Le manga Kekkô Kamen est un mélange entre L'Ecole impudique et Cutie Honey avec aussi un héros qui se transforme par un déguisement provocateur et qui vient régulièrement sur scène pour un combat avec un ou plusieurs ennemis, ce qui fait que ce manga évoque aussi les séries à robots géants de Go Nagai, les transformations en personnages sulfureux de Mao Dante et Devilman. Le contexte scolaire avec des professeurs qui infligent des châtiments et poursuivent les élèves comme des obsédés, cela caractérisait L'Ecole impudique, mais aussi les moments en pension de Cutie Honey, et il faut ajouter Guerilla High qui n'est pas tellement ou pas autant sur le plan érotique mais qui décrit une guerre absurde, irréelle et outrancière entre professeurs et élèves. Le manga est une suite de petites histoires sur un, deux ou trois chapitres. Et cela donne l'occasion à Go Nagai d'épingler parodiquement un certain nombre de mangakas ou d'oeuvres pour la jeunesse japonaise qui étaient des références dans les années 70. L'héroïne se bat complètement nue à l'exception d'une cagoule sur le visage qui affiche une plume et surtout deux ridicules oreilles tombantes de chien. Elle a des gants et des bottes, elle est un peu comparable aux personnages d'Orange mécanique tout en blanc avec des chapeaux melon noirs et des bottes noires. Elle manie le nunchaku, mais la nudité est aussi son arme. Elle a renoncé à toute pudeur pour faire triompher la justice et aussi paradoxalement pour protéger les filles de l'établissement scolaire où elle se trouve des sévices des hommes obsédés.
Dans la traduction française, les parodies sont révélées en fin d'action par une note de bas de case lancée par un astérisque.
Un cadre est posé. C'est une école à haut taux de réussite où les élèves sont enfermés pendant trois ans et subissent des tortures, des punitions sévères, s'ils n'ont pas des notes élevées aux examens. Une fille ne peut même pas appeler au téléphone sa mère mourante pour en avoir des nouvelles. Ce cadre n'est qu'un prétexte pour que le lecteur admette sans ciller un univers clos où les adultes, direction de l'établissement et professeurs, abusent de leur autorité, torturent et risquent la vie de leurs élèves, il y a eu des morts dans l'établissement, mais ils font passer cela en suicides à cause de la pression, etc. Les adultes deviennent des obsédés et pervers et les élèves sont leurs proies. La perversion n'est pas que dans le travers sexuel, puisque l'autorité morale est manipulée à des fins inavouables et retorses. La force de l'héroïne consiste à bien montrer sa partie intime aux yeux des hommes pour les déstabiliser et mieux les latter à coups de nunchaku : elle fait le grand écart en sautant, la position du Y autrement dit lève une jambe haut en l'air, et deux ou trois autres trucs. L'héroïne arrive en chantant et il faut voir les dessins fendants où elle se retire en sautillant toute amusée. Les actions se suivent, mais une enquête lie le tout. On cherche à savoir qui est cette Kekko Kâmen. Plusieurs suspectes sont envisagées et on voit aussi de l'émulation avec des imitatrices qui inventent leur propre modèle d'héroïne, certaines honnêtement, d'autres à des fins plus malhonnêtes.
Je vais parler de la résolution de cette énigme sous un cache "Spoiler" après le recensement des références parodiques des trois tomes du manga, puisque celui-ci se termine par la révélation tant attendue.
Les dessins et la mise en page, c'est du Go Nagai, je ne vais pas insister ici, c'est très bon. Il y a évidemment une forte veine caricaturale et beaucoup d'humour potache. C'est un manga d'une autre époque. Les séries coquines actuelles sont sans doute plus efficaces dans le coquin, mais les mangas L'Ecole impudique et Kekkô Kamen ont un côté provocateur beaucoup plus rentre-dedans. On voit beaucoup de poitrines, mais ce sont trop des formes assez rondes peaux tendues comme si nous avions affaire à des poitrines siliconées désagréablement peu naturelles. Il faut dire que plus d'une fois on constate que malgré sa touche magique Go Nagai n'est pas un maître non plus des proportions anatomiques. Mais c'est dynamique et expressif pour les dessins et la mise en page. On remarque aussi une étonnante symétrie entre l'héroïne et le directeur de l'école, puisque le directeur a un masque de mort flanqué d'une empreinte de pied au front et une cagoule avec de similaires allures d'oreilles pendantes de chien. Un des effets comiques vient aussi de ce que les méchants adultes sont pris entre leur jouissance de voir l'héroïne nue et la peur du nunchaku, comme on voit leurs contradictions entre la discipline par la terreur qu'ils imposent et les abandons libidineux qu'ils satisfont par la même occasion. Le manga n'a aucun temps mort, c'est du délire en continu.
