Et si la destruction nucléaire de la Terre apparaissait comme imminente, et que les super-héros ne pouvaient rien y faire ? Torturée par cette vision apocalyptique, une alliance de super-vilains décide de faire la nique à la Ligue de justice en se positionnant comme les véritables sauveurs de l'humanité. Mais peut-on véritablement faire confiance à un leadership composé de Lex Luthor et de Brainiac ?
Justice explore ainsi la thématique de la noble motivation des méchants qui se voient comme héros de leur propre vision du monde (de quoi paver un Enfer), tandis que les justicards se heurtent à leurs limites : la révélation de leur identité secrète, la mise en danger de leurs proches et la perte de leur reconnaissance publique.
Le dessin est bien évidemment splendide (des crayonnés de Braithwaite, aérographés par Ross), seul à même rendre la dimension mythologique de ces histoires de super-héros. Cela évite tout kitsch aux déclarations pourtant sentencieuses de ces figures divines qui devisent sur leur nature et sur l'humanité ("ç'aurait été génial de ne pas être Superman. Mais je n'ai pas eu le choix. Seulement les responsabilités") ou sur la limite de leurs pouvoirs (Superman encore qui fait remarquer que son invincibilité aux balles, qui ricochent sur lui, est en fait un malheur pour ses proches qui risquent de s'en recevoir une).
Le style graphique parvient même à magnifier les super-vilains de seconde zone (que Ross semble bien kiffer) et à intégrer toute la clique des superboys adolescents.
Justice est aussi l'occasion (pour moi) de découvrir les univers respectifs de ces super-héros DC et de leurs némésis (l'affrontement Cheetah-Wonder Woman qui laisse cette dernière bien mal au point). Et puis cet assemblage de bourrins en tout genre interroge toujours la vraie question : c'est qui le plus fort ? Proposition à débattre : Green Lantern.
Ce gros pavé se dévore donc avec plaisir, tant la réussite scénaristique s'associe au génie dessinatoire. Ça me donne envie de relire Kingdom Come, tiens.