Une incursion fascinante dans l'univers de Batman...mais qui laisse sur sa faim !
"Pour moi, c'est la meilleure histoire de Batman !" me garantit mon libraire, au moment de passer à la caisse. On ne peut donc plus parler d'argument publicitaire mais bien de l'avis d'un passionné. Après lecture, je déclare tout à fait objectivement que si il s'agit vraiment de la meilleure histoire de Batman, alors ce héros ne mérite peut-être pas les honneurs qui lui sont dévolus (bien que ce soit la quatrième oeuvre d'Alan "Dieu" Moore que je lise, il s'agit effectivement de... mon premier comics Batman ! Je ne peux décemment pas me lancer dans un avis comparatif avec les autres oeuvres cultes du Chevalier Noir...).
Acquiesce-je donc sans vergogne à l'avis de l'auteur lui-même, qui clame haut et fort que Killing Joke n'est qu'une oeuvre mineure ? Non plus : le scénario proposé, s'il ne s'aventure jamais dans des situations d'une originalité bouleversante, représente tout de même, si j'ai bien compris, la première tentative d'introspection de la relation Batman/Joker. Une tentative extrêmement intéressante qui plus est, d'une intensité remarquable lors des dernières pages, avec des dialogues d'une maturité salvatrice : le Joker sort un bref moment de sa bouffonnerie emphatique pour tutoyer une mélancolie désespérée qui ne trouve refuge que dans la mutilation de l'esprit. La question finale semble être : qui des deux adversaires utilise la folie comme une force et qui se laisse manipuler par elle ?
Cet album est donc une esquisse sublime, mais juste une esquisse du fait de sa trop grande brièveté. Une pièce à acquérir surtout pour toutes les potentialités qu'elle semble ouvrir au Batman futur plutôt que pour elle-même. Cette version a toutefois le mérite d'être "définitive" grâce aux quelques petits bonus proposés mais surtout de par la superbe colorisation, signée Brian Bolland, qui transcende notamment chaque flash-back du Joker.