Journey Into Mystery: Fear Itself par Kab
Kieron Gillen a très bien cerné le personnage du jeune Loki et en a fait un personnage attachant et un héros à part entière. Dans le premier numéro, il décide de donner un peu plus de pouvoir à son personnage grâce au savoir de son ancien lui. La confrontation entre les deux versions montre aussi les différences entre l'ancien et le jeune Loki.
Kieron Gillen intégre intelligemment Loki dans le crossover. Le jeune dieu n'a jamais été quelqu'un de fort ni qui se battait avec ses poings. Sa force, c'est son esprit. Le scénariste montre donc tout autour des six numéros restants le numéro d'équilibriste entrepris par Loki, ses alliances avec des personnages malveillants comme Mephisto, Héla et le Loup de Hel mais cette fois-ci, dans un noble but. Le scénariste s'amuse à brouiller les pistes et le but final de Loki demeure un mystère pour ses compagnons comme pour le lecteur qui tente d'en savoir plus au fur et à mesure.
En fait, Gillen fait un contrepoint très intéressant entre la série Thor de Fraction et la sienne. Thor, c'est toujours plus haut, plus fort, avec des personnages comme Galactus. Pour Gillen, c'est toujours plus profond dans les enfers avec Surtur et d'autres. Le scénariste exploite à merveille la mythologie nordique et ses nombreux personnages ainsi que la situation qu'il à lui-même créée lors du crossover Siege. Les intrigues alors nouées sont plus où moins résolues même si tout n'est pas très clair. Le scénariste a laissé volontairement des zones d'ombre comme lors du pacte entre Mephisto et Héla, se réservant ainsi quelques surprises.
Le seul point faible au niveau de l'histoire en elle-même reste la résolution. Je comprends tout à fait que la plume soit plus forte que l'épée mais je n'ai pas réussià savoir ce qu'écrivait Loki de si important. Peut-être, cela sera t'il dévoilé par la suite mais ne pas savoir est assez frustrant et rend l'intégralité de l'arc un peu moins bon malgré ses nombreuses qualités, notamment son rythme, ses personnages secondaires, les intrigues ou encore la narration qui mêle habilement humour, action, suspens et moments plus durs.
C'est vraiment dommage surtout que la galerie de personnages exploitée par Kieron est tout de même rarement vue et pour le coup est très bien géré. Chacun est différent, a des mobiles pour trahir et tuer l'autre. Bref, un grand bonheur là où certains scénariste font parler leurs personnages de manière similaire. Gillen s'offre même le luxe d'avoir un numéro centré entièrement sur Mephisto. Si l'idée est assez bonne, malheureusement, la réalisation n'est que moyenne. Voulant montrer le gigantisme de Fear Itself, Gillen part un peu trop loin, là ou une histoire plus simple aurait été bien plus agréable.
Au dessin, toute la première partie, par Doug Braithwaite est juste à couper le souffle. Ce dessinateur (que j'ai découvert dans la saga Universe X de Ross) est à tomber par terre. Son style et le moyen-âge. Bref, c'est LE dessinateur pour Thor ou toute série liée. Ca marche encore mieux quand il a un scénario de qualité.
Puis, vient Richard Elson en remplacement. Son épisode n'est pas mal mais n'a pas la classe d'un Braithwaite mais vu que les dessins font partie de l'épisode centré sur Mephisto, ce n'est pas gênant. Cela permet de créer une cassure bienvenue.
Par contre à la fin, lorsque l'on reprend les aventures de Loki, c'est Whilce Portacio qui dessine et là c'est la catastrophe. J'ai beaucoup apprécié l'artiste dans les années 1990, autant sur lea série Uncanny X-Men que sur sa création Stone. Mais c'était il y a longtemps, il n'est plus que l'ombre de lui-même, les personnages sont quasiment méconnaissables, les visages changent toutes les deux cases (voire même les armures cf Iron-Man qui pour la même action passe de son armure rouge et or à celles grises fabriquées en Asgard), l'action est brouillonne et on n'y comprend pas grand chose.
Au final, nous avons un arc de grande qualité mais dont la fin est un peu gâché par une conclusion un peu trop nébuleuse et des dessins très mauvais.
