Juste une introduction, mais une très bonne introduction

En sachant que L'Alystory n'est pas spécialement le plus mémorable des tomes de la saga, ma note pourrait paraître presque exagérée. Mais à vrai dire, ce qui me fait autant l'aimer, ce n'est pas pour la qualité en elle-même... mais surtout pour ce que tome apportera par la suite à la série. En le prenant à part, je ne trouve pas forcément ce neuvième opus extraordinaire. Mais en tant qu'introduction à l'aventure la plus incroyable à laquelle nos héros se verront confrontés, L'Alystory est à mes yeux très bon.


Tout va bien chez les Légendaires. Il fait beau, ils s'amusent, ils se chamaillent... Bref, leur vie de héros n'a pas l'air si difficile! Mais bien entendu, cela ne pouvait durer éternellement ainsi. Elysio, censé être mort depuis Le Réveil du Kréa-Kaos, revient vers eux... accompagné de Darkhell. Alors que tout cela promet déjà quelque chose d'étrange et inquiétant, voilà que le Sorcier Noir et son double s'en prennent à nos héros, qui sont sauvés in extremis par la fille des deux antagonistes, Ténébris. Nos héros finissent par apprendre de cette dernière que le maléfique Dieu Anathos va revenir se réincarner dans le corps d'une personne afin de semer le chaos sur Alysia. Et cette personne... est un des cinq Légendaires! C'est pour cela que Darkhell et Elysio cherchent à les tuer, le Gardien les ayant chargé d'empêcher à Anathos de se réincarner. Les Légendaires décident alors de se rendre dans la salle aux trésor du palais d'Oroban, où le trouve l'Alystory, un livre sacré retraçant le passé, le présent et le futur d'Alysia jusqu'à la fin du monde. Ceci dans le but de savoir ce que mijote Anathos...


C'est de cette manière que s'entame ce qui restera (à moins que World Without fasse mieux) la meilleure histoire de Les Légendaires, à savoir: Le Cycle d'Anathos.


Le dixième, le onzième et le douzième tome, qui font également parti de ce cycle forment tous un tel déluge d'émotion que le tome les précédant peut paraître quelconque en comparaison. Mais je le trouve personnellement très intéressant.


Ce neuvième volet possède une très bonne ambiance, parvenant à faire une bonne transition entre les précédents tomes plus légers, et les prochains plus durs. C'est nettement plus sombre qu'avant, l'atmosphère semblant constamment très tendue, voire même inquiétante. Mais histoire de ne pas s'emballer trop vite dans cette orientation plus mature, nous assistons à encore peu de violence, malgré la présence de plusieurs affrontements. Et nous avons toujours droit à quelques bonnes touches d'humour et à de sympathiques références.


Ce que je trouve bien fait, et qui permet de faire monter la pression avec nos héros, c'est que jamais ils ne m'ont paru aussi seuls, et aussi peu aidés. Tout le monde est contre eux. Darkhell et Elysio les recherchent partout, dans le but de les tuer, bien qu'Elysio soit censé être leur ami. La petite Toopie, qui leur met également des bâtons dans les roues, en allant cafter la présence de la fille du Sorcier Noir avec eux et en se mettant à détester Razzia, alors qu'elle l'aimait beaucoup avant. Sans oublier Ikaël et les autres Faucons d'Argent, qui avec l'aide des Fabuleux, empêcheront nos héros de mettre la main sur l'Alystory. Au point qu'Ikaël ne verra plus son frère et ses amis que comme des traîtres, et à les déclarer ainsi au peuple. La présence de Ténébris aux côtés des Légendaires est plutôt bénéfique, mais on ne peut pas encore être pleinement assurés qu'elle ne prépare pas un mauvais coup, en sachant tout ce qu'elle a été capable de faire auparavant. D'autant plus qu'elle reconnait elle-même que tout ce qui l'intéresse est la vie de Razzia, les amis de son amant ne l'important guère. Nos héros sont donc complètement seuls et cela nous amène à avoir particulièrement peur pour eux.


