Amanda Waller, femme du gouvernement américain qui aime les initiatives musclées, vient de former une nouvelle équipe de terrain qu’elle pourra utiliser comme bon lui semble : le Suicide Squad. Oui, le nom est d’une clarté sans pareille. Des hommes et des femmes (on aime la parité) prêts à servir de chair à canon pour la patrie ! Mais à quoi bon utiliser de vrais agents de terrains honnêtes si on peut piocher directement chez les criminels névrosés et les rejetés de la société ? Hop, Amanda va taper directement dans la case « super-vilains ». Au préalable, il faudra quand même leur faire subir quelques tests de loyauté, faut pas déconner non plus. Loyauté forcée hein, à coup de micro-bombe insérée dans leur crane, entre autres. Sinon comment voulez-vous qu’ils suivent les ordres ?! Ensuite, ils sont affectés à leur première mission, qui a tout ce qu’il y a de plus réel: la liquidation pure et simple de gens enfermés dans un stade en proie à un virus étrange (oui bon, des zombies quoi…). On ne s’embarrasse pas des détails avec le Suicide Squad.
Ce titre n’est pas un concept nouveau dans l’univers DC. Il y a eu plusieurs incarnation de l’équipe. L’idée était la même : un groupe de super-vilains malléables (ou presque) et dirigé par la dure Amanda Waller. A ceci près que la chère Amanda a décidé de suivre un régime dans cette nouvelle timeline. Sans doute parce que ça le faisait pas d’avoir une « rombière » à la tête d’un groupe de psychopathes, ça donnait une mauvaise image des personnes en surpoids sans doute. Ou c’était moins vendeur, ne soyons pas naïf. Je ne vais pas m’étendre plus longtemps sur le sujet, ça a déjà fait assez couler d’encre comme ça ! Presque autant que le pantalon de Wonder Woman, c’est dire ! Oui, on aime suivre des sujets aussi passionnant que dans la presse people dans le monde des comics, c’est notre droit après tout…
Ce titre, écrit par Adam Glass, démarre par une présentation rapide de chaque membre de l’équipe, avec un plus gros focus sur certains personnages comme Deadshot (le leader, qui aime jouer avec les flingues à longue portée), Harley Quinn (la copine de monsieur J.), et El Diablo (qui heu… je ne connaissais pas celui là, tiens…). Les autres membres étant King Shark (un homme requin « connu » de l’univers DC), Black Spider (ancien ennemi repenti de Batman, qui n’a rien à voir avec Spiderman… quoique depuis le numéro #700 de Amazing Spiderman, on peut peut-être revenir sur cette affirmation) et Voltaic (je sais pas qui c’est non plus, mais on s’en fiche, il va mourir très vite, oui je spoile, mais je ne vous dis pas comment il meurt !).
Malgré toutes ces têtes, il est finalement assez facile de rentrer dans le titre. Comme quoi, quand on fait bien les choses et surtout qu’on prend le temps de le faire, peu importe le nombre de personnages à l’affiche, ça donne un résultat concluant. Aussitôt le premier numéro passé, l’équipe est envoyé sur le terrain pour leur première mission suicide : un terrain de football cloisonné dans lequel un virus s’est propagé. Transformant les gens en zombie. Grands dieux comme c’est original ! Mais ne boudons pas notre plaisir, le titre nous sert avant tout de l’action bien sanglante affichant une équipe sans pitié et se souciant peu de la vie des « dommages collatéraux ». C’est peut-être par moment légèrement exagéré. Mais la dynamique de l’équipe se met très vite en place, et ceci, malgré les morts et les remplaçants (c’est des missions suicides en même temps). On se demande parfois où se trouve la morale de l’histoire, mais je pense qu’il est surtout important d’admettre qu’il n’y en a pas.
Et pourtant, Glass arrive par moment à nous effleurer avec ses personnages. Comme ce Deadshot qui se voit accorder la visite d’une petite fille qui semble l’adorer, où cette Amanda Waller qui, dans un moment de désespoir, appelle quelqu’un de proche semble-t-il, comme pour lui dire aurevoir. Bien sur, on a déjà vu ça ailleurs, je le concède, mais c’est tellement inattendu et tellement en décalage avec le reste de la BD que ça en devient agréable. A l’issu de ce premier tome, il reste plein de mystère en suspend sur deux trois personnages. King Shark par exemple, est très peu développé. Mais il faut se poser la question : est-ce vraiment utile de développer le background d’un requin humanoïde qui ne pense qu’à bouffer des gens ? On sait justement qu’il a un appétit féroce qu’il a du mal à contrôler, pour l’instant ça suffit. Mais on sent que l’auteur veut nous emmener quelque part avec chacun d’entre eux (du moins, ceux qui ne meurent pas dans le processus…).
Le tout est appuyé parfois d’un humour bien glauque, mais qui reste subtile car il n’y aucun abus (c’est pas du Liefeld ou du Miller sous acides les mecs, soyez rassurés). Dans tout les cas, Adam Glass maîtrise totalement la caractérisation de ses personnages. Et il l’appuie fermement dans les numéros #6 et #7 qui sont centrés sur Harley Quinn. Une simple histoire en deux parties mais qui reste absolument jouissive. On revient notamment sur les origines de la belle qui ont légèrement changé (mais pas trop) et on y voit le Joker bien plus que dans toutes les séries Batman réunies (du moins à l’époque, aujourd’hui l’event Death of the Family change un peu la donne, à l’inverse…). Et un bon Joker. D’ailleurs, je trouve que Glass arrive à rendre un peu plus crédible le côté déjanté d’Harley, mais je vous laisse le plaisir de la découverte. Seul bémol, on finit le tome sur un cliffhanger qui fait bien mal (dans tout les sens du terme, surtout pour le personnage concerné), bien que ça clôture tout de même l’arc narratif centré sur Harley.
Pour les dessins, malgré la tonne de dessinateurs qui ont composé la série jusqu’ici, je dois dire que très étonnamment, ils sont assez constants et font de la qualité. On remarquera peut-être rapidement par endroit des visages bizarres, mais rien de bien violent. C’est assez agréable en tout les cas. Et l’action est bien rendu. Un plaisir. On peut aussi revenir sur le nouveau design d’Harley Quinn. J’étais septique à la base, j’avais peur qu’avec son nouveau look, ils en viennent à dénaturer un peu plus le personnage, mais il n’en est rien. Ouf ! Et finalement, je le trouve pas si mal ce nouveau look !
J’ai adoré cette série. Pleine de charme et de testostérone. Mais finalement pas si idiote et qui permet un développement riche de situations cocasses et de personnages qui le sont tout autant, mais avec du sang partout ! Adam Glass fait un super boulot d’introduction et nous plonge au coeur de l’équipe avec le plus grand des plaisirs. Un grand turn-over est prévu pour les personnages au fil des numéros, et cela commence dès ce premier tome. Espérons que cela ne gâche pas la sauce, pour l’instant ce n’est pas le cas, et que tout ce qui a été développé ici soit conservé le plus longtemps possible ! Bref, lisez cette série, c’est un ordre !