Ces enfants qui sont plus que des enfants
Premier tome de la série Lou!, Journal Infime est à la limite du one-shoot. On y découvre Lou, petite pré-ado d'environ 11 ans, adorable au possible, qui vit avec sa mère, maman-célibataire, écrivaine à ses heures et accro aux jeux vidéos. La meilleure amie de Lou, c'est Mina, remarquable par son caractère bien trempée. Lou est amoureuse de Tristan depuis des années, qui vit dans l'immeuble d'en face. Lou est passionnée par la couture, le théâtre et la peinture. Artiste en herbe, elle voit le monde avec ses yeux, à la frontière entre la magie de l'enfance et une compréhension d'adulte.
Car, attention, Lou n'est pas une BD que pour les enfants ! Loin de là, une véritable volonté de mettre la magie de l'enfance au service des réflexions adultes est présente. Sans chercher à faire dans le militantisme une seule seconde, Julien Neel offre à ses lecteurs un véritable concentré émotionnel ravageur (honte-amour-tristesse) qui touchera vraisemblablement plus les adultes que les enfants.
Plus d'une séquence est particulièrement forte (l'absence du père de Lou, le départ de sa grand-mère, la toute fin).
L'humour est très présent, évidemment, et le dessin est déjà bien maîtrisé pour un premier tome. On a ce côté mignon à souhait, doux, caressant presque.
On rigole bien avec plusieurs blagues où l'humour est parfaitement contrôlé et maîtrisé. La première planche souligne le plaisir qu'a Julien Neel a faire preuve de cynisme.
On regrettera cependant le côté rapide de certains passages. Des évolutions trop brusques pour être concrètes.
On appréciera, de l'autre côté, l'énorme travail apporté à l'aspect poétique d'autres passages. Véritablement la douceur est un élément très important de Lou! sans jamais, cependant, nuire à l'aspect humoristique.
Ce premier tome finit, on est plein d'espoirs et de craintes. En effet, un tel travail aurait pu se suffire à lui-même et on est en droit de se demander si on ne risque pas de chuter en qualité avec un tome qui développerait d'avantage, remplaçant les joies de l'imaginaire par du trop-concret. Dans le même temps, Lou est si attachante qu'on a du mal à ne pas être heureux de pouvoir retrouver son petit monde.