Dave est un ado de 16 ans, passionné de comics de super-héros. Une passion excessive qu’il amène à confectionner son propre costume, à travailler sa musculature et à devenir le premier super-héros réel de New York. Le problème, c’est que la réalité dans laquelle se trouve Dave n’est pas celle d’un comics, mais celle du monde qui nous entoure. Et dans le monde réel, faire un choix comme celui de Dave, c’est prendre le risque de recevoir de vrais coups et d’y laisser la vie.
Le scénariste Mark Millar a qualifié le postulat de départ de la série de très autobiographique. À l'âge de quinze ans, l'un de ses camarades et lui fantasmaient sur le fait de devenir des super-héros, et s'étaient imaginés des personnages et des costumes. La série a été initialement conçue comme une description de ce qui aurait pu leur arriver s'ils n'avaient pas renoncé à leur idée.
En France, Kick Ass est sorti dans un premier album : Le premier vrai super-héros regroupant les quatre premiers issues en mars 2010, puis en juin 2010, sort Brume rouge qui regroupe les issues cinq à huit, les derniers de la série.
Il faut attendre octobre 2011, pour que Kick Ass soit édité en entier, avec les huit issues, dans un album Deluxe comprenant donc :
Kick Ass #1 The Greatest Superhero Book of All the Time Is Finally Here ! (avril 2008)
Kick Ass #2 Sickening Violence : Just the Way You Like It ! (mai 2008)
Kick Ass #3 They Started It ! (juillet 2008)
Kick Ass #4 Procession Proof ! (octobre 2008)
Kick Ass #5 The Hotest Comic Book in the World Ever ! (février 2009)
Kick Ass #6 The Secret Origin of Big Daddy and Hit-Girl ! (juin 2009)
Kick Ass #7 Ass Kicked ! (septembre 2009)
Kick Ass #8 When Titans Pimp-Slap ! (mars 2010)
Mark Millar a traité le rôle du super-héros dans la société dans presque toutes ces œuvres. Dans l’univers Ultimate de MARVEL, par exemple, il a transposer la fiction des super-héros dans la réalité actuelle. Le monde dans lequel évolue les super-héros de l’univers Ultimate est celui d’aujourd’hui, celui des guerres, de la haine et de la corruption de petits. Les super-héros de l’univers Ultimate sont issues de la volonté de Georges W. Bush et de sa politique étrangère.
Dans ce comics, Mark Millar va encore plus loin. Le monde dans lequel évolue notre héros est clairement celui d’aujourd’hui, où le fait de filmer un évènement et de l’envoyer sur YouTube peut créer un épiphénomène. Où les réseaux sociaux ont un rôle prépondérant. La réalité et la fiction (qu’il s’agisse de comics ou de série TV par exemple) sont complètement ancrées l’une dans l’autre. Dave franchira encore une étape supplémentaire en transposant de la fiction, le comics des super-héros, dans sa réalité. Une réalité qu’il vivra, alors à ses risques et périls. Il suffit d’un coup bien placé pour briser un os et d’une blessure par armée blanche pour saigner abondamment.
Ce n’est pas par hasard que, pour un tel projet, Mark Miller ce soit adressé à un dessinateur emblématique comme John Romita Jr.. Ce dernier représente le MARVEL moderne, son style est celui de la Maison des Idées. Non seulement, il s’est occupé de presque tous les super-héros les plus importants de MARVEL, mais son nom est lié, depuis plus de vingt ans, à celui de Spider-Man. Demander à John Romita de dessiner un comics comme celui-ci est, sur le plan graphique, le choix, le plus iconoclaste, allant un peu plus dans la démolition de la sacralité du héros que Mark Millar poursuit avec constance depuis ses tout premiers travaux.
Lecture à la fois jouissive et atroce, Kick Ass laisse un souvenir indélébile dans l’esprit de son lecteur, qui aura rarement lu un comics aussi jusqu’au-boutiste dans son traitement souvent cruel des personnages (pauvre Big Daddy), notamment dans sa façon de casser leurs ambitions, et surtout dans sa représentation d’une violence dont on ressent quasiment la douleur.