Je regretterai peut-être une incohérence:


Pourquoi les Légendaires se sont-ils compliqués la vie à aller voler l'Alystory, au lieu d'aller voir le roi Larbosa et lui expliquer la situation? Oui, c'est un livre sacré, mais bon la perspective d'une fin du monde prochaine devrait être une raison suffisante pour convaincre le monarque de laisser nos protagonistes emprunter le bouquin. Sur le Livre d'Or, j'avais vu quelqu'un relever cette incohérence au Pamplemousse, qui avait répondu qu'il fallait faire vite. Mais je ne sais pas si le risque de se perdre dans les nombreux couloirs du sous-sol est vraiment le meilleur moyen d'accélérer la mission.


Mais l'histoire reste malgré tout bien écrite, et fait preuve de beaucoup d'intelligence sur un détail:


L'histoire parvient à perdre le lecteur, qui pense constamment savoir ce qu'il va se passer... et se rend compte ensuite qu'il avait tort. Durant tout le tome, l'histoire nous mène en bateau en nous laissant penser que le Légendaire destiné à devenir Anathos est Razzia, puisque c'est sur lui que le tome retient davantage son attention, et que l'on découvre son sombre passé. Mais tout à la fin, on découvre que la marque que Shimy porte sur son front est en vérité celle du Dieu maléfique, qui l'a marquée dans le but d'en faire son nouveau corps. Le lecteur se met alors à penser que c'est Shimy qui va devenir ce terrible ennemi dont Crépuscule parlait à la fin de Griffes et Plumes.


Les couleurs de cet épisode apportent une atmosphère particulièrement sombre. Sans être non plus complètement lugubres, elles flashent beaucoup moins que dans les précédents tomes. Plusieurs scènes se passent de nuit et les différents décors dans lesquels se retrouvent nos compagnons sont souvent des endroits faiblement éclairés, que ce soit la forêt, les couloirs du sous-sol du château de Larbosa ou la salle des trésors d'Oroban. Tout cela accentue l'ambiance un peu plus oppressante du tome.


Danaël, qui paraissait souvent joyeux dans les premiers tomes, ne fait que se montrer de plus en plus sérieux et peu sûr de lui à chaque nouvel épisode. Il sourit peu et même s'il ne fait pas beaucoup partager ses sentiments, on devine qu'il est très inquiet et a conscience de mener une mission très dangereuse. Il est encore très intéressant par sa détermination, cherchant absolument à mener à bien cette opération même s'il doit être vu comme un traître par son propre frère.


Jadina est toujours une présence fort agréable pour le groupe. Jusque là, lorsqu'il s'agissait de détendre l'atmosphère et d'y rajouter un soupçon d'optimisme, elle partageait cette fonction avec Razzia. Mais ce dernier étant devenu moins joyeux et plus terre-à-terre, c'est principalement d'elle dont on attend de sourire et de reprendre espoir. La magicienne parvient toujours à faire rire, et même si ses remarques d'enfant gâtée et de femme superficielle se font entendre, elles ne sont pas lourdes.


Gryf a bien évolué depuis le début de la série. Au début, il paraissait constamment rigolard, mais même s'il a conservé son adorable impulsivité et son manque de spiritualité, il est devenu à l'instar de son meilleur ami, plus sérieux et se montre souvent de mauvais poil. Le voir perdre autant son omniprésente bonne humeur devant des missions mettant en jeu la survie de tout Alysia ne fait que monter la pression devant tant de danger.


Cette fois-ci, c'est sur Razzia que l'histoire porte son attention, et cela le réussit. Le colosse de Rymar est plus intéressant qu'il ne l'a jamais été. On lui découvre un passé étonnamment sombre que l'on n'aurait jamais soupçonné chez lui. A l'occasion, il perd totalement son rôle de benêt au grand coeur, c'est un tout nouveau Razzia que l'on découvre: plus sombre, plus intelligent, plus terre-à-terre et conscient de la dure réalité, souffrant d'un passé dont il n'est pas fier.