Au sujet de l'invraisemblance des perversions lubriques et disciplinaires mêlées, il faut à mon avis rappeler que le manga date des années 70 et est le fait d'un auteur qui était enfant à la fin des années 40 et au début des années 50. Ce que j'entrevois, c'est que le côté exagéré des sévices dans ce manga transposerait des impressions vécues de l'éducation sévère des enfants dès leur plus jeune âge. "Si tu n'es pas sage, tu auras du fouet !" "Tiens, cent coups de martinet !" Pour un enfant en bas âge, les punitions peuvent être vécues comme disproportionnées par rapport aux actes commis, et des menaces non mises à exécution pouvaient aussi permettre à un enfant de délirer sur l'absurdité des lois imposées : "Au lit, on se tait pour dormir, on ne parle pas, sinon je viens vous fouetter avec des orties." Je pense que nous nous inscrivons dans de nouvelles générations qui n'ont pas conscience de ce qu'a pu être il n'y a pas si longtemps l'éducation des enfants en Europe et au Japon, car l'expression de telles névroses n'a plus lieu d'être dans les oeuvres pour la jeunesse actuelle, du moins en Europe occidentale et au Japon.
Les références parodiques du Tome 1
Horie Taku, auteur du manga Yaguruma Kennosuke, page 35. Il y a un producteur d'animés homonyme d'après Nautijon, mais le manga date de 1967. Il semble n'exister qu'en japonais, même si, à la différence des français, les italiens, anglo-saxons, espagnols, sinon allemands, semblent s'y être intéressé. Les couvertures sont chouettes, c'est visiblement un personnage de samouraï.
Kawauchi Yagunori, auteur du manga Gekkô Kamen, page 67. La parodie est ici remarquable à plus d'un titre (oh quel jeu de mots), puisque le titre Kekkô Kamen est visiblement la déformation du titre Gekkô Kamen, et on peut ajouter que dans le chapitre la principale fille suspecte s'appelle Keiko Natsuwata, et le détective qui ressemble à Columbo mais qui serait en fait un héros de Gekkô Kamen fait remarquer que les deux caractères pour écrire Natsuwata peuvent se lire Kamen. Mais Kekko Kamen va intervenir pour sauver Keiko Natsuwata, ce qui va relancer complètement l'énigme. Cela n'intéresse encore une fois pas le public français, mais on a une page Wikipédia en anglais, espagnol et italien. Le titre anglais est Moonlight Mask. Dans la série Gekkô Kamen, l'identité de "Moonlight Mask" n'a jamais été levée, mais la mise en scène permet de supposer qu'il s'agit du détective Jûrô Iwai qui s'éclipse toujours au moment opportun dans la série télé. Ici, le nom est un peu corrompu en Jûrô Yowai, lorsqu'il se présente à sa suspecte, mais on a une transposition. La veste quadrillée, les épais sourcils et les cheveux frisonnants font plus penser à Columbo, mais ça colel quand même. Jûrô Iwai a une veste semblable, un visage long et une cravate. Ici, la cravate est desserrée, un peu négligée. Il est donc piquant de voir le détective montrer qu'il maîtrise lui aussi le nunchaku et enquête sur un héros masqué qu'il est censé être lui-même. Pour un lecteur français non informé, beaucoup du sel du chapitre peut lui passer à côté.
