Kiki de Montparnasse par MarieDmarais
Kiki qui ? Non pas Kiki, le kiki de tous les kiki mais Kiki de Montparnasse, la reine des soirées branchées parisiennes des années 20. Nan parce qu'on vous a fait croire que Vadim fut le premier à dénuder une actrice sur grand écran dans son "Et Dieu créa la femme" jusqu'à ce que je ne visionnie "L'étoile des mers" de Man Ray qui y dénuda lui aussi sa compagne, la fameuse Kiki, filmée à travers un verre cathédrale et ce en 1928. La Bardot peut aller se rhabiller derrière son drap immaculé.
On devine plus qu'on ne voit mais n'empêche que c'est sans équivoque. Surtout qu'à la lecture de sa biographie sous forme de BD de Catel et Bocquet, on se rend compte rapidement que la Kiki n'était pas du genre farouche. Les planches où le lecteur ne la voit pas dans le plus simple appareil se comptent sur les 10 doigts de la main... ou presque. Pour un modèle rondeur, il faut dire qu'elle avait peu de chance d'exercer vêtue.
Kiki de Montparnasse donc, née Alice Prin surnommée ainsi par son premier croqueur et amant l'artiste peintre Maurice Mendjisky fut modèle, amante et muse des plus grands : Kisling, Modigliani, Foujita, Man Ray. Cotoyant autant les stars de l'entre deux guerres comme Cocteau ou Picasso que les filles de la rue, elle semble avoir vécu sa vie comme une enfant joue à la poupée où abus et tabous piétinés sont étroitement liés. Elle est libre Kiki. Elle est frivole, légère et vivante. Vivante de cette vie que nous ne connaîtrons sans doute jamais en ce 21ème siècle : amour, baise, alcool, jaja, coco, opium, insouciance, liberté, exhibitionnisme et j'en passe... Ouvrez la parenthèse - quoi le carré VIIIP ? C'est censuré le carré VIIIP, non ? - Fermez la parenthèse. Finissant souvent les soirées ronde comme une queue de pelle, la jartetière apparente et le cul à l'air à pousser la chansonnette plus que légère avant de tomber dans les bras de l'artiste du moment, elle semble tellement aimer la vie, s'amuser, rire et chanter. Bref ! Ne pas s'emmerder ! D'ailleurs, le quatrième de couverture annonce la couleur : Jamais Kiki ne fera la même chose trois jours d'affilée, jamais, jamais, jamais ! Et vous diriez même plus, jamais si ce n'est se retrouver à oualper... ! On l'aura compris la Kiki est le précurseur de l'émancipation de la femme où plaisir et désir sont ses lignes de vie.
Bien qu'étant unique en son genre, elle ne manque pas de nous rappeler une autre artiste peut-être un peu moins cash que l'on nommera plus tard la môme Piaf. Toutes deux ont été abandonnées par leur mère. Toutes deux ont aimé sans conditions. Toutes deux n'ont pas enfanté. Toutes deux ont consommé les deux bouts de leur vie. Toutes deux sont parties seules et sans un sou. Toutes deux étaient de véritables artistes. L'une mondialement connue. L'autre uniquement dans le 6ème arrondissement de Paris... mais plus pour longtemps avec l'excellent Kiki de Montparnasse !