Une mélodie visuelle qui te transporte au bout du monde

Kililana Song, tome 1, c’est un peu comme écouter un conte chuchoté par l’océan Indien : doux, envoûtant, mais avec une profondeur qui te prend par surprise. Benjamin Flao signe ici une œuvre qui te donne l’impression de sentir le vent salé sur ton visage et d’entendre le chant des vagues à chaque page tournée.

L’histoire se déroule à Lamu, un archipel au large du Kenya, et suit les tribulations de Naïm, un gamin aussi attachant que débrouillard, qui se fraie un chemin dans un monde en pleine mutation. Entre traditions ancestrales et modernité envahissante, Kililana Song te plonge dans une Afrique sublimée mais profondément humaine, où chaque personnage, du vieux sage au magnat sans scrupules, semble avoir son propre chant à offrir.

Visuellement, Benjamin Flao est un virtuose. Ses dessins sont un véritable festin pour les yeux, avec une maîtrise des détails et des couleurs qui te donnent l’impression de marcher dans les rues de Lamu. Les paysages, vibrants et vivants, rivalisent avec les expressions des personnages, tout aussi nuancées. Chaque planche est une invitation au voyage, et tu ne pourras pas t’empêcher de t’attarder sur chaque case, tant elles débordent de vie.

Le récit, quant à lui, alterne entre une légèreté presque enfantine et des thèmes plus sérieux, comme la préservation de la culture face à l’avidité humaine. Flao ne tombe jamais dans le cliché ou la moralisation lourde : il tisse son intrigue avec subtilité, comme une toile où chaque fil finit par se croiser pour raconter une histoire universelle.

Les personnages, de Naïm à ses nombreux acolytes, sont vibrants d’humanité. Tu t’attaches à leurs rêves, leurs colères, et leurs joies, comme si tu les connaissais depuis toujours. L’humour discret, souvent porté par les situations rocambolesques que vit Naïm, apporte une touche de fraîcheur qui équilibre parfaitement le sérieux sous-jacent.

Le seul reproche qu’on pourrait faire à ce premier tome, c’est qu’il prend son temps. Certains pourraient trouver le rythme un peu trop contemplatif, comme une chanson qui s’étire en douceur, mais c’est précisément ce qui en fait tout le charme. Ce n’est pas une course contre la montre, mais une invitation à s’arrêter, à regarder, à écouter.

En résumé : Kililana Song, tome 1 est une œuvre magistrale qui te transporte à travers ses dessins sublimes et son récit empreint de poésie. Une bande dessinée qui sent le soleil, le sable chaud, et l’humanité, avec juste ce qu’il faut de tension pour te donner envie de plonger immédiatement dans la suite. Prépare-toi à embarquer pour un voyage aussi visuel qu’émotionnel, et surtout, laisse-toi porter par la mélodie.