Takeuchi Tsunayoshi, auteur du manga Akudo Suzunosuke, page 98. Encore une fois, les italiens sont des connaisseurs plus pointus de l'histoire du manga que les français. La page Wikipédia est en italien, en japonais et en chinois. Le manga a été édité de 54 à 65, et il a eu une série animée en 72-73. Dans le manga de Takeuchi Tsunayoshi, Suzunosuke veut devenir le plus grand samourai de l'époque de transition où le Japon a dû s'ouvrir au monde sous la pression américaine (1853-1868). Il pratique le kendo. Dans la parodie de Go Nagai, Suzunosuke se fait ainsi méchamment moquer : il se réclame d'une école qu'il dit prestigieuse, mais personne ne la connaît.
Yokohama Mitsuteru, auteur du manga Tetsujin 28-gô, page 159. Le titre japonais "Tetsujin 28-gô" peut se traduire "L'homme de fer numéro 28". Le manga a été publié de 56 à 66 et c'est le premier manga ayant mis en scène un robot géant, ce qui en fait une source à plusieurs mangas de Go Nagai dont bien sûr Mazinger Z. C'est même ce qui explique une blague de Kekkô Kamen. L'héroïne masquée se présente devant l'homme de fer Hachigorô Nijû, qui n'est pas un robot mais un catcheur professionnel. L'astuce est dans le nom Hachigorô Niju qui écrit dans le désordre le passage "28-gô" du manga de Yokohama Mitsuteru, puisque si on transforme les chiffres en lettres, le titre est "Tetsujin Nijûhachi-gô". On retrouve "Hachi", "Niju" et "go", il y a juste pour le "rô" que je n'ai pas d'explication.
Il y a plusieurs affrontements entre Kekko Kamen et Hachigorô Niju, avec même au début le sentiment d'invulnérabilité du méchant. On a l'imitation d'un combat rituel de la série Mazinger Z, mais on a aussi lors de l'affrontement décisif Kekko Kamen qui se présente avec un bâton en superalliage le new-Z, allusion à l'alliage Z qui justifie son nom au robot de la célèbre série de Go Nagai et humour sur le fait qu'il faut une arme plus puissante que le fer pour vaincre ce catcheur ultra-résistant. Le lecteur français non informé peut partiellement suivre, mais il vaut mieux savoir que derrière le catcheur et la femme masquée il y a une allusion parodique à deux robots de mangas japonais de référence.
Kajiwara Ikki, auteur du manga Kyojin no Hoshi, page 215. Nous avons droit à une fiche Wikipédia minimale en français sur ce manga. Un lycéen Hoshi Hyuma apprend le baseball avec son père, l'ex-joueur professionnel Hoshi Ittetsu. Dans Kekkô Kamen, le personnage de Byôma Hoshi, nom corrompu en français, n'est pas un lycéen, mais il donne un cours de rattrapage qui s'apparente à de la torture dans une tenue de joueur de baseball et l'instrument de torture est une invention de son père Ikketsu Hoshi. Le manga Kyojin no Hoshi a remporté le prix Kodansha en 1967. Il y a sûrement des allusions parodiques qui m'échappent, puisque dans Kekkô Kamen le Byôma Hoshi s'effondre en disant : "Voilà ce qui m'a coûté la victoire, je n'ai pas réussi à percer le mystère de la psychologie féminine." Il y a certainement des allusions à des passages précis du manga.
Fukui Eichi, auteur du manga Igaguri-kun, page 248. Ici, la référence parodique vire à l'humour noir. Fukui Eichi est considéré comme l'autre grand nom qui a révolutionné le manga avec Osamu Tezuka dans les années d'après-guerre, mais il est mort de surmenage à 33 ans, d'ailleurs sur le premier épisode du manga Akudô Suzunosuke repris par Tsunayoshi Takeuchi et dont il a déjà été question plus haut. Le manga Igaguri-kun a lancé les mangas de sport, et alors que l'occupant américain interdisait aux japonais de parler d'arts martiaux à cette époque, le manga a pour thème le judo. Toutefois, dans Kekkô Kamen, le personnage caricatural du "bûcheur" s'il implique certainement des allusions au manga lui-même fait cruellement allusion à la vie de l'auteur lui-même. C'est un élève qui ne vit que pour son travail et qui ne s'est pas rendu compte de la présence de la fille nue masquée avant qu'on ne lui en parle. Il finit par la voir et meurt d'une crise cardiaque. C'est Fukui Eichi, l'auteur lui-même du manga, le "bûcheur" qui vivait en reclus et qui dépérissait avant de succomber à une surcharge de travail. Cet humour noir est indétectable pour un lecteur non informé.
