Si vous aimez comme moi les BD animalières réalistes ou semi réalistes anthropomorphiques (du type Blacksad) bien dessinées (il n'y en a pas tant que ça) celle-ci est des meilleures, avec une originalité : quand le personnage central, un naïf qui a tendance à tout voir en rose, s'évade de sa réalité sordide, le dessin change brusquement, s'inspirant des personnages de dessins animés enfantins, avec des figurations faussement naïves (du type Mickey Mouse ou Betty Boop).
Cette astuce narrative excellente est visuellement attachante.
Mais l'histoire poignante racontée est très touffue : des chiens et des chats, très nombreux et tous très bien typés, qui sont incarcérés dans un pénitencier (fourrière ?) sont des rivaux pour le pouvoir d'une espèce sur une autre, tandis que des isolés agissent comme des transfuges d'espèce et d'autres essaient de s'évader.
Les deux niveaux de la narration, la réalité et la rêverie, se chevauchent parfois un peu trop et de ce fait des péripéties sont parfois confuses : on n'est pas sûr de bien comprendre ce qui se passe jusqu'à ce que le fil reprenne.
Au bout du compte, on est impressionné par l'ambition politique du scénario et l'originalité du dessin qui ne cèdent pas devant les facilités possibles, ce que souvent la BD comme art ou discipline autorise, et dont certains auteurs ne se privent pas.