Il y a eu un courant dans la BD underground américaine depuis les années 60 qui a fait florès : l’autobiographie du bédéaste en loser. Se raconter dans toute sa médiocrité, et montrer aussi la précarité de sa situation, Robert Crumb, Joe Matt, Julie Doucet, Riad Sattouf et tant d’autres se sont plié.es à cet exercice fanzinesque, voire ont bâti leurs carrières dessus.
« Jolis souvenirs » s’inscrit dans cette lignée et je pensais passer un joli moment à la lecture de cette BD au style graphique naïf déglingué, post-Cartoon Network (Les super nanas, Adventure Time…) qui m’évoquait celui de Mirion Malle, auteure que j’aime beaucoup, ou l’excellente BD « Le grand vide » de Léa Murawiec. Le problème, l’énorme problème, c’est que les personnages de Sid, elle et sa bande « d’amis », sont plutôt détestables, antipathiques, problématiques, en un mot, toxiques… mais pourtant présentés par l’auteur comme étant super cools. Je n’ai pas mordu à cet hameçon, la gêne s’est installée durablement et j’ai grincé des dents au moins une fois toutes les 4 pages !
Là où les auteurs et autrices cités plus haut montraient sans fard leurs faiblesses et lâchetés, ce n’était pas pour les glorifier, c’était un exercice de mise à nu et d’autocritique plutôt courageux. Là on se rapproche du concours d’anecdotes avec McFly et Carlito : comme un avant-goût de l’enfer…
Fabien - 3 bulles