Ce volume se concentre particulièrement sur l'univers et les personnages magiques de DC. Ce recueil est thématiquement plus pertinent et cohérent que le second tome, on est beaucoup moins désorienté à la lecture.
Tout d'abord, la mini-série Day of Vengeance est intelligemment introduite par l'arc Eclipsé écrit par Judd Winnick qui met en scène Superman et Captain Marvel face à l'esprit vicieux et corrompu de la vengeance : Eclipso. L'arc est moins bon que le Sacrifice (cf: le premier tome) mais plus convaincant que les épisodes filler d'Action Comics dans le second tome, et il remplit plutôt bien son rôle de prologue.
Vient ensuite la mii-série Day of Vengeance, dans laquelle le Spectre, désormais sans hôte et complètement désorienté, se fait manipulé par Eclipso et décide de détruire la magie et ses utilisateurs (rien que ça). L'auteur Bill Willingham, connu pour son travail sur la série de fantasy Fables chez Vertigo, ne navigue donc pas en eaux troubles et cette familiarité avec le genre se ressent à la lecture. L'ensemble ne tutoie pas l'excellence (le scénario est simpliste : aller tabasser les entités de la Vengeance pour tout simplement ne pas se faire réduire en cendre par le Spectre), mais c'est vraiment plaisant à lire du début à la fin. Les personnages sont plutôt réussis (surtout le Détective Chimp, l'Enchanteresse et le Loqueteux), on sent bien que l'auteur prend plaisir à les faire interagir (la relation entre le Loqueteux et l'Enchanteresse est particulièrement drôle).
Sur la forme, cela ressemble beaucoup à la mini-série Vilain United de Simone que l'on a pu voir dans le tome précédent. Les deux auteurs forment un groupe avec des personnages de seconde zone et parviennent à les rendre digne d'intérêt. Pour ma part, je trouve la mouture assemblée par Willingham plus accrocheuse et la narration plus efficace car moins éparpillée et plus resserrée thématiquement.
L'arc Crise de conscience de Johns et Heinberg sur les épisodes 115-119 de JLA clôture ce volume et fait office en quelque sorte de séquelle aux incidents survenus dans Identity Crisis. Ce n'est clairement pas le travail le plus inspiré de Johns, mais il ne compte pas non plus parmi les mauvais. Un arc qui aurait gagné en intensité s'il avait été raccourci d'un ou deux chapitres, s'il s'était passé de l'intervention d'un énième méchant qui manipule les pensées, s'il s'était concentré sur le dilemme moral relatif à l'altération des esprits par la magie plutôt des scènes d'action conventionelles qui se succèdent.
Parmi les effets de répétition ceux qui font écho à Identity Crisis ; comme la séance du vote entre les membres de la LDJ, les regrets qui hantent les pensées de Zatanna, le dilemme moral auquel sont à nouveau confrontés les héros ; sont appréciables même si on frôle légèrement la redite. Vu les exactions que peuvent commettre certains vilains (je pense notamment au viol de Sue Dibny par le Docteur Light), il m'est difficile de ne pas prendre le parti de Hawkman, Green Arrow et Flash, soucieux du bien être de leurs familles.
D'autres effets de répétition, involontaires ceux-là, versent dans la redondance lorsqu'on replace l'arc au sein de l'event. Le pauvre Limier Martien qui passe son temps à se faire agresser chaque fois qu'il est de garde à la Tour de la LDJ .La thématique de la possession et la manipulation des esprits des héros est surutilisée. Après Eclipso, on enchaîne avec Maxwell Lord, le Docteur Psycho et pour finir Despero.
La véritable bonne idée de cet arc, on la retrouve à la fin du dernier chapitre quand Batman se demande si le changement de comportement et de personnalité de Catwoman n'est pas à mettre sur le compte d'un lavement de cerveau que lui aurait infligé Zatanna.
En définitive, ce troisième volume est un poil meilleur que le second, mais n'arrive pas à la hauteur du premier.