Page 253, Mayumi cite l'héroïne et le manga éponyme de Go Nagai Cutie Honey, face à une personne qui vante ses possibilités de déguisement. Cutie Honey a une amie qui se fait persécuter dans une école pour filles qui ressemble quelque peu à celle perdue dans les montagnes de Kekkô Kamen.
Chiezô Kataoka, acteur qui interpréta Bannai Tarao dans la série de films homonymes. La page Wikipédia pour cette série n'est qu'en anglais et en japonais. Il y a eu onze films de 1946 à 1960 où Chiezo Kataoka a joué le rôle de Bannai Tarao. Le premier de 1946 s'intitule Seven Faces. Il s'agit d'un détective qui peut prendre sept visages différents, ce qui est à l'origine des séries postérieures Seven Color Mask, série liée à la série Moonlight Mask ou Gekkô Kamen pour les personnes à l'origine de sa création, Rainbowman et la série de Go Nagai lui-même Cutie Honey. C'est d'ailleurs à l'entrée en scène de Bannai Tarao que Mayumi cite Cutie Honey. Le nom est encore une fois un peu altéré dans la traduction française, Bangai Tarao au lieu de Bannai Tarao, mais le personnage se présente bien comme "l'espion aux sept visages". L'allusion à Cutie Honey est normale puisqu'elle est l'héroïne aux cinq visages et se montre assez dénudée, modèle précurseur de Kekkô Kamen. L'autre astuce parodique du chapitre, c'est qu'alors que Cutie Honey et Bannai Tarao sont la même personne avec plusieurs visages on voit la direction de l'école commencer à envisager qu'il y a deux Kekkô Kamen, ce qui expliquerait qu'on échoue à l'identifier.
Getarô Hakaba se plaint de son sort et de son surnom de Gegege No Getarô, page 283 et page 309. On reconnaît bien son visage. Il s'agit d'une allusion au manga Gegege no Kitarô de Shigeru Mizuki. Ce manga des années 60 est bien connu, il fait l'objet d'une récente nouvelle version en série animée et le manga est disponible en français aux éditions Cornélius. Il s'agit de Kitarô le repoussant. Dans Kekkô Kamen, le personnage se plaint d'être trop laid pour que Kekkô Kamen lui vienne en aide, alors qu'en réalité il semble que ses punitions ne soient pas injustifiées. Jaloux, il essaie de se venger avec sa flûte qui charme les serpents.
Les références parodiques du tome 2
Kuwata Jirô, dessinateur de Gekkô Kamen, page 63. On constate un retour de la source principalement parodiée. Il est question cette fois d'un personnage nommé "Panty Mask" et spécialisé dans le vol des petites culottes, un modèle pour le Haposai de Ranma 1/2. "Panty Mask" a sa propre chanson et dans la traduction française on a des rimes qui font écho à celles de Great Saiyaman. La traduction s'écarte certainement du texte original pour apporter des rimes et donc celles de Gohan : "Roses, à fleurs, ou en dentelle... Pour Panty Mask, il n'y a qu'elles ! Partout où il passe, les culottes trépassent !"
Yamakawa Sôji, auteur du manga Shônen Ôja, pour le personnage récurrent Shinko Makimura, reine de la jungle, pages 95 et 219, laquelle se déguise en "Omen Hotep" page 192. Shônen Ôja se traduit "L'enfance du jeune roi", et semble une sorte d'histoire sur le modèle de Tarzan avec un héros masculin.
Osamu Tezuka fait l'objet de deux parodies. Et il apparaît en figure d'auteur miniature qui proteste contre les allusions à ses héros aux pages 98 et 125. La première parodie, nous avons un personnage nommé Tobio Tonma et surnommé Ohm Testsuwan, profil qui ne ressemble pas à Astro sauf pour l'habillement et qui a un casque à cornes, une sorte de passoire à l'envers dans le dessin, sur la tête. Il va faire montre de différents pouvoirs comiques dont celui de voler en étant propulsé par ses pets. Son nom déforme l'original japonais d'Astro qui est Tetsuwan Atom.
