Alors que je n’ai jamais vraiment été transporté par les récits de Mark Millar, du moins depuis qu’il ne travaille plus pour Marvel, j’avais été très agréablement surpris par le premier tome de Jupiter’s Legacy ! Il faut dire que le scénariste écossais a la fâcheuse habitude, à mes yeux, de nous proposer des scénarios de films plus que des comics. Souvent, très souvent, il a de bonnes idées et s’en contente, sans vraiment aller au bout de choses, ou en ne faisant qu’effleurer la surface. Mais avec Jupiter’s Legacy, sa famille dysfonctionnelle et son postulat de base « les super-héros ne sont pas sans faille », j’ai été embarqué ! Une lecture passionnante, et j’avais donc hâte de me lancer dans ce second tome.
Les super-héros ont pris le contrôle de la planète. Les super-criminels pourront-ils la sauver ?
Dans un futur apocalyptique où la fracture morale se creuse entre les héros d’hier et ceux d’aujourd’hui, Hutch, Jason et Chloe doivent prendre position et passer à l’action. Ce deuxième tome de Jupiter’s Legacy poursuit son analyse du rôle des surhumains dans une société séculaire post-11 septembre 2001.
Mark Millar (Kick-Ass, Ultimates, Kingsman : Services Secrets) et Frank Quitely (All-Star Superman, We3, X-Men) poursuivent leur œuvre ambitieuse plébiscitée par le public et la critique.
(Contient les épisodes #6 à 10)
Le premier tome de Jupiter’s Legacy fut donc une claque ! Le tome 2 en est la suite directe. Les États-Unis sont maintenant sous la coupe de Brandon, et donc de Walter ! Un gouvernement autoritaire pour un pays fonctionnant à coup d’utopie autoritaire. C’est une véritable dictature que Brandon, de plus en plus incontrôlable, met en place. Maintenant qu’il a prouvé sa valeur en terrassant son père, en tuant le père, il se sent pousser des ailes, et rien ne semble être en mesure de refréner toute cette rancœur, toute cette colère.
C’est un véritable régime de terreur ! Et garde à ceux qui s’y opposent ! On assiste véritablement à un twist, les super-héros devenant les super-criminels, ceux à abattre si l’on tient, un tant soit peu, à la liberté. Ce sont justement les super-criminels qui vont devenir les super-héros et porter, à leur tour l’espoir de la liberté.
Menés par Chloé, la sœur de Brandon, Hutch et sous l’impulsion de leur fils Jason, la rébellion est en marche. Ils parviennent à réunir tous les super-criminels les plus dangereux sous la même bannière, celle visant à destituer Brandon.
Si le premier tome nous plongeait dans une intrigue passionnante, d’une grande richesse, où l’action laissait souvent la place à l’approfondissement des personnages, sur leurs motivations, tout en nous proposant quelques flashbacks, ici rien de tout cela ! La douche froide ! Nous assistons au recrutement des membres de l’équipe de Chloé, sans travail sur tous ces nouveaux personnages et on enchaîne ensuite avec l’affrontement de tout ce petit monde.
Il ne faut rien attendre de plus de ce tome, Mark Millar ne faisant que nous proposer à un affrontement bête et méchant entre tous ces personnages, sans ne plus rien nous proposer d’autre. Ce n’est pas mauvais, cela se lit d’une traite, et on a nouvelle fois l’impression que Millar se contente de gommer tout ce qu’il vient d’écrire… On prend un postulat de départ A, on fait un développement et on se retrouve avec un postulat final A’. Une version sensiblement différente, mais dans le fond identique, comme si rien ne s’était passé.
Graphiquement, deux mots. Frank Quitely ! Et tout est dit. Un style particulier, unique, qui ne plaît pas à toujours, mais quand on s’y attarde un petit peu, quelle claque ! Quelle puissance ! Quelle richesse dans les détails ! Un travail sur les échelles et l’espace incroyable ! Les scènes de combats sont dantesques !
Bref, un deuxième tome clairement en deçà du premier. On passe d’un tome d’une grande richesse, d’une grande profondeur à une simple et vulgaire bataille entre super-héros et super-criminels œuvrant à l’inverse de ce qu’ils représentent, sans véritable profondeur. Heureusement, la série en elle-même reste une excellente lecture, même si Mark Millar garde ses mauvaises habitudes.