Julien Boisvert vit désormais au Mexique où il est cuisinier dans un bouiboui qu’il tient avec Elena. Cette femme, probablement mexicaine, a le sang chaud, ce qui donne une ambiance très électrique. L’attitude de Julien n’y est pas étrangère, puisqu’il lui soutient qu’elle est la seule femme dans son cœur. Visiblement Elena n’est pas tombée de la dernière pluie et elle doute fortement de la sincérité de son homme.


Depuis l’album précédent, quelques années ont passé, puisque Molly débarque à l’improviste accompagnée d’un jeune garçon (environ 5 ans), qu’elle présente à Julien dans des circonstances mouvementées : Kévin, leur fils ! Mais la mère n’est pas là juste pour faire en sorte que Kévin et son père fassent connaissance.


Comment et pourquoi Julien est venu s’installer au Mexique, nous ne le saurons jamais. Disons qu’il est toujours à la recherche d’un certain équilibre passant par la connaissance de soi. Pour cela, il suit l’enseignement d’un chaman local, don Carlos, auprès de qui il espère apprendre la sagesse. Cette quête apporte une touche de magie qui porte l’intrigue dans une direction assez inattendue. Le lien avec la nature est bien dans la lignée de l’univers de la série, avec quelques paysages somptueux et une réelle influence du règne animal. Julien trouvera un chien comme guide dans des circonstances étranges qui amèneront ensuite don Carlos à faire une demande insupportable à Julien.


En seulement 46 planches, l’album (qui date de 1992) recèle une foule de détails, chacun ayant son importance. Il y a l’étonnante lutte (pas seulement psychologique) entre Elena et Molly, qui finalement se révèle quasiment dérisoire vis-à-vis du bras de fer s’engageant entre don Carlos et Julien. L’ambiance du Mexique est remarquablement rendue, aussi bien dans les paysages naturels que dans les décors urbains (marché, fête). Les personnages sont parfaitement croqués, y compris les plus secondaires (un client du bouiboui, un policier, etc.) sans oublier Gilbert (le chien de Julien), toujours aussi fantasque. Les couleurs d**’Isabelle Rabarot** sont à l’avenant, avec le bleu du ciel assommé par un soleil de plomb, le jaune de la poussière et le rouge de la passion qui éclabousse certaines cases (du sang mais aussi de la tomate). Le dessin de Michel Plessix rend parfaitement compte des mouvements et des éclats de fureur des personnages, car si Julien recherche la sérénité, il est entouré de forts caractères ! Encore une fois, chaque planche est un régal, le dessinateur utilisant l’espace à sa disposition avec bonheur, en variant intelligemment l’arrangement des cases (de toutes tailles) ainsi que les cadrages. Le scénario, toujours cosigné Plessix et Dieter, se passe quasiment de narration extérieure. Petit bémol cependant concernant ce scénario, avec deux zones d’ombre autour de points importants (des morts violentes). On peut également regretter le prologue finalement un peu gratuit. En dépit de ces réserves, l’album est de très bonne facture et il contribue largement à la qualité de la série.

Electron
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le 28 juil. 2016

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