Conclusion difficile, mais finalement parfaitement maitrisée,ce Kick-Ass 3 montre à nouveau que Millar et Romita en ont dans le ventre.
Les super-héros sont bannis, Hit-Girl est en prison, les ripoux ont à peu près pris le contrôle de la police, et la mafia renait de ses cendres sous l'action du dernier frère Genovese, auparavant écarté des affaires de la famille pour sa sexualité et sa radicalité, désormais dernier chef de la famille à prendre les rênes du business. Les derniers héros essaient de se positionner face à tout ça : Kick-Ass refuse d'abandonner aussi bien ses actions que ses illusions de grandeur, et planifie à la fois de frapper un grand coup contre la mafia à la fête de libération du Mother-Fucker et de libérer Hit-Girl de la prison de haute sécurité où elle se trouve. Entretemps, il redécouvre sa part ordinaire, à travers une relation romantique qui semble devenir sérieuse et qui l'éloigne du monde des héros...
Il y a pas à dire, Millar a toujours l'étincelle. Si le début met pas mal de temps à se poser, à se développer, les derniers épisodes sont d'une envolée incroyable, et constituent une conclusion à peu près parfaite à la saga, tout à fait cohérente avec ce qu'elle a développé jusqu'à présent : le rapport entre réel et idéal, être un héros dans un monde désenchanté.
On peut critiquer une certaine prévisibilité, et le caractère très redondant de l'intrigue de cette série par rapport aux précédentes : Kick-Ass fait de la merde, Hit-Girl vit hors de la réalité,et les deux se réunissent pour péter la gueule à un énième boss de la mafia. Cela étant, ce schéma cyclique n'est pas sans mérite, et permet d'explorer chaque fois selon des modalités différentes le dialogue au coeur de Kick-Ass.
Pour faire un détour sur le dessin, j'ai l'impression que Romita a retrouvé l'inspiration frénétique qui a fait de la première série un incontournable. On retrouve cette même façon de mettre en scène les corps comme des tas de chair enfermés dans des combinaisons moulantes qui illustre si bien le paradoxe d'un héros transposé dans un monde réaliste. Du coup, même si cet épisode 3 est un peu moins violent que le précédent, il est cependant visuellement un peu plus dérangeant, ce qui n'est pas plus mal.
Forcément, après tout ce temps, on connait la recette, ce qui empêche de retrouver la surprise du premier épisode, mais ce Kick-Ass 3, malgré un début un peu longuet, est tout à fait correct.