(Critique du 1er tome, avant parution en intégrale)
Ayant pour cadre la Grèce antique, Kleos propose de suivre le périple de Philoklès, adolescent candide qui a soif d’aventure, rêvant de fortune et de gloire. À l’image d’un Don Quichotte, le jeune héros adore les mythes de l’Illiade et de l’Odyssée, mais il se baigne d’illusion, cherchant à renverser son statut de simple citoyen. D’ailleurs, le scénario dévoile pertinemment les clivages sociaux et la différence de classes, appuyant le récit de réalisme. L’histoire met alors en avant la caractérisation de Philoklès à travers ses mésaventures car, s’il est naïf, il se montre aussi orgueilleux. Animé par son désir, il fait fi de sa méconnaissance du monde dont ce dernier lui offrira une leçon qui le ramènera à la dure réalité. Ce brusque retour au réel est incarné par les personnages rencontrés, loin de l’exemple du mythe : oracle affabulateur, capitaine hypocrite, femme noble profiteuse, villageois belliqueux… Cette différence entre légende et réalité est très bien amenée dans ce récit dont le graphisme grand public souligne bien le cadre méditerranéen de ce périple. Le seul regret à apporter est la duré trop courte de ce 1er tome, début d’un dyptique dont le traitement aurait mérité plutôt un one-shot, donnant le sentiment de rester sur sa faim. Mais ce problème a été résolu avec la publication d’un intégral pour cette BD efficace, privilégiant le réalisme au mythe.