Sa romance avec Ténébris est également bien plaisante. Il ne cesse durant tout le tome de la repousser et de se montrer désagréable avec elle, en sachant qu'ils ne sont désormais plus ensembles et qu'elle a commis des actes épouvantables. Mais tandis que les autres Légendaires la traitent avec peu d'égard, on constate que Razzia la respecte vraiment.


Shimy a toujours été réputée pour être quelqu'un de froid et distant, mais ici, elle se montre encore moins chaleureuse qu'à son habitude. Jusque là, sa trop grande méfiance n'avait jamais été véritablement démontrée comme un défaut. Mais à présent, on se rend compte que cela peut lui causer du tort. De nos cinq héros, elle est celle qui doute le plus de Ténébris.


Sa méfiance l'aveugle tellement qu'elle est incapable de voir le bon qui se cache dans la fille de Darkhell, au point de manquer commettre l'irréparable.


Ce qui la rend également intéressante est sa relation avec Gryf. Même si rien dans l'opus ne laisse présager que leur relation peut cacher un sentiment aussi fort que l'amour, on ressent bien leur attachement. Le Jaguarian est le seul dont l'Elfe fait suffisamment confiance pour dévoiler son plan. De plus, on remarque que leurs pensées sont souvent semblables, ils sont très connectés.


Ténébris est vraiment digne d'intérêt dans L'Alystory. Elle est forte, intelligente, ne se laisse jamais abattre malgré la façon dont elle est traitée, et fait sourire avec ses remarques sarcastiques. Tout comme son ancien amant, elle regrette son passé de meurtrière, mais les ténèbres semblent la regagner plus aisément.


Son amour pour Razzia est touchant. Il a beau la rejeter, elle lui reste fidèle et attentionnée, même si cela doit la pousser à trahir ses pères.


Elysio et Darkhell font leur grand retour dans ce tome. Sans trop savoir pourquoi, je ne parvenais pas vraiment à trouver Elysio très attachant ou intéressant jusque là. Mais ici, il se rattrape complètement. On sent à quel point il souffre de la mission qui lui a été confiée, mais il cherche absolument à l'accomplir, par altruisme envers le peuple d'Alysia. Il est également à compter parmi les personnages qui paraissaient très joyeux au commencement, et ont fini par devenir sombres. Sa relation avec Ténébris est survolée, mais il est intéressant qu'il se voit comme son père. J'aurais aimé savoir ce qu'il en est de ses sentiments pour elle. En ce qui concerne le Sorcier Noir, il manquait cruellement de profondeur dans les premiers tomes, c'était juste un vilain voulant conquérir le monde, menaçant de le détruire si tout ne se passait pas selon ses plans. Ici, même si détruire les Légendaires ne le gêne aucunement, et qu'il se fiche du sort d'Alysia, il gagne en consistance par le lien qui le lie à sa fille. Il l'aime sincèrement, et puisqu'elle a rejoint ses adversaires, il mène son opération avec l'idée qu'il devra certainement sacrifier son enfant.


On retrouve également les Fabuleux. Et ils n'ont pas changé, ce sont toujours des lèche-bottes, qui pensent comme pense le chevalier Ikaël. Ils sont toujours aussi prétentieux et ont toujours aussi peu de considération pour les Légendaires, bien qu'ils aient combattu à leurs côtés quatre ans plus tôt dans le Monde Elfique.


Aussi triste que cela puisse paraître, Toopie, qui adorait son Razzianounet, finira par le détester en apprenant qu'il n'est autre que Korbo l'Ombre Rouge, l'assassin de ses parents. C'est regrettable pour notre grassouillet qui s'était fait d'elle une très bonne amie, et les Légendaires perdent l'espoir de voir en elle une alliée, dans leur vol du livre sacré.


On note également la présence d'Ikaël, chef des Faucons d'Argent et frère aîné de Danaël. C'est toujours un personnage bien peu sympathique, faisant preuve de bien plus de fidélité à son roi qu'à un membre de sa famille.


L'Alystory est pour moi un très bon tome! Il nous introduit très bien dans cette cinquième aventure. Une très bonne introduction pour une histoire absolument magnifique.

ErizuTeriyaki
8
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le 1 juil. 2016

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ErizuTeriyaki

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