âmes torturées que celle de Downing.
