J’ai vécu ce comics comme une belle déception. Associer Godzilla et la Justice League portait des promesses solides : affrontement titanesque, jeu d’échelle entre le gigantisme des créatures et la taille des super-héros, Godzilla contre Superman... bordel, ce n’est pas rien comme programme.
Les premières impressions étaient bonnes d’ailleurs. La couverture est incroyable : sombre, désespérée, les trois héros stars de DC, de dos, tout petits face à la menace titanesque des deux créatures… du grand art.
Le premier épisode prouve d’ailleurs qu’il y a eu, à un moment donné, un scénariste ambitieux derrière le projet. Après une semaine occupée à se surpasser et à essayer de sauver le monde quasi à lui tout seul, Superman s’apprête à demander en mariage Lois Lane et à partir en vacances romantiques avec elle. Soudain, Godzilla débarque à Metropolis.
Le pitch est simple mais bien traité. Superman, sa relation avec Lois et ses collègues de la Justice League, sont bien écrits et exploités, tout en respect et tendresse. Les méchants sont caricaturaux mais fun. Et quand on voit Godzilla, alors là, on y croit : énorme et terrifiant, l’ambiance est posée, ça va être incroyable.
Et c’est à ce moment précis que ça se casse la gueule.
Passé le début de l’affrontement entre l’homme d’acier et le roi des monstres, très sympa et bourrin comme il faut, les six épisodes restants s’embourbent dans de multiples sous-intrigues, trop de personnages et de concepts en même temps, et pas du tout le temps nécessaire pour développer et conclure tout cela de manière satisfaisante.
Comprenez-moi bien, il y a de bons concepts et de bons moments dans ce comics. Mais le tout est tellement noyé et compressé que rien, ou presque, n’est mis en valeur. Ça va trop vite, il y a trop de choses et les personnages n’ont pas le temps de briller (à l’exception de Superman et Godzilla). D’ailleurs, vous aurez remarqué que je ne parle à aucun moment de Kong alors que son nom est dans le titre. C’est normal : il ne sert à rien, ou presque. Évidemment, il n’affronte à aucun moment Godzilla comme le promettait la couverture.
Pour conclure, un excellent premier épisode qui prend le temps de poser une ambiance, de jouer avec la taille des monstres et de se centrer sur une histoire à taille humaine. Les suivants, s’ils contiennent de bonnes idées et des combats sympathiques, se fourvoient en étant trop généreux, tape-à-l’œil et tournés vers un humour pas nécessaire du tout. Ça existe déjà, c’est le traitement qu’infligent les Américains à Godzilla depuis 10 ans. Voyons le bon côté des choses… dans ce comics, Godzilla n’est pas rose. C’est déjà ça.