Second volume de l'intégrale, où les scénarii s'étendent enfin, à travers les reliefs d'un désert chaotique d'abord, puis dans les méandres crasses de la résistance. Après la collection hétéroclite d'aventures insensées et bordéliques du premier volume, 


le juge prend son envol



dans cet opus qui rassemble avant tout les deux premières longues aventures de l'antipathique héros.


Une mission transport à travers la Terre Maudite occupe plus de la moitié du volume et, si le format très court des épisodes originellement parus en feuilletons dans 2000 AD laisse peu de place à la respiration et à la digression, le plaisir est intense d'enchaîner les péripéties à l'aventure d'un monde désertique en phase terminale, rongé par le cancer des avidités humaines et mutantes. Les galeries de personnages sont riches, terrifiantes, monstrueuses : c'est Judge Dredd au Freak Show. Les morales sont toujours limites, brutes et sans ambiguïté, le personnage reste monolithique au possible, ses compagnons ou ses adversaires allant rarement chercher plus loin que le cliché, mais c'est 


du pur comics punk'n'destroy,



un enchantement de violence gratuite et de mauvaise foi irascible au cœur d'un chaos magnifique. Une première aventure de longue haleine au souffle éminemment épique.
Une seconde narration complète le volume, où l'un des juges suprêmes saoul d'autosatisfaction prend le pouvoir et transforme la ville de Mega City One en forteresse esclavagiste aux relents machiavéliques d'inhumanité assouvie tandis que le juge héros et quelques-uns de ses rares compagnons organisent la résistance. Un peu plus convenu, un peu moins emporté, mais tout aussi incorruptible et déterminé, le récit continue de



jouer de la dystopie pour s'intéresser à la société



et au poids de l'État sur l'individu, l'anarchie y est sanglante, l'autoritarisme meurtrier et l'équilibre brouillon. En ce sens, Judge Dredd évolue souvent à travers des paysages de désillusions et n'illustre qu'amèrement l'éternel combat qu'est l'existence.


Encore une fois, le pavé compile les illustres talents d'illustrateurs impressionnants aux styles parfois bien différents. Des courbes aux ombres profondes aux tranchants acérés de traits cassants, l'ensemble de l'ouvrage régale autant par la minutie et la diversité des portraits que par la richesse de ses planches. Chaque page est un plaisir visuel, entre séquences parfois entendues et tentations de montages percutées et percutantes, les auteurs insufflent 


un dynamisme rare et puissant



dans les sillons motocyclés du juge vrombissant à la rapière droite comme la justice.
Pièce d'art assurément !


Un second volume en uppercut après les errances du premier, grâce avant tout à l'ampleur attendue d'aventures au long cours : l'univers s'étend et se densifie, se peuple de mutants et de monstres démesurés, et joue à plaisir un futur complètement barré à l'irrépressible violence. Après les premières anecdotes, ce second volume de l'intégrale de Judge Dredd pose les fondations solides d'un personnage qui bâtit sa 


légende à coups de gueule,



de détermination et de harangue.
Impitoyable, irrascible, inébranlable, un sacré fils de cette putain de justice ! Claque.

Créée

le 13 juin 2018

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