"De nos jours, c'est à la mode de faire partie d'une communauté persécutée"

Le second tome du run de Morrison sur New X-Men, légèrement en dessous du premier mais qui reste de très bonne facture malgré tout. Tout d'abord, le premier arc du volume (numéros #122-126) est consacré au retour de Cassandra Nova ayant pris, durant un laps de temps assez court, le contrôle de l'Empire Shi'ar. Pour moi cet arc est l'un des plus faibles de Morrison. Et c'est bien l'utilisation des Shi'ars qui constituent pour moi le gros point noir du tome, car on s'éloigne des thématiques plus terre à terre auxquels Morrison nous a habitué. La super-garde Shi'ar est une nouvelle foire aux monstres qui, à l'exception de Gladiator, ne présente pas une réelle menace pour les X-Men et qui sont rapidement humiliés par ces derniers, même par leurs étudiants. Comble de l'ironie pour les troupes d'élites d'un Empire intergalactique qui est présenté comme l'un des plus puissants de l'univers.

Il y a également des incohérences notables (ex : n°122, une double page montre l'explosion du vaisseau de Lilandra, on voit des gens flottés dans l'espace, habillés comme des humains et non comme des Shi'ars) mais également des défauts d'écriture assez frappants. A titre d'exemple : si les X-Men coulent sous les problèmes (aux soucis personnels de chaque protagoniste s'ajoutent la supposée épidémie de grippe, la journée porte ouverte pour les humains à l'Institut, la gestion de l'école et des étudiants, le potentiel retour du Phénix, les U-Men, l'esprit de Xavier à l'agonie contenu dans le corps piégée de Cassandra Nova etc...) ils ne prennent pas le temps d'organiser leurs défenses contre l'invasion imminente, ce qui devrait passer en liste de leurs priorités. Ils pourraient tous aussi bien annuler la journée porte ouverte et mettre leurs étudiants en sécurité. Ils pourraient également de l'aide aux Vengeurs ou autre équipe de super-héros.

Quant à Jean qui prétend que le meurtre de Cassandra Nova serait à l'encontre de leurs principes, allons bon ma petite dame faisons fi de ces pudeurs de gazelles, les lardoires de Wolverine déchiquettent à tout vas depuis des décennies et il est un membre plus qu'actif des X-Men.
De plus, les épisode #124-125 sont ... et merde, sont dessinés par Igor Kordey, seigneur pourquoi... mais que c'est moche et j'exagère pas. Le final de l'arc n'est pas pour autant raté. Quitely revient pour le dernier épisode, avec la colorisation de Brian Haberlin, qui donne à l'épisode un aspect cinématographique appréciable.

Le numéro #127 fait office d'interlude, une histoire courte assez bienvenue qui se concentre sur le personnage de Xorn cherchant encore ses marques dans ce monde nouveau, après avoir passé des décennies dans une prison chinoise secrète.

L'épisode #128 marque le coup d'envoi de l'arc Arme XIII et se termine au #130. Morrison nous embarque aux côtés de C.Xavier et de J. Grey dans une tournée mondiale qui voit l'éclosion des nombreuses QG de l'X-Corporation. Fondée sur l'impulsion de Xavier, l'X-Corporation propose des locaux à travers le monde qui servent de refuge aux mutants persécutés.
Xavier fait une première halte à Paris, où l'on retrouve les membres de l’équipe de l'X-Corporation Europe (des seconds couteaux populaires de l'univers des mutants, comme L'Homme Multiple, Rocket ou encore Monet) qui partent en mission de sauvetage suite à un accident survenu dans l’euro-tunnel.
Dans un premier temps, Morrison s'attarde sur la montée en puissance de Jean Grey, dont la personnalité est de plus en plus parasitée par l'entité du Pheonix. Ensuite, il introduit un personnage que j'affectionne particulièrement, celui de Fantomex, ersatz d'Arsène Lupin moderne qui se révélera être en réalité l'Arme XIII, issu du programme Weapon Plus au même titre que Wolverine. Un personnage charismatique, avaricieux, figure typique de l'anti-héros n'hésitant pas à recourir à la force létale. On notera que Jean Grey n'est visiblement pas insensible aux charmes du gentleman cambrioleur.
L'antagoniste est ici l'Arme XII, un organisme qu'un complexe secret a fait évolué artificiellement dans le but d'affronter des mutants. Il a la capacité de propager un virus transformant les organismes vivants en zombie contrôlés par ce dernier par simple contact tactile. L'évolution artificielle présente ici la solution à la séquence d'extinction dans le génotype humain.

Pendant ce temps, Cyclope cède à la tentation et tombe petit à petit dans les filets de la Reine Blanche. Si l'on fait abstraction des dessins d'Igor Kordey, l'arc Arme XIII est plutôt bon dans l'ensemble. On en apprend même plus sur les origines de Wolverine (jusqu'alors gardées dans le flou par Marvel) et il constitue un prélude intéressant aux futurs affrontements des X-Men avec les créations de l'Arme Plus.

Morrison accorde un peu de répit aux X-Men à l'épisode #131. Enfin on apprend le rôle de certains X-Men à l'Institut, Archangel donne des cours de vols, Beast des cours de médecine. L'auteur en profite pour développer les relations amoureuses naissantes entre Beak et Angel ainsi que la relation mentale extra conjugale de Cyclope avec Emma Frost. Ainsi Cyclope trompe Jean en pensées, mais peut-on dans ce cas réellement parler d'adultère ? C'est une thématique assez intéressante.

Le numéro #132 et #133 sont dessinés par le talentueux Ethan Van Sciver. Le premier numéro met en scène entre autre C.Xavier, Jean Grey, Tornade, Vif-Argent qui enquêtent sur des histoires de fantômes dans les ruines de Génosha. Morrison réintroduit à cette occasion le personnage de Polaris, la fille de Magnéto qui partage les mêmes pouvoirs que son père, et démontre que même dans la mort, Magnéto reste une icône incontournable des aspirations révolutionnaires mutantes.
Le second numéro fait rencontrer brièvement Wolverine et Fantomex, ce dernier révèle le vrai prénom de l'Arme X : James. C'est aussi la première apparition de Dust, une afghane ayant les pouvoirs de se transformer en sable. Plus important, les exactions de Cassandra Nova conduit à la dissolution du mariage entre Lilandra et Xavier.
Ainsi se termine l'ouvrage, qui laisse planer l'ombre du Phénix sur la planète terre.