La deuxième parodie de Tezuka vient d'un personnage féminin qui a pour modèle Kekkô Kamen et veut devenir comme elle. Elle a de grands yeux dans le style shôjo et elle s'invente un personnage de femme dénudée avec un masque d'opéra, un chapeau, un ruban et une cape, le ruban est un cache-sexe et elle souhaite qu'on l'appelle la guerrière au ruban. En français, le manga de Tezuka s'est intitulé Prince Saphir, puis Princesse Saphir, mais le titre japonais est "Ribon no Kishi", la chevalière au ruban. Un aspect comique important de cette parodie, c'est que le ruban est un cache-sexe qui va priver d'efficacité le personnage dans son combat. C'est très ironique, puisque dans le manga de Tezuka elle se fait passer pour un homme, alors que, dans Kekkô Kamen la femme ne triomphe qu'à condition d'utiliser l'arme de la nudité sans pudeur.
Ishinomori Shôtaro, auteur de Cyborg 009 pour un personnage de couturière page 177 Ojô Shimamura et un groupe qui se dit "Les 9 faufileuses".
Go Nagai convoque un personnage de son manga L'Ecole impudique après de simples allusions à Cutie Honey. Les allusions à ces deux mangas ne pouvaient qu'aller de soi, on a vu qu'il fut question au passage de Mazinger Z. Emon Marugochi devient professeur de natation (pages 220-244).
Un point de culture d'histoire du Japon est à évoquer. Le Japon a été découvert par des marins portugais en 1543. Il n'y aura aucune installation militaire ou colonisatrice, mais seulement des marchands et des missionnaires, quasi tous jésuites. Les jésuites arrivent en 1549 et vont convertir un nombre considérable de japonais. Mais les principaux alliés des jésuites meurent ou perdent leur influence autour de 1580 : Oda Nobunaga favorable aux jésuites est assassiné, et sur l'île de Kyûshû les seigneurs chrétiens commencent à perdre le pouvoir, surtout Otomo Yoshihige. Or, le successeur d'Oda Nobunaga, Hideyoshi Toyotomi interprète la présence du christianisme comme la formation d'une cinquième colonne aux ordres de l'étranger, il décide de supprimer le christianisme du pays et son successeur va lui emboîter le pas, Tokugawa Ieyasu lequel va imposer sa dynastie de 1600 à 1868. Les chrétiens européens qui se faisaient attraper étaient torturés et devaient renier leur foi, les femmes européennes, il y en avait, étaient violées puis jetées dans les bordels, mais les japonais également devaient marcher sur l'évangile, cracher dessus, etc. Dans le manga, s'attaquer à Mayami, c'est pour Kekkô Kamen, comme piétiner la Bible selon les dirigeants de l'école.
Vers la fin du manga, on a d'ailleurs en prime une grande scène avec plusieurs crucifixions.
Akemi Satan, la soeur du directeur de l'école qui vient en renfort les seins à l'air, s'excuse auprès d'Ushio Sôji, l'auteur de Uchi Enjin gori tai Spectreman. Il s'agit d'une série avec un héros en costume de 71-72, dans le genre de X-Or, sauf que le personnage se transforme en géant dans mes souvenirs, une moitié des épisodes ont été diffusés sur Récré A2 en 82. Pour l'instant, j'ai pas bien compris l'allusion parodique.
Enfin, page 279, nous avons à nouveau une parodie de Gekkô Kamen avec "la justicière aux sept visages, Nana Eguchi de son vrai nom qui se transforme en Nanaero Kamen. Vaincue, elle s'excuse auprès de Kawauchi Yasunori, auteur des mangas Gekkô Kamen et Rainbowman. Elle a sept visages et il y a sept couleurs dit-on (car ce n'est pas une vérité scientifique) à l'arc-en-ciel.
Les références parodiques du Tome 3.
