J’avoue, ce qui m’a attirée, c’est la couverture. Saisissantes, terrifiantes, splendides, les couleurs semblent former une aquarelle aussi irréelle que surnaturelle. A chaque couverture ce ne sont que des zooms sur des visages, jamais vus en entier, presque toujours dans l’ombre ou mis en valeur par des éclairages aussi étranges que malsains.
Bon, vu le dernier tome de la série, je sais pas trop quoi penser de la série maintenant, alors on va commencer par… le premier tome voyons !
Le premier tome de la série Kasane envoie un grand coup. Déjà, par la couverture. Pas de papier glacé, mais une matière glissante, assortie à l’effet aquarelle. Cette couverture annonce déjà quelque chose de sombre, de terrifiant à en juger par la façon dont le visage au-dessus nous fixe.
Effectivement, les premières pages ne font que confirmer ce que nous autres lecteurs pressentions. Le style de l’auteur et la manière dont les cases sont colorées nous oppressent, il est très facile de nous mettre à la place de cette pauvre enfant isolée qu'est Kasane Fuchi, d'autant plus que cette fillette au grotesque visage, ni ange ni démon, est juste… humaine, et désire seulement être acceptée.
Certes, les traits peuvent paraître grossiers et pas toujours très nets. Cependant, l'auteur s'améliore vraiment dans les tomes suivants, alors ne soyez pas rebutés par le style de dessin.
Le tome 1 Kasane nous montre avec une effroyable efficacité comment le harcèlement scolaire et l'absence d'amour familial entraînent des conséquences terribles sur la personnalité de la victime. Il pose la base de la série avec brio, c'est le moment clé de la construction de la psychologie du personnage principal. Les personnages secondaires sont aussi introduits – Nina Tanzawa, Kingo Habuta… - dont le véritable caractère n’est pas encore réellement exposé, mais ne vous fiez pas à cette impression première – rien n’est manichéen dans cette série. Et surtout le monde du théâtre, sa beauté, ses règles impitoyables d’apparence… et le début de l’engrenage dans lequel notre héroïne va plonger droit dedans.
Ce qui est horrible finalement, c'est que lorsque cette pauvre gamine espère que la situation s'améliore (enfin quelqu'un qui accepte d'être son amie, etc), toujours la fatalité viendra démolir les rouages, cette fatalité sous la forme de personnes malveillantes.
Effectivement, tout le long de ce tome – et de la série – sera dénoncée la terrible superficialité de la société nous enjoignant à rejeter le laid, le hors-norme. C'est d'autant plus terrible que cela commence dès l'enfance.
Alors oui, certains (dont mon amie) me diront que Kasane a choisi la solution de facilité en ne luttant pas pour se faire accepter telle qu'elle est. Alors rappels :
1)Kasane ne bénéficie pas d'amour familial ni d'amitié, c'est pourquoi elle ne bénéficie pas non plus d'un socle solide sur lequel s'appuyer pour prouver qu'on peut se faire aimer même en étant très laide. C’est pas Koe no Katachi ici !
2)Si c'est maman qui lui a dit d'utiliser le rouge à lèvres, alors elle le fera, Parce qu'elle suit ce qu'elle estime être un bon conseil donné par la seule personne qui l'a aimée.
3)Comme la plupart des humains, la petite ne rêve que de reconnaissance… Peut-être pour que les gens arrêtent de la juger sur son apparence et voient son talent et son être profond ?
Je vous invite fortement à commencer Kasane ! Dites-moi ce que vous en pensez !