Et bien voilà ! Nous y sommes ! Le dernier palier avant Batman Death Metal ! Il est l’heure pour la Justice League de Scott Snyder d’en terminer avec Lex Luthor et sa Légion Fatale. Mais nul doute que les choses seront loin d’être aisées pour nos héros. Comme depuis le début de leurs aventures sous la houlette de Scott Snyder. Et on peut dire ce que l’on veut du run de Scott Snyder, moi je le trouve distrayant et je prend, enfin, plaisir, à lire du Justice League, chose qui n’était pas arrivé depuis… depuis… depuis avant les New52, c’est dire. C’est peut-être très, trop, riche, au moins il suit le cap qu’il s’est fixé.
Lex Luthor, influencé par l’entité Perpetua, mère des Monitors et conceptrice du Multivers, a fondé et dirige depuis quelque temps une Légion Fatale dans le but de prouver à l’humanité que pour sa survie une seule voie est possible : celle du Mal absolu. Déclarant une « année du crime » et proposant à chaque super-vilain d’augmenter ses capacités afin de triompher de leurs ennemis, Lex Luthor utilise la technologie extraterrestre pour se métamorphoser en Apex Lex, un être à même de diriger le monde une fois celui-ci asservi.
Justice League – Doom War rassemble dans un seul album la dernière grande saga écrite par Scott Snyder (Batman) et James Tynion IV (Justice League Dark Rebirth) qui fait suite à leurs précédents récits de No Justice et New Justice. Celle-ci fait d’ailleurs le lien entre l’épopée de 2018, Batman Metal et celle à venir Death Metal. Ce recueil comprend également les one shot consacrés aux plus grands super-vilains de DC dont le Joker, dans un épisode co-écrit par le célèbre réalisateur John Carpenter (Halloween) !
(Contient les épisodes Justice League #26 à 39, DC’s Year of the Villain #1, Black Mask : Year of the Villain #1, Sinestro : Year of the Villain #1, Lex Luthor : Year of the Villain #1, Riddler : Year of the Villain et The Joker : Year of the Villain #1)
Bon, je ferais une petite parenthèse pour dire que je suis assez surpris de me retrouver avec ce tome et non le tome 5 de New Justice. Cela dit, ce gros pavé est édité de telle façon que l’on se retrouve avec un confort de lecture indéniable. Ces 520 pages de lectures présentant trois parties bien distinctes.
Passons très vite sur Year of the Villain, le Règne des Vilains. On se retrouve avec des épisodes, centrés sur un vilain différent à chaque fois, un peu à l’image de ce que nous avions eu avec Forever Evil. Forcément, on se retrouve avec des épisodes de niveaux, et d’intérêt, bien différents. L’épisode avec la ribambelle de Lex Luthor, ou celui avec la bonne fortune de Black Mask, sont passablement inutiles, pour être gentil et ne pas dire mauvais.
Celui sur le Riddler, et sa prise de conscience (des plus savoureuses) ou l’épisode sur Sinestro, et sa sublime façon de manipuler son monde pour toujours obtenir ce qu’il veut, sont des lectures sympathiques, drôles mais qui n’ouvriront sur rien de concret pour la suite. Dommage, pour le Riddler, car le travail de Mark Russell est vraiment intéressant.
Reste l’épisode sur le Joker signé, entre autre, par Monsieur John Carpenter. Un épisode malsain, complètement barré, hors du reste de l’intrigue, mais tellement savoureux et jouissif. Un Joker comme on aimerait le voir tellement plus souvent !
Mais intéressons-nous au véritable intérêt de ce gros pavé avec l’arc final de la Justice League version Scott Snyder, Doom War, qui donne son nom au bouquin. Une dizaine d’épisodes ! Mais attention, le run de Snyder sur la Justice League était déjà d’une grande richesse (l’imagination du scénariste ayant complètement déraillé), mais pour ce grand final, il faudrait faire en sorte de se remémorer tout son travail depuis Batman. Pour vraiment apprécier comme il faut ce final.
Avec Doom War, Scott Snyder met en jeu l’avenir de l’univers ! Tout simplement. Mais pour que l’un ou l’autre camp l’emporte, Scott Snyder ne fixe aucune limite, que ce soit au niveau temporel ou spatial. Ou simplement en ce qui concerne le nombre de personnages apparaissant et utilisés par le scénariste. Des personnages inédits, oubliés, peu connus, mais qui donne une certaine profondeur au récit. Malheureusement, tout cela mis bout à bout, que ce soit tous ces personnages ou ces très nombreuses intrigues, ralentissent énormément le rythme de lecture.
La Justice League se bat, se débat tant bien que mal. Tentant le tout pour le tout pour défaire les plans de Lex Luthor, d’Apex Lex, sont de plus en plus ingénieux, implacables, à mesure que sa puissance, ses capacités se décuplent et que Perpetua le rend de plus en plus instopable. Malgré tous les efforts de Scott Snyder pour nous faire croire l’inverse, et dieu sait qu’il ne lésine pas sur les efforts et les pirouettes scénaristiques, on comprend bien que la Justice League, et leurs nombreux alliés, se dirigent tout droit vers un mur !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le mal semble se démarquer de plus en plus dans le cœur des gens, alors que l’impact de la Justice League se fait de plus en plus faible dans ces mêmes cœurs. Il n’y a pas de surprise, on sait parfaitement que la Justice League ne peut vaincre Lex, et Perpetua, dans ce tome/ Le grand final, la grande explication aura lieu lors du baroud d’honneur de Scott Snyder, lors de Death Metal.
C’est donc un vrai affrontement auquel on assiste, mais les dés sont pipés. Doom War est le grand final de la Justice League de Scott Snyder, mais qui reste que l’ultime prologue à Death Metal.
Une nouvelle fois, Scott Snyder va diviser. Il y a ceux qui vont trouver qu’il en fait trop, et oui il en fait trop, on sent que l’esprit du scénariste, depuis Metal, part dans tous les sens, sans filtre et sans limite. C’est souvent maladroit, très maladroit, ou trop alambiqué, trop compliqué, mais c’est tellement généreux. On sent clairement que Snyder veut laisser son empreinte dans l’univers DC ! Si tout n’est pas bon, si tout n’est pas à garder, on retiendra le Forge-Monde, frère du Monitor et de l’Anti-Monitor, leur mère Perpetua, le Multivers noir, le Batman qui Rit… Je retiens plein de choses du run de Scott Snyder. Un scénariste passionné et passionnant, un architecte de l’éditeur, c’est indéniable.
Graphiquement, je ne fais pas parler des artistes présents dans ce volume un à un, ils sont bien trop nombreux, mais une chose est sûre, c’est vraiment très, très beau. Quand on se retrouve avec des artistes têtes d’affiches comme Francis Manapul, il y a de quoi en prendre plein les yeux !
Bref, ce n’est pas avec ce Doom War que le clivage autour de Scott Snyder va cesser. Le scénariste continue sur sa lancée, avec un final riche en rebondissements, généreux comme toujours, souvent maladroit, mais j’ai pris un véritable plaisir à suivre cette ultime mise en bouche avant Death Metal. Autant j’étais impatient de lire Metal, que j’ai beaucoup aimé, autant mon attente pour le grand final de Snyder sur l’univers DC, l’est encore plus.