Un nouveau personnage se présente page 9 comme Mujônosuke, "mujô" signifiant "impitoyable" en japonais. Vaincu, page 35, il s'excuse auprès de Takao Saitô, auteur de Golgo 13 et Muyônosuke. Il est malheureusement plus facile de trouver des informations sur Golgo 13 que sur Muyônosuke. Mais ce dernier a un titre anglais Bounty Hunter et son héros samouraï peut être apprécié dans différents dessins faciles à trouver sur le net. Au passage, Go Nagai a fait une parodie de 20 pages de Golgo13 sous le titre Golgo171819 et ce titre est cité par un personnage dans Kekkô Kamen.
Hirô Terada, auteur de Môretsu Sensei, est cité à la page 64 comme source au personnage du "professeur Sauvage", alias monsieur Tachibana. J'ai un peu de mal à dénicher des renseignements pour l'instant, une couverture présente bien le professeur en habit de judoka...
Nous passons maintenant au détective privé Alvin Pack, personnage habillé en costard à l'anglaise avec son béret. Il a des problèmes de diarrhée, ce qui fait écho à un personnage similaire dans Cutie Honey de Go Nagai lui-même. Le prénom Alvin vient du flux alvin ou diarrhée, nous précise une note. Page 120, nous apprenons qu'il parodie le manga Billy Pack de Mitsuhiro Kawashima. Billy Bat de Naoki Urasawa s'inspire lui aussi de Billy Pack. Le héros Billy Pack a des origines américaines, enquête sur la mort de ses parents et affronte entre autres le masque du chat. Le mangaka est mort à 30 ans. Là encore, voir son héros à terre ne va pas sans ironie au sujet d'une mort précoce de mangaka.
Sanpei Shirato, auteur de Kamui Densetstsu et Watari, est évoqué page 179 en tant que source aux gardiens de la forêt, groupe de maudits au nombre de sept. Au passage, j'ai songé à la rencontre du ninja qui devient un groupe de cinq dans Dragon Ball, car on a une astuce similaire. Le surveillant le maudit est seul tout un temps, puis toute la bande apparaît. Le titre Kamui Densetsu peut être raccourci en Kamui Den en japonais et Kamui est le titre anglais. C'est un manga marxiste avec un ninja à l'époque du régime d'Edo. C'est ce manga qui doit être parodié, il est plus difficile de trouver des informations sur Watari.
La fin du manga monte d'un cran dans les délires absurdes avec un Super Batman doré, un mélange entre les héros américains Superman et Batman et le héros Golden Bat ou Ôgon Bat, un super héros japonais de 1931. En fait, Ôgon Bat serait un super héros plus ancien que Superman et Batman, entre "ögon Bat" et "Batman", ça sent le plagiat par les américains comme entre Le Roi Leo et Le Roi Lion on dirait. Mais les premiers superhéros viennent de l'Europe et du dix-neuvième siècle, ils semblent être apparus en France initialement.
On a droit en subordonné de Super Batman doré à un "super combattant Ultra Q tarô". Il s'agit d'une allusion à la série des années 60 Ultra Q. L'autre subordonné est un nouveau croisement : "Kamen Lion Maru", avec une double référence aux séries TV des années 70 Kamen rider et Kaiketsu Lion Maru.
Pour la résolution de l'énigme, je présente sous un cache "spoiler" ce que je peux en dire.
Le manga commence par ouvrir certaines pistes. Très tôt, on comprend qu'il doit y avoir des collaborations, et pendant un certain temps une piste est entretenue sans être remise en cause, celle de la soeur jumelle non repérée dans l'établissement. A la fin, on découvre que plusieurs suspectes sont bien des Kekkö Kamen, mais on en découvre aussi une nouvelle. Il y avait donc sept Kekkô Kamen avec une principale. Notons que dans la scène où on voit les sept, c'est la soeur jumelle qui a l'habit de Kekkô Kamen alors que juste avant on avait l'impression que le groupe était dirigé par la personne adulte, la prof de sports. On remarque que le fait qu'il y ait sept Kekkô Kamen est une allusion parodique à Cutie Honey et à tous les mangas dans le style de Gekkô Kamen où le héros joue sur sept apparences. Ici, au lieu de cinq ou sept apparences pour un héros, on a une apparence pour sept héros.