Le Joker est un personnage à part dans l’univers des comics. Unique même ! C’est également, mais c’est bien moins important, mon personnage fétiche, mon préféré, tout éditeurs confondus. Dans un monde où l’on a le moins en moins le droit de faire ce que l’on veut, où il faut toujours faire attention à ce que l’on dit, où la société est de plus en plus aseptisée, il est de plus en plus plaisant de lire des des titres, des épisodes, où le Clown Prince du Crime, parangon du chaos, laisse libre court à ses envies, à ses folies, sans qu’il ne se soucie un seul instant de ce que l’on pourrait bien penser ou dire de ses actes.


Le Joker est enfin parvenu à ses fins : il a tué Batman au cours d’un duel explosif ! Mais à présent que son plus cher ennemi n’est plus, que lui reste-t-il à faire de ses poursuites ? Ainsi, l’ancien Clown Prince du Crime devient Joe Kerr, un simple citoyen de Gotham, et ne tarde pas à tomber amoureux. Mais l’ancien maniaque est-il véritablement devenu sain d’esprit ?
Joker – Fini de Rire présente deux récits complets où les facettes les plus intimes et terrifiantes du clown psychopathe se dévoilent. J.M. DeMatteis (La Dernière Chasse de Kraven) et Joe Staton (Green Lantern) offrent dans un premier temps le portrait d’un Joker visiblement guéri, mais rongé par son passé et ses névroses obsessionnelles, tandis que Chuck Dixon (Batman Knightfall) et Graham Nolan (La Vengeance de Bane) transfèrent le Clown Prince du Crime des quartiers de haute sécurité d’Arkham au pénitencier de Gotham, dans le couloir de la mort !
(Contient les épisodes Batman : Legends of the Dark Knight #65 à 68 et The Joker : The Devil’s Advocate)


Quand on regarde un peu en arrière, le temps de quelques années, on pourrait facilement se dire que tout le « bord... » ambiant (aussi bien naturelles que pandémiques) sont l’œuvre d’un dément comme le Joker. Heureusement, il ne reste qu’un personnage de comics, et ceux depuis 80 ans ! (En 2020, date de sortie de cet ouvrage chez Urban Comics).


En autant de décennies, le personnage a beaucoup évoluer, emprunté de nombreux chemins, mais en maintenant toujours le même cap, le même objectif : semer le chaos et tourmenter son meilleur ennemi, son cher et tendre Batman ! Car il ne faut pas se voiler la face, le Joker n’est pas un simple adversaire pour Batman. Et Batman n’est pas qu’un simple ennemi du Joker. Les deux hommes sont indissociables l’un de l’autre ! Les deux hommes, exact opposés l’un de l’autre, l’ordre et le chaos, le bien et le mal ! A tel point que l’un ne pourrait pas exister sans l’autre, et vice versa.


C’est un point de vue qui revient de façon régulière dans les comics, cette étrange relation entre les deux personnages. Dans ces épisodes de Legends of the Dark Knight de 1994, alors que nous sommes aux débuts de Batman à Gotham, DeMatteis et Staton poussent l’idée au maximum. Le Joker parvient à l’impensable, il tue Batman !


Mais une fois la joie et l’allégresse passées, une effroyable question s’empare du Joker ! Et maintenant ?


Sans Batman, sa vie de criminel n’a plus aucun sens, et voilà qu’il range ses armes, sa folie et ses tenues excentriques, le Joker laisse place à Joseph Kerr, nouvel habitant de Gotham prêt pour une vie des plus banales, amour, boulot, dodo. Il reste néanmoins quelques crises de folie passagères. Mais le personnage redevient, devient, normal.


Loin de là, Batman, qui a forcément survécu, se remet de ses blessures. Loin de Gotham, loin du Joker, lui aussi retourne à une vie normale. L’un sans l’autre, la folie disparaît, le chaos disparaît, malheureusement pour eux, heureusement pour le lecteur, le retour de l’un entraînera forcement la rechute de l’autre également.


C’est vraiment une histoire qui mérite d’être lue, qui se doit d’être lue. La relation entre le Joker et Batman est complexe, inédite, unique, et J.M. DeMatteis pousse l’idée au maximum avec ce retour à la normale. Qu’il est amusant de voir qu’ils ne sont rien sans l’autre, qu’ils s’attirent comme des aimants, comme si cette lutte sanguinaire était une valse endiablée vouée à ne jamais s’arrêter.


Graphiquement, je ne connaissais pas vraiment Joe Staton. Je trouve que les dessins ont un peu vieillis. Cela reste par moment assez brouillon, il y a une grosse impression de statisme dans les scènes d’action, et même de manière générale. Les personnages ne sont pas toujours au top, et le Joker ne dégage pas grand-chose. J’ai eu un peu de mal, je l’avoue.


Le tome se termine avec un one shot où Batman se démène comme un beau diable pour empêcher le Joker d’être exécuté ! Depuis qu’il a quitté Arkham pour une prison plus classique, le clown est dans le couloir de la mort. Mais alors que tout son entourage, ne verrait pas la mort du Némésis de notre héros, même s’il est innocent du crime pour lequel il est condamné, d’un mauvais œil, Batman lui, tient à la sauver !


Est-ce son total don à la justice ou son lien avec le Joker qui le pousse a agir de la sorte ? Comment vouloir prendre la défense d’un personnage comme lui et regarder Barbara Gordon les yeux dans les yeux ? Alors qu’il veut défendre, sauver, celui qui l’a rendu handicapée ? Comment vouloir empêcher la mort de celui qui a tué tant de gens, dont Jason Todd ?


Une histoire sympathique, qui s’intègre à merveille dans cet ouvrage.


Bref, une excellente lecture, une très intéressante réflexion sur ce lien si spécial qui unit le Joker et Batman. Un lien auquel il est difficile, pour ne pas dire impossible, de donner un nom, la seule chose qui nous saute aux yeux en refermant se tome c’est que le Joker ne finira jamais de rire, tant que Batman sera à Gotham ! Et notre héros ne pourra jamais ranger sa cape tant que l’écho des rires glaçant du clown résonne les ruelles sombres de la ville !

Romain_Bouvet
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le 3 avr. 2022

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Romain Bouvet

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