Dans la continuité tortueuse des comics, il est parfois bon de pouvoir se reposer sur quelques bases solides, quelques récits qui font figure de points d’ancrage afin de marquer les temps forts dans la chronologie de nos supers héros préférés.
De par son immense popularité (et sa longévité sans précédents), Batman nécessite justement quelques épisodes phares sensé mettre en exergue les temps fort de sa carrière. Des éléments souvent présentés en one shot, permettant de marquer le temps de quelques pages des événements devenus références dans les histoires suivantes.
C’est ainsi que se présente Joker, L’Homme qui rit. Faisant echo au cultissime Batman, Année Un de Frank Miller et David Mazzucchelli, on retrouve ici cette volonté de nous conter les origines dans l’univers du Chevalier Noir. Cette fois-ci, il s’agit non moins que de la première rencontre entre le Clown Prince du Crime et Batman. Pour ce faire, Ed Brubaker, secondé par Doug Mahnke aux dessins, se chargent de mettre en lumière le premier affrontement entre les deux icônes de Gotham. Alors que tous les lecteurs ont déjà été témoins à de multiples reprise d’une dualité semble-t-il séculaire, on assiste ici à la première rencontre qui donnera naissance à l’affrontement régulier entre le Joker et Batman.
La grande force du comics : réussir à mettre en exergue la personnalité de maniaque du Joker. Dès les premières pages, celui-ci apparait meurtrier, dangereux comme rarement, et semble-t-il prêt à tout pour instaurer son climat favori : le chaos.
A la manière de Année Un dont je faisais référence quelques lignes plus haut, le récit se scinde entre les réflexions du capitaine de police James Gordon et de Bruce Wayne/Batman. Les deux poursuivants leurs enquêtes parallèlement, s’appuyant sur leur nouvelle complicité pour renforcer leurs actions. Le plan du plus célèbre des patients d’Arkham est simple : s’en prendre aux idylles de Gotham et les abattre une à une, ne se privant pas d’ailleurs d’annoncer le nom de la victime avant de frapper.
A ce titre, Brubaker laisse la part belle à une réelle violence du Joker qui abat froidement en images : les morts s’enchainent, et la situation devient rapidement incontrôlable, nous présentant un Batman moins prompt à protéger l’ensemble (ce qui peut également s’expliquer par ses débuts de carrière en tant que justicier à cet instant). Menace illustre s’il en est, le Joker se met tout naturellement en avant en se montrant des plus redoutable : rapide et meurtrier partout ou il passe.
De fait, et malgré une histoire plutôt courte au demeurant, on prend rapidement conscience de la dangerosité extrême de cet énigmatique criminel. La brièveté du scénario d’ailleurs renforce l’urgence de cette chasse à l’homme, cette frénésie dans la poursuite pour endiguer un plan qui a pour but d’impacter Gotham City toute entière. Les références au Killing Joke d’Alan Moore contant la naissance du Joker achève également d’ancrer ce récit dans la mythologie Batman.
Si Joker, L’Homme qui rit se présente comme un simple récit sans prétention, il réalise parfaitement son objectif : présenter la nouvelle menace que représente le Joker. L’occasion pour le lecteur de découvrir le premier affrontement entre Batman et sa nemesis. Brutal, sanglant, et toujours aussi fascinant, le Joker prend possession des pages pour nous présenter son cirque macabre.
Cette édition Urban Comics se voit également enrichi d’une histoire complète de la série Gotham Central (Cibles Mouvantes, en quatre épisodes). Là encore, l’auteur met en exergue la folie rapidement générée par le Joker en focalisant le récit au coeur des hommes et femmes du G.C.P.D. Une enquête menée tambour battant, qui achève un comics dynamique et des plus efficaces dans sa narration.