Millar divise, et poursuit son règne
Grand fan de la licence (découverte au cinéma, et m'ayant en partie poussé à me lancer dans les comics), j'attendais forcément monts et merveilles de cette suite. Et je me demandais bien ce que Mark Millar avait à nous proposer pour justifier l'achat de sa dernière création, après avoir parfaitement abordé la thématique du faux héros mais vrai loser.
Au final, beaucoup de bruit pour pas grand chose. L'histoire reste très efficace (on parle de Mark Millar, faut pas déconner) et se suit avec plaisir, on a droit aux rebondissements habituels, les personnages (anciens ou nouveaux) sont assez bien exploités (même si le nouveau side-kick de Red Mist est bien plus charismatique que les super-héros de Justice Forever), bref, c'est du tout bon. Le souci, c'est qu'on a vraiment l'impression d'avoir affaire à une histoire de super-héros classique : pas de pouvoir mais des flingues, pas de conquête du monde mais des actes terroristes. On en oublierait presque que Kick-Ass est un adolescent loser (aucun tabassage marquant comme dans le premier opus, hormis peut-être le double affrontement de fin de récit) et Hit-Girl (hélas sous-exploitée tout au long du récit) une fillette de dix ans. Le dernier numéro arrive d'ailleurs un peu comme un cheveu dans la soupe, et apparaît surtout comme la volonté de Mark Millar de rappeler que oui, Kick-Ass et ses potes sont des êtres humains comme les autres, et que même les applaudissements d'une foule en délire ne sauront changer leur statut à l'égard de la loi.
Alors pour compenser, Millar nous offre une surenchère de vulgarité, très souvent inutile : Red Mist se renomme le Mother Fucker ? Bon, à la rigueur. Il nomme son équipe les Toxic Mega Cunts (true story) ? Mouais, je suis pas convaincu. Avec en sus (spoilers), une fusillade dans un quartier résidentiel, la pendaison du père de Dave, le viol de Katie Deauxma (euh, je lis Kick-Ass ou une adaptation de Faites Entrer l'Accusé ?), j'ai surtout l'impression que Millar a, avec Kick-Ass 2, tenu à renforcer sa base de fans historiques et se débarrasser des trop encombrants fanboys du premier opus et du film. Au moins, aucun syndrome de redite n'est à déplorer.
Kick-Ass 2 reste tout de même un comic book très appréciable, pour peu que l'on soit capable d'accepter le changement d'orientation de la licence (ce qui ne posera aucun souci aux adeptes du Millar World), désormais bien plus crue que par le passé, et dont on a par conséquent du mal à imaginer l'avenir cinématographique. Mark Millar demeure un maître és narration, le style actuel de John Romita Jr sied bien plus à cette licence qu'aux Vengeurs, et l'univers de Kick-Ass conserve ici tout son charme. La seule chose à regretter est l'absence de Hit-Girl et son long retour aux affaires (qui lui donne des airs de Old Man Logan, autre oeuvre de Millar), sans doute une manière pour le Britannique d'en garder sous le bras pour le comic book qui lui sera entièrement consacré. Ah, et la VF sort le 13 juin chez Panini Comics.