Des images dans la tête
J'aime bien le système de Comès. Il travaille par chapitre. Chaque chapitre est un pas supplémentaire vers la fin. Ca permet au récit de progresser lentement mais sûrement. Cela marque aussi els...
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le 8 nov. 2012
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Ambre était une reporter de guerre, avant qu’un accident ne l’oblige à revenir dans la maison de son enfance, dans les Ardennes. Dans le bourbier de la guerre, elle n’y a pas perdu qu’un œil, elle est maintenant accompagnée de figures qu’elle seule peut voir, un gangster court sur pattes mais violent, un vieux chevalier à la sagesse certaine et une petite fille apeurée. Revenue chez elle, elle veut revoir L’arbre-cœur, un arbre chargé de légendes et d’un lourd symbolisme pour elle.
L’arrivée de Patrick, une ancienne relation, va tout perturber. Le mafieux agit à sa place, faisant fuir l’éconduit qui ne veut pas en rester là. Avec ses amis, il cherche à obtenir sa revanche sur cette femme qui l’a humilié. S’il le faut il la rabaissera en s’en prenant à elle ou à l’arbre-cœur.
Comme souvent avec les personnages de Comès, Ambre est une figure à part, marginale. Elle n’obéit pas aux injonctions des mâles qui ne la respectent pas tandis qu’elle cultive un lien très fort avec son imaginaire. Malheureusement celui-ci est à ce point devenu fort qu’elle a perdu le sens des réalités, faisant de ces créatures des êtres réels. Le traumatisme vécu lui fait ressortir ses figures, qui cherchent à la protéger, des menaces extérieures ou d’elle-même.
Ambre est ambiguë, son portrait est contrasté. Mais il faut hélas reconnaître à cet album une certaine simplicité. S’il n’est jamais aussi intriguant que quand il convoque l’imaginaire d’Ambre, il se révèle un peu trop plat dans sa confrontation avec Patrick, un personnage bien trop simpliste, et dont on ne comprend pas comment ou pourquoi ses amis veulent le suivre dans sa démarche jusqu’au bout.
Ce n’est pas si grave, tant on est emporté d’un bout à l’autre de la BD et ce grâce au trait de Comès. Si l’auteur n’a pas eu la reconnaissance du grand public de son vivant, sa renommée est très forte chez les amateurs. Car Comès est un maître du noir et du blanc. Il semble creuser dans des planches noires pour en découvrir le blanc. Les aplats de noirceurs dessinent des contours, que le trait anguleux de l’auteur affine. C’est une beauté renversante, dont la noirceur épouse à merveille le propos sombre de cette histoire.
Il faut toutefois reconnaître à Comès une incroyable et belle technique pour découper des paysages et des décors, mais un peu moins pour les visages, peu expressifs. Les confrontations en perdent de leur intensité. Mais dès que l’artiste s’échine à travailler sur des ambiances, entre la noirceur du monde réel et le fragile imaginaire d’Ambre, c’est un ticket pour un voyage, des cases dont la beauté expressionniste nous entraîne.
Parfois trop léger, mais le plus souvent déroutant, L’Arbre-monde est un univers visuel, une aventure à taille humaine, celle d’Ambre, mais qui dépasse le cadre d’une réalité, bien fragile. Ambre est un personnage fascinant, que Comès enveloppe d’un trait expert, dont la technicité dans le noir et le blanc est fascinante.
Créée
le 23 nov. 2021
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5 commentaires
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